Frank Carter & The Rattlesnakes

Tels de véritables métronomes, Frank Carter & The Rattlesnakes nous reviennent tous les deux ans avec un nouvel élément à ajouter à leur discographie. Considérés par beaucoup comme une formation live avant toute chose, une qualité déjà attribuée à leur leader Frank Carter au sein de Gallows puis Pure Love, ces derniers semblent désormais prêts à passer un cap supplémentaire avec Sticky, quatrième album les voyant multiplier les collaborations mais surtout faire preuve d'une qualité d'écriture insoupçonnée.

Que les fans de la première heure se rassurent, les anglais ont beau avoir ouvert la portes ici à des collaborations plus ou moins inattendues, de Joe Talbot (IDLES) à Bobby Gillespie (Primal Scream) en passant par les nouveaux venus Lynks ou Cassyette, Frank Carter & The Rattlesnakes restent essentiellement dans la veine punk les ayant toujours caractérisés, quand bien même quelques touches sonores plus expérimentales viennent enrichir leur son. Avec dix titres ne dépassant que rarement la barre des trois minutes pour un disque n'atteignant pas la demi-heure, les anglais ont constitué ici une belle collection de brûlots punk sur lesquels la voix de Frank Carter insuffle son énergie caractéristique et dicte un rythme ne faiblissant jamais. Les riffs de guitares sont inspirés et incisifs, les lignes de basse omniprésentes, et les refrains s'impriment en tête pour ne plus en sortir.

En allant droit au but, Frank Carter & The Rattlesnakes ne laissent ici aucune place au remplissage, alors que les apports vocaux de leurs invités ou les touches de saxophone dispersées avec parcimonie, notamment sur l'entêtant et explosif Bang Bang au refrain asséné sous forme de coups de butoir, ou le final classieux que constitue Original Sin, apportent une fraîcheur évidente. Si les digressions du rappeur Lynks pourront en irriter sans doute certains, Joe Talbot ou Cassyette évoluent ici à l'évidence dans leur élément, alors que le phrasé de Bobby Gillespie fait des merveilles durant un ultime titre débordant de classe. Loin de dénaturer leur son, Frank Carter & The Rattlesnakes semblent au contraire s'être nourris de leurs collaborations pour faire passer un cap à des compositions intrinsèquement réussies et inspirées. En témoignent notamment les titres dépourvus d'invités mais non moins marquants, à l'image de Cobra Queen ou du très brut Sticky ayant donné son titre au disque.

Avec Sticky, Frank Carter & The Rattlesnakes signent tout simplement leur meilleur album à ce jour.