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Yard Act

Interview publiée par Laetitia Mavrel le 4 janvier 2022

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C'est à l'occasion des soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival 2021 que nous rencontrons Yard Act, grosse sensation en provenance de Leeds menée par James Smith et Ryan Needham. Loin d'être des petits nouveaux, ces derniers ont quitté leurs formations précédentes pour monter le groupe idéal, répondant à leurs inspirations.

Nous échangeons ainsi avec l'intégralité du groupe (composé de James au chant, Ryan à la basse, Sam à la guitare et Jay à la batterie) qui se rend disponible pour se présenter en vue de la sortie de leur premier album The Overload et évoquer entre autres leurs origines et leur appartenance à la scène actuelle du nord de l'Angleterre.

Heureuse de vous retrouver pour le festival et d'avoir enfin l'occasion de vous rencontrer suite à votre très bon premier EP Dark Days sorti en janvier dernier ! Dites-nous dans quelles circonstances vous avez sorti ce disque produit en pleine période de confinement ?

Sam : En fait nous n'avons pas cessé d'enregistrer durant la pandémie, particulièrement à distance, et nous n'arrêtions pas de booker à nouveau des concerts de mois en mois du fait des annulations successives. Nous ne nous sommes jamais arrêtés de travailler pour Yard Act.
Ryan : La pandémie nous a permis de solidifier les bases du groupe, de le façonner durant une année car nous ne nous étions pas réellement produits ensemble avant.
James : Quand nous avons enfin pu jouer lorsque les festivals ont repris, nous avons dû nous ajuster, c'était encore tout nouveau pour nous et j'ai été étonné de constater à quel point nous nous sommes améliorés tous ensemble arrivés à la fin de l'été.

Votre premier single est sorti en mars 2020, il n'y a pas eu pire comme période pour les musiciens. Comment avez vous ressenti cet arrêt brutal et si prématuré vous concernant ?

James : Déjà, c'était notre tout premier single, donc nous n'en attendions pas énormément. Et puis, lorsque le confinement a débuté, nous pensions tous que ça allait durer quatre semaines, pas plus ! Nous avons fabriqué le second single Fixer Upper en nous adaptant à la situation, à l'éloignement, nous avons vraiment fait preuve d'adaptabilité. Pour nous il n'y a pas eu que du mauvais durant cette période.

Les concerts au Royaume-Uni ont repris plus tôt qu'en France cette année, vous avez pu jouer de nombreuses fois avant de venir vous produire en Europe ?

James : Nous avons commencé à cette période où les concerts reprenaient en mode distanciation, dans des salles aménagées chez nous à Leeds. C'était quand même bien diffèrent comme sensation. Nous avons surtout joué par la suite en festivals, où nous nous sommes retrouvés sur des scènes bien plus grandes que ce à quoi nous nous attendions, du coup nous nous sommes très vite rodés !

Nous connaissons à Sound Of Violence les groupes qu'ont formé James et Ryan précédemment (ndlr : notamment Post War Glamour Girls et Menace Beach), est-ce que Sam et Jay ont aussi eu d'autres expériences avant Yard Act ?

Sam : Oui, ça n'est pas mon premier groupe, pas du tout même (rires !) Mais ce sont mes premières expériences qui m'ont réellement bien formé à ce que je fais aujourd'hui.
James : Nous avons tous joué dans d'autres groupes issus de la scène de Leeds...
Ryan : C'est marrant, je ne sentais pas appartenir à une scène particulière pour ma part...
James : Non, mais nous nous sommes tous connus et croisés au même endroit et avons ressenti rapidement une alchimie entre nous, ça a collé très rapidement, nous avions les mêmes goûts.
Sam : Et toi Jay, tu as joué dans d'autres groupes ?
Jay : Oui j'ai joué avec d'autres groupes mais à une échelle plus modeste, je travaillais surtout en backstage en m'occupant du mixage. Yard Act est mon premier groupe depuis cinq ans.

Ça n'est pas banal de rencontrer un nouveau groupe qui en fait n'en est pas vraiment un ! Alors est-ce que vous considérez tous enfin avoir trouvé la bonne formule ?

James : Ce n'est jamais sûr car nous évoluons tout le temps, nous apprenons à anticiper les changements, à nous comprendre, ça consiste simplement à grandir.
Sam : J'ai du mal à percevoir ça parce que j'ai toujours évolué dans le même bain musical, mais oui c'est vrai, il y a une véritable émulation dans le nord...
Jay : Moi qui viens du centre de l'Angleterre, je sens en effet que cette scène a une réelle authenticité, elle est très honnête dans ce qu'elle exprime.

C'est ainsi qu'on le perçoit de France, et surtout quand on n'est pas anglais ! Est-ce que vos principales influences viennent du nord ?

James : Non, nous ne nous limitons pas au nord mais il y a quelque chose de vrai : l'état d'esprit et l'environnement dans lequel tu grandis façonnent forcément tes goûts et tes valeurs. Par exemple je ne comprenais pas tout ce buzz autour de Londres, puis en prenant de l'âge j'ai compris et je l'ai assimilé à une grande cour de recréation, j'y ai des tas d'amis maintenant.
Ryan : On comprend mieux ces différences en vieillissant...
James : J'ai grandi dans le nord-ouest et ça a définitivement façonné mon identité, je suis fier de ça. C'est important de savoir d'où tu viens mais ça ne doit pas te définir de façon exclusive. Ça n'est pas que le nord vaut mieux que le sud, c'est juste différend. C'est souvent mal compris et caricaturé, et c'est parfois lourd à porter car on s'attend à ce que tu colles parfaitement à cette représentation.
Sam : C'est un peu pareil en France avec votre nord et votre sud, non ? (rires)

A propos de la France, c'est ce soir votre première date parisienne en tant que Yard Act. Vous avez joué hier à Toulouse, quelle est votre impression sur le public français ?

Ryan: Je me demande toujours quand on joue à l'étranger si le public nous comprend, est-ce qu'il prend le soin d'aller traduire nos paroles ?

Je pense qu'une part du public français ne s'attarde pas réellement sur les paroles en effet, ce qui va attirer son attention en premier lieu est la musique...

Ryan : Alors c'est déjà ça de pris !