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Gold Panda

The Work

Gold Panda - The Work
Chronique Album
Date de sortie : 11.11.2022
Label : City Slang
35
Rédigé par Franck Narquin, le 9 novembre 2022
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Artiste rare et discret, Derwin Dicker, aka Gold Panda, valeur sûre de la scène électronique anglaise, trace depuis 2010 son petit bonhomme de chemin et livre aujourd’hui son quatrième album, The Work, six ans après son dernier opus solo, Good Luck and Do Your Best. S’il était depuis un peu sorti de nos radars, on reconnaît immédiatement sa patte, caractérisée par sa science du sample, ses sonorités japonisantes, ses beats hip-hop et son éternelle mélancolie.

Vivant aujourd’hui à Berlin, l’anglais n’en a pas pour autant modifié son mode opératoire ni son style. Sa musique n’est pas devenue plus hardcore ou plus dark suite à ses (supposées) virées au Berghain ou au Tresor. Toujours adepte d’une louable approche artisanale, Derwin compose ses morceaux sur un matériel limité et old school, et bien que sa musique évolue par petit touche sur chaque projet, il produit toujours une electronica rêveuse à la fois subtile et groovy.

On n’est donc pas en terre inconnue quand résonnent Swimmer puis The Dream, titres introductifs à la saveur orientale un chouia passe-partout. Dicker ayant vécu au Japon, il infuse ses morceaux de touches de musiques traditionnelles mais peine malheureusement souvent à trouver un prisme réellement original. Les titres de clôture Chrome et Joni’s Room semblent même avoir été composés à partir de cette même banque de sons du type « relaxation au pays du soleil levant ». Sa douceur contemplative fonctionne déjà mieux sur The Want et Plastic Future qui raviront les aficionados d’ambiances lascives et élégantes.

Creusant sans cesse ce sillon, il produit ainsi une musique plus planante que tripante. On le trouve bien plus à l’aise et inspiré lorsqu’il s’aventure dans un abstract hip-hop synthétique et introduit des voix sur ses morceaux, ses meilleurs productions passées comme You ou In My Car en témoignant. S’il navigue sur la plupart des titres entre le passable et le bon, Gold Panda arrive aussi à tutoyer l’excellence comme sur le tubesque I’ve Felt Better (Than I Do Now) avec sa voix pitchée répétitive au doux parfum de french touch version 2022 ou carrément à l’atteindre avec The Corner, véritable pépite de l’album avec son sublime sample de soul, sa boucle hypnotisante et ses petites touches de cordes légères comme l’air.

Ces deux franches réussites permettent à Gold Panda de rendre une copie plus qu’honorable. Le principal défaut de The Work est donc peut-être de sortir en même temps que plusieurs grands disques de musique électronique et d’irrémédiablement souffrir de la comparaison. Sa mélancolie semble un peu fade comparée à la beauté noire et au spleen incandescent du dernier Daniel Avery. De belle facture, l’album ne sort que rarement de sa zone de confort, là où Mount Kimbie se réinventent totalement et où Plaid retrouvent un inattendu regain de jeunesse avec Feorm Falorx. Souvent comparé à Four Tet, Gold Panda paraît ici bien sage par rapport à son jeune poulain, Hagop Tchaparian, auteur le mois dernier d’un premier opus à la fougue insolente, nettement plus novateur dans son utilisation des musiques traditionnelles ou étrangères.

Comme le dirait François-Regis Gaudry, le chroniqueur préféré des gourmets et gourmettes de Paris-Dernière et de France Inter, avec un peu plus de travail, Gold Panda aurait pu enfin décrocher sa médaille d’or avec The Work, auquel nous attribuerons un assez bon.
tracklisting
    01. Swimmer
  • 02. The Dream
  • 03. The Corner
  • 04. The Want
  • 05. I've Felt Better (Than I Do Now)
  • 06. Plastic Future
  • 07. New Days
  • 08. I Spiral
  • 09. Arima
  • 10. Chrome
  • 11. Joni's Room
titres conseillés
    The Corner - I've Felt Better (Than I Do Now) - Plastic Future
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