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Porcupine Tree

Closure/Continuation

Porcupine Tree - Closure/Continuation
Chronique Album
Date de sortie : 24.06.2022
Label : Music For Nations
5
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 22 juin 2022
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Il s'en passe des choses durant une décennie. La vie suit son cours, et les goûts et envies évoluent. Que se passe-t-il alors chez les fans de musique dont les artistes préférés disparaissent aussi longtemps ? La question trouvera rapidement réponse avec comme cas pratique le retour aux affaires de Porcupine Tree, groupe hissé au rang de culte par une communauté réduite mais exigeante de fans avide de son particularisme musical.

Le « come-back » est inattendu, voire providentiel. A la tête de Porcupine Tree se trouve toujours Steven Wilson, compositeur multi-instrumentiste de génie qui a su démontrer depuis ses débuts que l'excellence musicale se trouvait aussi dans des registres éloignés des accointances dites grand public. Fondateur de ce groupe qui n'était initialement qu'une belle farce, rapidement porté par une fan base solide qui trouvait alors son compte dans les pérégrinations très expérimentales des premiers enregistrements, Steven Wilson ne cesse de surprendre.

A l'origine du hiatus qui lui a permis de mener de front sa carrière solo, lui laissant toute liberté pour explorer ses affinités musicales sans aucune limite de style, Steven Wilson est à l'initiative de la reformation, nous avouant lors d'une généreuse conférence de presse que le confinement général de 2020 et ses conséquences ont fortement rebattu les cartes s'agissant du devenir de Porcupine Tree.
Muni de démos restées inachevées depuis 2010, le retour en studio s'est fait de façon naturelle avec Richard Barbieri et Gavin Harrison, Colin Edwin ne s'étant pas joint à ses camarades. Dans un esprit d'ouverture et fortement collaboratif (Wilson étant généralement aux commandes), Closure/Continuation offre une nouvelle facette de Porcupine Tree définitivement tournée vers l'avenir.


La mise à profit de l'expérience de Steven Wilson en tant qu'artiste solo est évidente. Closure/Continuation propose dix titres qui, tout en se maintenant dans le socle rock progressif qui fait l'identité de Porcupine Tree, étoffent sa musicalité pour atteindre d'autres strates, ces dernières probablement plus accessibles aux néophytes.
Les inquiétudes, voire les reproches de certains fans sur les penchants éléctro-pop de Wilson avec son dernier opus solo The Future Bites, sont écartés. Il s'agit bien d'un disque qui se crante dans le répertoire rock, mais pas que. Un disque qui se contenterait de surfer sur la nostalgie n'étant absolument pas l'objet de ce retour, place est faite à l'émergence des influences nouvelles et assumées. Ce qui demeure est le principe même du « morceau fleuve », entre cinq et neuf minutes de longueur, qui permet de tirer à son maximum chaque fibre qui le compose.

. L'entrée en matière est explosive. Harridan qui ouvre le disque avec sa basse éraillée est le fil conducteur et on y retrouve rapidement les envolées orchestrales qui accompagnent le timbre incroyablement cristallin de Wilson. Jusqu'à ce que le refrain métalleux à souhait s'enchaîne et le tout de façon très fluide. Harridan est en quelque sorte la carte de visite de Porcupine Tree. Un terrain toujours accidenté et propice à l'inattendu. Ses huit minutes offrent déjà un aperçu de ce que nous réservera le retour en live. Autre titre puissant, Rats Return vient presque contredire les propos de Steven Wilson quant à son désintérêt graduel pour la guitare. On retrouve ainsi une ode à ce métal progressif si cher aux fans de longue date. Les vocalises s'y font perçantes mais justes, et bien que plutôt court par rapport aux autres pistes, le morceau se pose comme un des instants les plus marquants du disque.


On aime ainsi dans un disque de Porcupine Tree se faire violenter (musicalement, cela s'entend) comme se laisser emporter doucement dans des vagues de rock symphonique aux arrangements d'une rare finesse pour un tel répertoire. Le travail en studio étant le fer de lance de Steven Wilson (studio qui se trouve à domicile et construit de ses propres mains), on retrouve ainsi dans Dignity, Never Have ou le très aérien Of The New Day une certaine grâce permettant de ne pas céder aux clichés qui rendent un peu opaque la communauté d'adeptes du rock progressif et ambient.
Le schéma se complexifie un peu par la suite avec une tonalité plus sombre comme sur Chimera's Wreck. Avec un son métal plus intuitif, il est celui qui pourrait rapprocher le disque des grandes heures du groupe à la fin des années 2000. Jusqu'à renouer avec un véritable profil néo métal grâce à Population Three et Herd Culling. Et pourtant, la guitare n'est pas un ingrédient primordial dans la formule magique de Porcupine Tree : preuve en est Walk The Plank qui fait totalement fi de l'instrument, se rapprochant le plus de l'univers électron futuriste de The Future Bites.

Le dernier morceau, Love In The Past Tense, rééquilibre le tout et clôture le disque sur une atmosphère plus légère et très mélodique, une belle dose de pop rock (non, « pop » n'est pas un gros mot) un petit brin suranné qui rappelle les multiples influences de Steven Wilson que ce dernier n'hésite plus à mettre en avant pour se délester de l'étiquette réductrice prog rock que tant souhaite lui coller définitivement.
Ces dix années d'attente étaient probablement nécessaires. Nécessaires à une réelle prise de recul pour chacun des membres de la formation afin de retrouver une véritable envie de relancer l'incroyable aventure Porcupine Tree. Ne pouvant pas nous prononcer sur une suite, il est donc recommandé de profiter pleinement de ce onzième album studio qu'est Closure/Continuation, qui, par sa cohérence et son inventivité, crante à nouveau le groupe dans le statut de grosse pointure appréciée par une poignée de fins connaisseurs.
tracklisting
    01. Harridan
  • 02. Of The New Day
  • 03. Rats Return
  • 04. Dignity
  • 05. Herd Culling
  • 06. Walk The Plant
  • 07. Chimera’s Wreck
  • 08. Population Three
  • 09. Never Have
  • 10. Love In The Past Tense
titres conseillés
    Harridan, Rats Return, Dignity, Population Three
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