L'Amérique : beaucoup en rêve, d'autres en sont revenus. On l'évoque énormément depuis le mois de novembre de façon clairement angoissée mais une chose est sûre, cette contrée reste un stimulateur créatif pour tout groupe britannique qui a la chance d'y séjourner. En 2025, Matthew Murphy est probablement le plus américain des liverpuldiens, et cela rayonne dans sa musique. C'est en ce mois de février, qui plus est jour de la Saint-Valentin, que The Wombats reviennent avec leur sixième album studio Oh! The Ocean, proposant une pop fleurie et rayonnante définitivement dorée au soleil de Californie.
The Wombats mènent depuis le début des années 2000 un parcours assez brillant. Régulièrement présents dans le top 10 des charts britanniques à chaque sortie de disque, ayant pondu quelques pépites qui depuis sont devenues des classiques, telle Let's Dance To Joy Division, la bande du « Murph » parvient à chaque étape de sa carrière à enfoncer un peu plus le clou d'une bande son colorée, qui sait être joyeuse comme plus sérieuse, le tout sous la houlette de la plume très personnelle car toujours liée à ses états d'âmes de Matthew Murphy.
Ayant immigré aux Etats-Unis pour fonder sa famille, c'est donc depuis quelques années maintenant que le son de The Wombats se voit intrinsèquement impacté par la vie californienne de leur leader. Tout n'est cependant pas que soleil, sable et cocotier. Les fans avisés (et anglophones) de The Wombats connaissent le goût de Matthew Murphy pour la prose acerbe et souvent ironique sur le monde qui nous entoure. Mais c'est surtout un besoin profond d'exprimer ses angoisses qui donne cette tonalité toute en contraste entre une musique chatoyante et des paroles graves. Ce dernier étant revenu des frasques alcoolisées et illicites du petit monde du rock, c'est un homme assagi mais jamais vraiment sûr de lui qui nous présente un nouvel album de pop rutilante, aux accents légèrement écorchés selon les morceaux. Le titre de l'album est lui-même lié de façon intime au musicien : ce dernier lui a été inspiré par un moment très introspectif quand, durant ses années d'excès, il réalisa en fixant son regard sur l'océan où se trouvait la véritable beauté de ce monde.
A l'image des deux très bons derniers opus, Fix Yourself, Not The World et Beautiful People Will Ruin Your Life, Oh! The Ocean perpétue la tradition pop hyper vitaminée (Sorry I'm Late, I Didn,'t Want To Come, Blood On The Hospital Floor ou Gut Punch) et celle plus recherchée du groupe (le très beau My Head Is Not My Friend, The World's Not Out To Get Me, I Am ou I Love America And She Hates Me), incluant de très agréables incursions dans la synth pop si chère à nos voisins anglais (Kate Moss). Ce qui ressort énormément est ce très haut sens de la mélodie que Matthew Murphy peut fièrement afficher comme qualité première dans son écriture. L'anglais est devenu depuis les débuts power pop du groupe un virtuose des harmonies et, ici, l'influence californienne des plus grands maîtres tel Brian Wilson ne peut être niée (le titre de clôture Lobster et ses harmonies vocales seraient dignes d'un des meilleurs albums des Beach Boys).
Nous confiant à ce propos lors de l'interview accordée à notre Laurent Boyer du rock, Pierre-Arnaud Jonard, avoir été produit par l'américain John Cougleton, ce son se marie parfaitement avec l'état d'esprit dans lequel l'album a été pensé. Ce nouveau disque a surtout été une célébration de l'amitié qui lie les membres du groupe, ces derniers vivants éloignés les uns des autres entre États-Unis, Suede et Angleterre, et Matthew Murphy s'accordant entre deux ses escapades en solo, avec son projet Love Fame Tragedy.
Oscillant entre titres très juvéniles et pétillants, et d'autres beaucoup plus structurés et profonds, The Wombats réussissent avec Oh! The Ocean à nous offrir une nouvelle fournée d'hymnes taillés pour toutes les oreilles avides de pop feelgood, intelligemment pensée pour ne jamais sonner creuse. Rendez-vous nous est donné à Paris le 28 mars au Trabendo pour à nouveau communier au son des Wombats, dont les prestations live rendent leurs titres encore plus exaltants.
tracklisting
01. Sorry I'm Late, I Didn't Want To Come
02. Can't Say No
03. Blood On The Hospital Floor
04. Kate Moss
05. Gut Punch
06. My Head In Not My Friend
07. I Love America And She Hates Me
08. The World's Not Out To Get Me, I Am
09. Grim Reaper
10. Reality Is A Wild Ride
11. Swerve (101)
12. Lobster
titres conseillés
Blood On The Hospital Floor, I Love America And She Hates Me, Kate Moss