Yard Act

Yard Act font plus que sortir leur premier album. Ils produisent quelque chose entre la comédie humaine et le cirque punk, avec ses règles, ses personnages (parmi lesquels une Rover dorée de 1994), son manifeste politique et même une entreprise bidon.

Commencé comme une blague qui aurait duré plus longtemps que prévu, le duo devenu quatuor a travaillé sans relâche pendant le confinement, profitant de l’absence de distractions pour écrire des chansons, affiner son jeu et se préparer pour la scène. Après une excellente série de singles regroupée sur l'EP Dark Days plusieurs fois réédité et de brillantes prestations scéniques depuis l’automne, le groupe dévoile enfin The Overload.


Alors que le groupe revendique son art de surprendre, il était difficile d’avoir une attente précise sur cet album. La principale constante est la qualité des compositions qui vont droit au but sans prendre de raccourcis. Même la chanson la plus courte (Witness) développe en quatre-vingt secondes une histoire plantée dans un décor sonore propre et supportée par quelques riffs bien trouvés. Alors imaginez l'épopée et les rebondissements qui peuvent se dérouler pendant les six minutes Tall Poppies...

Ces onze nouvelles chansons confirment toutes le talent du groupe. Constitué de musiciens aguerris qui ont déjà sorti des albums (excellents) via leurs précédentes formations (Post War Glamour Girls, Menace Beach, Hookworms), Yard Act se permettent de pondre un classique du premier coup. Island Records ne s’y sont pas trompés et le temps de l’auto-production n’aura pas duré longtemps pour ces génies du Yorkshire.

La formule Yard Act repose sur la personnalité de James Smith, leur chanteur ultra bavard. James veut trouver des nouvelles manières de parler de choses déjà couvertes des millions de fois, il aime observer ce qui l’entoure, il ne peut s'empêcher de dire ce qui lui passe par la tête et il adore rigoler. Alors, même si le monde actuel n’est pas rose, il ne se refuse aucune dose d’humour et le fait avec beaucoup plus de bienveillance que de cynisme.



C’est ce qui les différencie le plus de la scène (post) punk dont il partage la sobriété des productions et les guitares saturées. Parmi les influences du groupe, il y a aussi le hip-hop que l’on reconnaît sur Land Of The Blind, construit autour de plusieurs boucles et gimmicks. Sauf qu’ici, pas de samples ou de platines, tout est joué par le groupe. Si on y ajoute l’influence du ska, on est pas très loin de ce que The Clash auraient pu proposer s’ils avaient pris le train pour Leeds plutôt que l’avion pour New York et la Jamaïque quand ils ont enregistré Sandinista.

The Overload est un grand album qui, loin d’être angélique, rend optimiste sur le présent et l’avenir. On en a tous besoin.