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Cate Le Bon

Pompeii

Cate Le Bon - Pompeii
Chronique Album
Date de sortie : 04.02.2022
Label : Mexican Summer
45
Rédigé par Franck Narquin, le 27 janvier 2022
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Si l'on aime tout particulièrement s'enflammer pour les jeunes pousses prometteuses et les premiers albums incandescents qui finissent parfois en feu de paille, on ne boude pas notre plaisir à suivre les artistes composant pas à pas leur œuvre et étoffant leur style à chaque album. Cate Le Bon fait définitivement partie de cette deuxième catégorie et parvient à nous éblouir et nous surprendre avec son sixième opus, Pompeii, et sa pop racée et singulière.

Après trois premiers LP sympathiques mais sur lesquels la galloise semblait se chercher sans pleinement convaincre, Cate Le Bon s'est faite remarquer en 2016 avec Crab Day et son rock tendu sous haute influence Television avant de trouver définitivement sa voie en s'exilant outre-Atlantique pour composer Reward, son œuvre la plus aboutie à ce jour, sorti en 2019 sur l'excellent label Mexican Summer (Allah-Las, Ariel Pink période pré-Trump) qui lui a valu une nomination au prestigieux Mercury Prize aux côtés d'IDLE et de Fontaines D.C. Si Pompeii est à nouveau signé sur label de Brooklyn, il a été intégralement composé et enregistré à Cardiff, dans le plus strict confinement, Cate Le Bon jouant de presque tous les instruments et n'étant épaulée que par Samur Khouja, son fidèle co-producteur.

Avec son titre chargé d'histoire, Pompeii regarde dans le rétroviseur 80's sans jamais tomber dans le revival stérile. Les mythiques synthétiseurs Yamaha DX7 qui ont façonné le son de la pop du début des années quatre-vingt sont de sortie et les lignes de basses évoquent fortement la city pop japonaise de la même époque. Avec ses percussions jazzy et ses nappes de cuivres à tout va, on pourrait craindre le pastiche, mais c'était sans compter sur le talent de productrice de Cate Le Bon. Les neufs titres de l'album n'offrent pas de refrains fédérateurs comme sur Are You With Me Now ou de gimmicks entêtants à la Home To You. La grande affaire est ici le sound design d'une renversante subtilité et d'une grande complexité qui parvient à infuser une subtile mélancolie et un aspect intemporel à ces chansons.

Sur Dirt On The Bed, morceau d'ouverture crépusculaire, l'ombre de Nico, influence pleinement assumée, plane plus que jamais. Si l'ambiance s'avère sombre, voire un brin solennelle, avec les très new wave Pompeii ou Wheel, les morceaux plus uptempo comme Moderation, Running Away ou Remembering Me, tout en basses fougueuses et saxophones clinquants, font mouche et apportent une touche de légèreté à l'ensemble. On décernera une mention spéciale au moite et sexy French Boys avec sa rythmique lente et lourde, dont la nonchalance arty évoque autant Duran Duran que Grace Jones.

Si de prime abord, Pompeii paraît moins immédiatement séduisant que son prédécesseur et pourrait rebuter les fans de la première heure ou les auditeurs distraits ne s'intéressant qu'aux tubes évidents, ses morceaux riches et denses gagnent en ampleur à chaque écoute. Comme son auteur, qui se bonifie au fils des années, Pompeii, album long en bouche, distille sa beauté et ses secrets sur la durée, son éruption lente s'avérant finalement d'une puissance dévastatrice.
tracklisting
    01. Dirt on the Bed
  • 02. Moderation
  • 03. French Boys
  • 04. Pompeii
  • 05. Harbour
  • 06. Running Away
  • 07. Cry Me Old Trouble
  • 08. Remembering Me
  • 09. Wheel
titres conseillés
    French Boys - Running Away - Remembering Me
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