The Coral

Deux ans à peine après avoir dévoilé un double album majestueux, Coral Island, les inusables The Coral remettent le couvert avec une nouvelle double livraison. A ma gauche, Sea Of Mirrors, B.O. d'un western spaghetti imaginaire. A ma droite, Holy Joe's Coral Island Medicine Show, album country spin off de Coral Island.

Primo Piatto, Mare di Specchi, soit Sea Of Mirrors dans sa traduction italienne ornant certaines éditions limitées de l'album, est d'une beauté langoureuse. Avec des couleurs principalement acoustiques, chaque morceau est orné de superbes arrangements de cordes signés Sean O'Hagan, maître à jouer des High Llamas. Leur production ample et luxuriante rappelle les œuvres majeures de Lee Hazelwood, influence assumée du groupe. L'album confirme en tous cas que James Skelly et ses comparses ont trouvé depuis deux ans un filon de chansons en or massif qu'ils continuent à excaver avec application.

Parmi les pépites ramenées à la surface, plusieurs emmènent les liverpuldiens dans des directions inédites. Faraway Worlds, où, une fois n'est pas coutume, le piano domine, faisant cohabiter Neil Young et les Beach Boys ou le psychédélisme mélancolique de Micheal Kiwanuka. Sea Of Mirrors et sa suite d'accords à tiroir est une pépite de psychédélisme 1960ies, rappelant les déambulations d'un Jacco Gardner par exemple. Orchestrale et dominée par le vibraphone, Dream River, est une promenade éthérée vers des rivages doux et hospitaliers, tandis que Oceans Apart est un collage en deux parties, mini suite navigant d'un folk en arpèges cristallins à une ballade luxuriante avant de se conclure sur un spoken word de l'acteur Cillian Murphy.


Ailleurs, The Coral jouent aussi sur des terrains plus familiers avec brio, sans se départir d'une belle patine boisée qui fait la saveur de l'album : la superbe et folk Cycle Of The Seasons, l'accrocheuse Wild Bird, la ballade de cowboy North Wind ou la pop et ensoleillée That's Where She Belongs.
Entrecoupé de courts instrumentaux (The Actor And The Cardboard Cowboy, Eleanor, Almeria), Sea Of Mirrors ne connaît pas de temps faibles. Ian Skelly et Paul Molloy prennent aussi chacun la main sur la voix lead avec la californienne et très Love The Way You Are pour le premier et la délicate et bossa Child of The Moon pour le second.

Cette mer de miroirs porte donc bien son nom : pleine de reflets scintillants perçant au milieu de brouillards mystérieux, réservant une merveilleuse croisière aux navigateurs avides de mélodies bercées par les eaux de la Mersey.