deathcrash

Dans l'univers du post-rock et slowcore (appelez-le comme vous le voulez), un groupe britannique a surgi en catimini en 2019. deathcrash (avec un d minuscule) ont enchanté nos oreilles avec un premier 45 tours, Slumber, suivi d'un EP, people thought my windows were stars, dont deux des morceaux qu'il contient approchent les vingt minutes. Le quatuor, privé de concerts comme une très large majorité d'artistes musicaux, a dû, en conséquence, consacrer son année 2021 à la conception de son premier album : Return. Et la première chose que l'on peut dire, c'est qu'il a bien fait.

En découvrant le tracklisting du disque, on constate qu'aucun morceau paru auparavant ne figure sur les douze compositions (pas même un extrait remanié d'une cassette tirée à 50 exemplaires qui reprenait les tous premiers assemblages musicaux des Britanniques). Comme deathcrash savent si bien le faire, cette longue balade dans l'univers musical du groupe ressemble à un entrecroisement de fausses pistes. C'est-à-dire qu'il nous offre ce qu'on n'attend pas exactement de lui. Il nous surprend et cela dès l'ouverture de Return. Sundown, (qui, au passage, est le titre de la fameuse cassette à cinquante exemplaires, autre jeu de piste de la part du groupe) est une ode lente et déstructurée où deathcrash jouent à décadrer une structure musicale qui se refuse d'être trop simple. Sur un faux rythme, les Londoniens se montrent oppressants, bruyants, avant de conclure ces huit minutes dans un tout autre tempo presque « pop », ce dernier se trouvant rapidement rattrapé par des guitares magnifiquement rugissantes. Le décor est déjà bien planté. Unwind qui lui fait suite peut rappeler Arab Strap, l'accent scottish d'Aidan Moffat en moins.

Si Horses est un condensé de délicatesse slowcore et probablement une des plus belles compositions du disque, c'est bien American Metal qui nous scotche littéralement. La première partie du morceau peut se révéler assez classique avec au démarrage ce tempo post-rock, suivi d'une partie musicale où la mélodie se fait plus aérienne, accompagnée de la voix délicate de Tiernan Banks. Le morceau semble alors prendre fin à mi-parcours de sa durée prévue. C'est alors qu'une guitare électrique presque unplugged va nous emmener vers un véritable petit bonheur sonore. Le son s'étoffe, la basse et la batterie s'en mêlent. La progression se fait répétitive et de plus en plus noisy, et nous emporte dans un tourbillon sonore merveilleusement incontrôlable. A partir de là le reste de l'album n'a plus autant d'importance tellement nous avons été séduits par une émotion de beauté parfaite. Cependant deathcrash vont continuer à nous séduire tout au long de la grosse heure que dure en tout Return. Que ce soit avec de petites plages musicales mélancoliques (Matt's Song), de moments slowcore vertigineux (Metro 1) ou post-rock tels que Doomcrash où l'ombre de Come On Die Young de Mogwai se profile inévitablement.

Avec ce premier album, deathcrash dépassent toutes nos espérances. Return est un disque riche musicalement et d'une justesse folle. Une cassette, un quarante-cinq tours et un EP ont suffi au groupe à se faire la main pour délivrer un album d'une incroyable intensité. Nous ne sommes qu'à la fin du mois de janvier et, pourtant, on sait déjà qu'on détient là un des joyaux de 2022.