Sinead O'Brien

Après une série d'EPs et singles, et pas mal de concerts, le temps était venu pour Sinead O’Brien de s’atteler à son premier album. Toujours avec Dan Carey (Kae Tempest, Fontaines D.C., Wet Leg...) aux manettes, Time Bend And Break The Bower est dans la continuité de ses précédentes productions.



Alors que les textes sont chantés a minima, ou déclamés, la guitare porte les mélodies avec quelques touches de synthés. Elle joue les seconds rôles Oscarisables, tout en équilibre, entre faire-valoir de la voix, et partenaires parfaits qui contribuent à créer un dialogue percutant. L’expérience de designeuse joue, c’est un peu comme un vêtement flamboyant, mais pour lequel le plus important reste la personne qui le porte.

La batterie n’est pas en reste et donne un groove personnel qui, avec la guitare, peut même emmener vers des espaces funky et dancefloor. Le contraste est frappant avec la voix qui reste toujours dans le même registre. Cette constance donne d’autant plus de poids aux mots créant un dialogue avec les instrumentaux pour définir chaque morceau. Ce n’est pas sans rappeler les prestations live de Dry Cleaning entre théâtre et comédie musicale cold.



La production est rugueuse, multipliant les aspérités donnant détails et épaisseur à la musique d’un trio qui ne verse pas vraiment dans les séquenceurs. Cette fausse simplicité où il faut prêter attention aux détails se retrouve aussi dans les textes qui parlent de la nature, de la ville ou de la vie... dans un brouillard poétique. Si l’anglais n'est pas votre fort, Sinead O'Brien vous simplifie la vie en mettant les paroles sur ses réseaux sociaux, munissez vous quand même d’un dictionnaire et révisez vos cours d’analyse littéraire.

Invitée en première partie d’artistes aussi différents que Duran Duran, IDLES, ou Belle And Sebastian, l’Irlandaise développe son style musical, littéraire et visuel dans un premier album remarquablement abouti.