logo SOV

Porcupine Tree

Paris, Zénith - 2 novembre 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

Bookmark and Share
« Twelve years, douze années » comme le dit lui-même Steven Wilson en anglais et français dans le texte, depuis le dernier passage de Porcupine Tree en France, le groupe ayant alors entamé un hiatus à durée indéterminée tant son leader à lunettes s'est fortement et à très bon escient consacré à sa carrière solo. La sortie de Closure/Continuation, album de la renaissance qui n'en est pas vraiment une, les titres étant tous des démos d'époque laissées alors en jachère, s'est accompagné de l'annonce de la tournée mondiale, célébrant au passage trois décennies d'existence, qui ont vu la formation passer du stade de projet potache mené en solo dans une chambre d'étudiant à une grosse machine rondement huilée qui remplit les arénas d'Europe et d'ailleurs.

A sa tête, le toujours énigmatique Steven Wilson, aujourd'hui accompagné de Richard Barbieri et de Gavin Harrison, qui nous avait expliqué lors de la conférence de presse donnée au printemps dernier que Closure/Continuation, bien que basé sur des travaux antérieurs, a en effet ce goût de renouveau car sa composition a été à la différence des précédents opus un travail hautement collaboratif. Ayant d'une certaine façon lâché un peu la bride aux autres membres, Steven Wilson a retrouvé goût au collectif, et même si ce retour a été le fruit de moult réflexions liées aux confinements durant la pandémie, nous devons bien ce retour aux affaires à une envie partagée de revenir sur le devant de la scène en tant que groupe.


A la suite d'un premier pan de tournée aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, Porcupine Tree investissent le vieux continent et rendez-vous est pris au Zénith de Paris. Les fans ayant déjà souffert de l'annulation de la tournée de Steven Wilson en solo pour son dernier album The Future Bites, l'attente était forte et la salle du parc de la Villette affiche complet ou presque. Avec un show marathon toute en projections et scénographies abstraites et futuristes, Porcupine Tree offrent deux sets pour trois heures de concert qui replongent instantanément les présents dans l'univers expérimental, dense et prog rock de cette formation qui a réussi à se hisser au rang de "culte", du fait d'un réservoir de fans limités mais très exigeants.
Comme pour entretenir la mystique autour de ce groupe qui jouit encore d'un certain anonymat par rapport au grand public, il est demandé « aimablement » aux spectateurs de ne pas filmer ni photographier le show. Consigne toujours étonnante mais qui peut s'expliquer par la fascination comme l'agacement de Steven Wilson pour l'hyper-connexion et la futilité que le monde des réseaux sociaux représente, l'objectif étant de vivre le moment présent et de profiter pleinement de la communion alors établie par le groupe sur scène. Les fans très sages obéissent et rares sont les petits malins tentant d'arracher un bref cliché du concert. Consignes également délicates pour les photographes qui tenteront tant bien que mal du haut des gradins d'immortaliser ce spectacle unique.

Sur scène, accompagné dorénavant de Randy McStine à la guitare et Nate Navarro à la basse, sans Colin Edwin qui a définitivement quitté l'aventure, Steven Wilson domine le set, n'ignorant pas la présence des autres musiciens, venant selon les titres jouer aux côtés de ces derniers. Toujours prompt au bavardage, la communication est réelle et nombre d'anecdotes sur les chansons sont distillées tout du long, renouant ainsi de la façon la plus efficace avec ce public qui s'est senti un brin délaissé tout au long de ces dix dernières années. Le dernier album est joué dans son intégralité et les nouveaux morceaux qui baignent dans un registre plus profond et calme dans leur globalité, trouvent enfin l'opportunité d'exprimer tout leur potentiel. Interprétés de façon plutôt fidèle au disque, le live les embellit réellement en leur donnant un peu plus de dynamisme, portés par le jeu de guitares de Steven Wilson et Randy McStine et menés par la cadence infernale de Gavin Harisson à la batterie. Entre cela vient s'intercaler une setlist un peu Best Of qui fait le bonheur de tous, avec quelques digressions dans les arrangements grâce à des boucles de samples qui rafraîchissent un peu le tout.

Bien que très avide de retrouver sur scène Porcupine Tree dont il n'espérait plus le retour, le public du Zénith reste étonnamment sage et très discipliné. On se doute que certaines exigences techniques liées à l'écran géant ainsi qu'au lightshow impressionnant nécessitent une logistique accessible uniquement dans certains types de salles, mais une petite dilution est à regretter parmi les spectateurs qui auraient fortement gagné à plus de promiscuité pour réellement s'immerger dans l'univers sonore du groupe qui n'a pas perdu de sa splendeur malgré cette très longue pause.


Néanmoins, les sourires, les bras levés et la totale absence de téléphones en l'air (ce qui nous rappelle que nous savions à une certaine époque apprécier un concert sans attraper une crampe au bras) prouve que les fans sont conquis par la prestation.

Comme un ami perdu de vue depuis l'école que l'on retrouve un paquet d'années après, une certaine appréhension nous habitait avant ce rendez-vous tant attendu. Il aura alors suffi de trois heures de show et du charisme discret mais électrisant d'un Steven Wilson aux pieds nus pour qui la salle entonne un Happy Birthday anticipé, pour renouer une relation qui ne s'est jamais brisée malgré les incartades solo et autres expérimentations menées par les membres de Porcupine Tree, ces derniers continuant comme le disait la presse lors des premiers succès d'être « le groupe le plus important dont on n'a jamais entendu parler ».
setlist
    Blackest Eyes
    Harridan
    Of The New Day
    Rats Return
    Even Less
    Drown With Me
    Dignity
    The Sound Of Muzak Last Chance To Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled
    Chimera's Wreck
    ---
    Fear Of A Blank Planet
    Buying New Soul
    Walk The Plank
    Sentimental
    Herd Culling
    Anesthetize
    Sleep Together
    ---
    Collapse The Light Into Earth
    Halo
    Trains
photos du concert
    Du même artiste