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Idlewild

Interview publiée par ALF le 6 mars 2007

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Après 12 ans d'existence et six albums produits, Idlewild est toujours dans le circuit. En tournée promo sur le continent, Roddy Woomble et Rod Jones reviennent sur une longue carrière mitigée et le nouveau souffle que connait le groupe avec leur album Make Another World...

Le titre de votre nouvel album, Make Another World, sonne comme un nouveau départ pour le groupe. Le ressentez-vous ainsi ?

Rod : C’est un nouveau départ en effet. Je sais qu’après douze ans, ça peut paraître étrange, mais on a changé de label, fait une pause de six mois pour mener à bien d’autres projets, on a aussi un nouveau bassiste… On se sent davantage maître de ce qu’on fait, de ce qu’on veut, pour la première fois depuis longtemps. Pour cet album, on voulait autre chose que ressentir cette peur de l’echec, comme on le faisait souvent avec notre ancien label EMI. On voulait célébrer le chemin parcouru, le fait d’avoir enregistré autant d’albums. On est revenu sur cette experience et ça nous a fait du bien. Car c’est plutôt cool d’êstre dans un groupe, vraiment.

Après avoir passé plusieurs années chez Parlophone/EMI, à quel moment avez-vous compris que la rupture était inévitable ?

Rod : Avec le dernier album qu’on a produit avec eux, il est devenu de plus en plus évident qu’on ne vendait pas autant de disques qu’ils voulaient; du coup, la façon dont ils assuraient notre promo ne nous convenait plus. Ils ne savaient pas nous vendre en Europe ni aux States. On ne voulait plus vraiment travailler avec eux, et c'était sans doute pareil de leurs côtés. Pour notre album précédent, on en a profité à fond pour faire un truc couteux, un très bon album, puis on a senti qu’il fallait passer à autre chose.

Comment en êtes-vous venus à choisir de signer chez Sequel/Sanctuary Records ?

Rod : Ils étaient enthousiastes dès le début. Century Malcom, le gars qui a signé avec nous, nous avez déjà proposé ses services il y a dix ans, avant qu’on signe à EMI. C’est un de nos fans. Il a aimé les chansons que Roody a ecrit et a de suite donné son accord. Que ce soient pour les labels ou le reste, on ne travaile qu’avec des gens avec lesquels on s’entend bien.

Comment s'est passé l’enregistrement de ce nouveau disque ?

Rod : Tout a été très vite. Deux mois à écrire et deux semaines pour enregistrer, ce qui est bien peu par rapport aux album précédents. On s’est rendu compte au fur et à mesure qu'on écrivait les chansons quelles étaient déjà complètes et quelles n’avaient pas besoin d’etre retravaillées en studio. On les a jouées en live et voilà. C’était facile, frais et excitant.

Votre titre préféré ?

Rod : Once In Your Life, ou Make Another World. Celle-ci est d'ailleurs l'une de nos plus ambitieuse.

Votre ancien bassiste, Gavin Fox, a quitté le groupe au mois de décembre 2005. Le choix de le remplacer par Gareth Russell a-t-il été simple ?

Rod : On n’y a pas vraiment réfléchi. On a pris du temps pour nous, Roody a écrit un album solo. En rentrant, on s’en remis à répéter, et on s’est vite rendu compte qu’il nous fallait un nouveau bassiste. Gareth est un vieil ami, il est venu aux répétitions sans vouloir vraiment rejoindre le groupe. Il venait juste aider, mais ça si bien marché qu'il est resté. Il n'y a pas eu d’interview, tout s’est passé très naturellement , sans prise de décision.
Roody : Gareth a souvent collaboré avec nous, il est très ouvert, et très enthousiaste. C’est inhabituel après 12 ans de devoir changer de groupe, mais ça apporte un nouveau souffle à Idlewild. On a de la chance de sentir cette nouvelle énergie.

Vous avez travaillé avec Dave Eringa sur ce disque, pourquoi l'avoir choisi ?

Roddy : C'était un choix évident. Il a travaillé avec nous sur plusieurs albums. C’est un très bon ami et un très bon producteur. On ne voulait pas prendre de risques; il connaît nos forces et nos faiblesses. Il sait enregistrer les choses comme on veut.

Il y a quelques semaines vous avez dévoilé un single inédit, If It Takes You Home. Le son de cette chanson se rapproche de celui de vos premiers albums...

Rod : Il y a beaucoup de lien avec nos anciens albums, nous savons ce à quoi nous sommes bon. On s’est amélioré dans un style dans lequel on a plaisir à jouer..

Comment ressentez-vous le fait que vos plus anciens fans regrettent la musique plus punk que le groupe jouait à ses débuts ?

Rod : Les gens apprécient des choses différentes en ce qui concerne les groupes. Certains ont aimé notre premier album, d'autres le second. On a essayé de garder l’esprit présent dans nos autres disques. Je ne veux pas que mes fans attendent toujours la même chose. Cet album est très franc, très direct et je pense que les gens aiment notre énergie.
Certains écoutent le même album en boucle pendant 20 ans. On ne fait pas attention à ça, on fait l’album selon l’inspiration du moment, si les fans aiment tant mieux, sinon d’autres l'apprécieront.
Roddy : Quand vous êtes dans un groupe depuis tant d’années, c’est important de ne pas être qu’un seul album, de n’être reconnu que pour vos débuts, comme la plupart des groupes du moment. On a eu la chance de pouvoir évoluer au fil des années, on essaie d’avancer pour être different à chaque fois.

Quelles ont été vos principales sources d'influences pour ce disque ? Quels disques écoutiez-vous lors de son enregistrement ?

Rod : Plusieurs choses, Molko, Crazy horse, AC/DC, Noy. Ce qui me rend fier de cet album, c’est qu’il ne ressemble pas qu’à un album d’Idlewild. On est dans le circuit depuis assez longtemps pour que nos albums nous ressemblent, aient notre identité.

Roddy, tu as sorti ton premier album solo l'été dernier, était-il important de pouvoir sortir ce disque très folk en te démarquant d'Idlewild ?

Roddy : Ce n'est pas vraiment un album solo car il y a dix personnes impliqueées dans ce projet, comme Rod. Cest plutôt une collaboration. Cétait très important pour moi de travailler avec d’autres éléments, de ne pas toujours enregistrer dans le même lieu avec les mêmes gens. Rencontrer des gens avec leur propre style vous permet de mieux jouer et d’avoir de nouvelles idées. Un plus pour Idlewild.

Roddy, peux-tu me parler du projet Ballads Of The Book qui sortira chez Chemikal Underground au mois de mars ?

Roddy : C’est un projet auquel on a pensé il a quelques années avec le poète écossais Edwin Morgan. Il a commencé à écrire des chansons et ca a très bien marché. Tout ça s'est transformé en une sorte d’union créatrice entre les poètes et groupes écossais. Chemikal Underground a couvert le projet car on avait besoin d’une ligne directrice. C’est vraiment un super mélange d’idées et de travail.

Quels sont vos projets pour cette année ?

Roddy : On part en tournée en mars en Angleterre et au Japon. Et on espère partir en tournée en Europe en rentrant en avril ou mai. On n'a toujours fait que des premières parties en Europe, celles de Colplay, Muse, Placebo; on a fait une poignée de concerts, mais que sur Paris, jamais à l’extèrieur. On espère pouvoir jouer en dehors de Paris cette année.

Vous écoutez de la musique française ?

Rod : Pas vraiment... Ah si, j'aime beaubcoup Phoenix, ils ont l’air marrant.

La scène écossaise a toujours été, et est encore, très prolifique. Ressentez-vous un sentiment d'appartenance à cette scène ?

Rod : Je ne pense pas qu'il y ait une scéne écossaise, chaque groupe a sa propore identité; on parle de "scène" car ces groupe ne font pas partie de la machine londonienne.
Roddy : Teenage Fanclub, Mogwai... je ne pense pas que ces groupes aient des choses en commun si ce n'est un respect mutuel pour les uns les autres.
Rod : En Ecosse, il n’y a pas vraiment d'industrie musicale mais tous aiment la musique, ils partagent une identité mais sont libres de faire ce qu'ils veulent. C’est pour ça qu'il y a autant de musiciens, qui font leur propre musique comme ils l’entendent.

Quels sont à vos yeux les meilleurs groupes écossais à l'heure actuelle ?

Roddy : J’aime particulièrement Teenage Fanclub. Il y a un nouveau groupe qui s’appelle Foxface que j’aime beaucoup. Le dernier concert que j’ai vu, c'était Joan Morton au festival Connexion, un gros festival à Glasgow. C’était vraiment bon.