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Humour

Paris, L'International - 3 novembre 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Ce soir, place à (l') Humour. Voilà, la blague potache est faite, tournons-nous maintenant vers la nouvelle sensation écossaise venue de Glasgow, capitale multiculturelle et pourvoyeuse de talents rock. Dans la cave sans âge de l'International à Paris, lieu toujours aussi fascinant du fait de son étroitesse et de son atmosphère gorgée de vibrations punks authentiques, se produit pour la première fois en France Humour, lesquels, fort de trois singles à ce jour et dans l'attente d'un premier EP attendu le 25 novembre prochain, viennent ainsi tâter du public parisien, reconnu par nos amis britanniques comme particulièrement exigeant.


Dans les profondeurs du club de la rue Moret, les cinq écossais prennent place peu après 22h devant une honorable grosse poignée de spectateurs pour un jeudi soir et sans aucune transition enchaînent quarante minutes d'un post-punk très fortement teinté de dark wave, résonant très lourdement grâce aux deux guitares et la ligne de basse qui écrasent tout sur leur passage. En écho à la configuration de la salle, le timbre de voix du jeune chanteur peroxydé Andreas Christodoulidis est lui aussi caverneux mais toujours juste et porte loin, ce personnage se démarquant déjà par un fort charisme toute en retenue et en tenue sombre.

Les trois singles dévoilés précédemment nous avaient déjà tapé dans l'œil (ou l'oreille) par leur énergie et leur aspect un peu brut de décoffrage. Avec la vague de nouveaux talents de la scène rock d'outre-Manche qui déferle non-stop depuis bien trois ans maintenant, il est difficile de faire le tri dans la surabondance de l'offre. L'expérience du live vient donc remettre les pendules à l'heure (ce qui tombe bien après le passage à l'heure d'hiver, décidément le nom de ce groupe est inspirant), et on découvre dans le répertoire d'Humour autre chose qu'un post-punk anglais « basique ». La patine y est plus sombre, dissonante et l'interprétation mi-gueulante mi-déclamée rappelle l'art rock expérimental de Folly Group et la nonchalance jamais feinte de Do Nothing. Il n'est donc pas étonnant d'apprendre qu'Humour apprécient fortement ces deux formations avec lesquelles ils ont partagé l'affiche à leurs débuts.


Le set défile très rapidement, les morceaux s'enchaînent afin de ne pas gaspiller une seconde de l'énergie distillée par le groupe sur la minuscule scène qui permet ainsi au public de gouter à l'authenticité de l'interprétation de ses jeunes musiciens hyper concentrés. Est-ce ici l'appréhension de se frotter pour la première fois au public français ou tout simplement une réelle immersion dans leur propre jeu qui se révèle assez prenant du fait de la cadence infernale ?

Une chose est certaine, l'Humour est ici plutôt noir et nous espérons avoir une réponse lors d'un retour que l'on souhaite rapide des Écossais rageurs dans l'hexagone l'an prochain.