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A.A. Williams

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 1er novembre 2022

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Après un très bon Forever Blue sorti il y a deux ans, A.A. Williams a récemment publié un excellent nouvel album, As The Moon Rests. Un disque prouvant qu’elle est l'une des artistes les plus intéressantes de la nouvelle génération. Entretien.

Tu as dit avoir été plus à l'aise pour faire ce nouvel album que le premier. De quelle manière ?

J'ai gagné en expérience. Je n'avais jamais sorti d'album avant le premier. Je n'étais pas sûre que les gens appréciaient ou non ce que je faisais. J'ai plus confiance en moi désormais.

Cela a été un disque plus facile à faire ?

D'une certaine manière, oui, car j'avais plus de temps en studio. Je pouvais donc explorer les choses plus en profondeur. Cet enregistrement a été un super moment. On l'a fait sans pression, ce n'était pas stressant. En plus j'ai eu plus de temps comme je viens de le dire, en studio mais aussi pour l'écriture.

Tu parles de deuxième album. Tu ne considères pas Songs From Isolation comme un disque à part entière ?

Ce n'est pas un vrai album. Ce n'est pas du matériel original. C'est un album, certes, mais c'est différent.

Tu avais enregistré ce disque du fait des restrictions liées au COVID-19, de l'impossibilité de faire des choses à ce moment-là ?

Tout à fait. En mars 2020, tout a été bloqué d'un coup. Les musiciens n'avaient plus rien à faire. J'ai voulu continuer malgré tout et j'ai trouvé fun de reprendre certains morceaux. Des titres qui avaient été suggérés par mes fans. J'ai commencé par Creep de Radiohead puis j'ai eu de plus en plus de suggestions. J'aime tous ces morceaux.

Cette idée était venue de toi à la base ?

Tout à fait. Mais j'avais pensé à mes propres morceaux, pas à des reprises. Ce sont mes fans qui ont pensé à des reprises.

Est-ce que tu voulais que As The Moon Rests, ton nouvel album donc, soit différent du premier, Forever Blue ?

Pas délibérément. J'écris toujours de la même façon. Je ne pense pas à écrire dans un sens ou un autre. Surtout, je ne pense jamais à ce que les gens aimeraient entendre, sinon je me perdrai. Je voulais ouvrir un nouveau chapitre dans ma carrière avec ce disque. Je suis encore une jeune artiste.

Malgré le COVID-19, tu es très productive avec ces trois albums en deux ans...

Je travaille beaucoup et j'aime ça. J'aime enregistrer, j'aime tourner. Je mets beaucoup d'énergie dans ce que je fais.

As The Moon Rests est très long. Tu l'as pensé comme un double album ?

Pas consciemment. Ce n'était pas délibéré en tout cas. Du fait de tous ces morceaux et de leurs longueurs, c'est devenu effectivement un double vinyle.

Il y a des titres très longs dans le disque. Certains morceaux dépassent les sept minutes...

Je n'écris pas des pop songs de trois minutes. J'ai des morceaux qui ont besoin de temps pour se développer. Ils ne sont pas longs par hasard.

Cet album est un questionnement sur toi-même ?

Absolument. J'écris sur des choses qui m'arrivent mais qui peuvent avoir une portée universelle. J'espère que les auditeurs s'y retrouveront. Les gens vivent des expériences de vie différentes mais partagent de nombreuses choses. Cet album est une expérience cathartique joyeuse.

Ta musique va du gothique au metal. Ton public est très large. Tu penses que cela vient de ton éclectisme musical ?

Je ne sais pas. Je ne pense jamais « tiens, je vais écrire un morceau goth » ou « tiens je vais écrire un morceau metal ». Quand mes fans m'avaient suggéré des morceaux à reprendre, cela allait de la country au doom en passant par le post-metal et le post-rock. J'ai trouvé cela cool car je n'ai pas de barrières. J'ai joué au Hellfest cette année. Je ne suis pas une pure artiste metal et pourtant j'ai joué devant plein de monde.

Tu avais été surprise d'être programmée au Hellfest ?

Pas tant que cela. Il y a plein d'artistes non metal qui y jouent. Dans mon hôtel logeaient Killing Joke, Ministry, Envy... Aucun groupe qui n'est metal ! Il y a beaucoup moins qu'autrefois de purs metalheads qui n'écoutent que du metal.

Sur ton nouvel album les guitares sont très présentes...

C'est vrai. On a eu du temps en studio donc on a eu la possibilité d'essayer les guitares sur différents amplis. C'était très intéressant.

Tu aimes créer différentes atmosphères durant tes concerts. Tu joues beaucoup sur les climats...

Absolument. Comme une vague. Je veux jouer avec les dynamiques. Ce n'est pas on/off. On aime mettre le volume à fond lorsqu'il y a besoin ou être calme lorsque c'est nécessaire.

Tu as ouvert pour des groupes aussi différents que The Sisters Of Mercy ou MONO. Des groupes aux univers musicaux très éloignés...

Sans doute que ces groupes ont vu que mon public était très divers et donc que je pouvais ouvrir pour des combos aux styles musicaux fort différents. Le public qui va voir The Sisters Of Mercy n'est pas le même que celui qui va voir MONO, j'adapte donc mes sets.

Le public t'avait fait un super accueil lorsque tu avais joué en première partie de MONO à Paris...

Absolument. Cela a été un super beau moment.

Tu as collaboré avec eux qui jouent pourtant dans un registre musical éloigné du tien...

Nous avons en commun d'avoir le même agent pour nos tournées. Nous sommes certes différents musicalement mais aimons les mélodies. Je leur ai demandé « êtes-vous sûr, vous, ce super groupe de post-rock ultra respecté, de vouloir collaborer avec une jeune artiste ? ». Cela s'est super bien passé et a été au final, une très belle expérience.

Tu joues souvent en France. Tu vas tourner en tant que tête d'affiche chez nous en novembre. Tu sembles aimer notre pays ?

J'adore jouer en France. J'ai envie d'apprendre un peu le français. Je vais jouer dans des villes où je n'ai encore jamais joué. C'est cool.