Twin Atlantic

Les albums de Twin Atlantic se suivent et ne se ressemblent pas. Les deux dernières fournées, Power en 2020 et Transparency en 2022, avaient amorcé un virage vers une synth pop teintée de nostalgie 80s, donnant cette touche rétro-branchouille aux formations dont les membres n'étaient pas encore nés à ce moment-là. Le résultat avait été très satisfaisant, et malgré les périodes de pandémies et post-confinement durant lesquelles ils étaient sortis, nous avions bien capté l'esprit de renouvellement perpétuel dans lequel évolue les Glaswégiens, et ce depuis leurs débuts prometteurs en 2009. Nous avions donc apprécié cette nouvelle facette, et nous gardons en tête notre dernière rencontre avec Twin Atlantic à Paris, en mars 2020 au Badaboum, lors d'un concert promo avec les bondissants Circa Waves, où la prestance de Sam McTrusty nous avait encore bluffé.

La trêve estivale permettant de s'immerger pleinement dans les exploits olympiens de nos athlètes, quel plaisir de réceptionner entre deux médailles d'or de Léon Marchand le septième album studio de Twin Atlantic intitulé Meltdown. Et pour ce retour, les Écossais amorcent une fois de plus un nouveau virage, cette fois-ci lorgnant outrageusement vers une pop-rock emo qui nous fait vite oublier les subtilités dévoilées sur les deux derniers disques. Meltdown semble métamorphoser le groupe, et les onze morceaux qui le constituent nous replongent il y a un paquet d'années dans le rock FM metalleux de Linkin Park. Cette mutation est des plus étonnante et le parti pris de sortir les grosses guitares et la production au rouleau-compresseur ne nous convainc guère.


Les morceaux se suivent et, eux, se ressemblent tous. Le mue de Sam McTrusty en performer de stade semble aller dans l'état d'esprit du groupe, qui selon ses dires dans diverses interviews données outre-Manche a abordé ce nouvel album comme celui de la maturité, les membres étant devenus depuis pères de famille. L'enthousiasme et l'harmonie entre les musiciens a atteint son paroxysme durant la composition, mais tout cela au détriment de ce raffinement et ces nuances que savaient nous proposer Twin Atlantic. L'exercice de mettre en exergue un morceau est quasi-mission impossible, et face à ces titres ultra calibrés tel Sorry, Meltdown ou Lift, qui manquent cruellement de caractère, l'auditeur de longue date sera vite désarçonné.
Dans ce type de production, on retrouve évidement les ballades mielleuses, qui répondant à quelques clichés nous remémorent le plus belles scènes de Dawson. Nous pouvons tout de même apprécier le timbre de voix de Sam McTrusty sur Harder ou le plus agréable Snow In Texas, dépouillés de l'avalanche d'effets qui viennent plomber tout le reste du tracklisting.


Meltdown semble positionner les Ecossais de Twin Atlantic dans les starting blocks pour le titre de groupe de rock FM le plus mainstream qui soit, et cette nouvelle étape dans la carrière déjà très productive du groupe ne manque pas de nous déstabiliser. Ainsi armés, on souhaite à Twin Atlantic d'étoffer leur public, leur chance de se retrouver sur toutes les playlists sucrées et aseptisées à souhait des plateformes de streaming étant démultipliées avec ce nouvel album qui se dévoue corps et âme au grand public.