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Alan McGee et Craig Walker présentent 359 Music

Dossier réalisé par Olivier le 11 avril 2014

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Deux interviews en une : une légende de la britpop et du shoegaze des années quatre-vingt et quatre-vingt dix, et un musicien Irlandais qui a réussi l’exploit d’être mondialement connu avec un titre et un seul ; l’épique Again du groupe Archive, qu’il a co-écrit et chantait originellement.

Alan Mc Gee, on ne le présente plus. Cabochard écossais né dans les années soixante, il fut d’abord musicien et fondateur du groupe Laughing Apple, en 1981. Mais, en 1983, il se tourne vers la production et le management en créant Creation Records. Alors qu’il travaillait encore pour British Rail, il aura sa première lueur de génie en acceptant de manager un groupe débutant : The Jesus And Mary Chain. Il sortira leur premier single et enchaînera avec Communication Blur, un magazine rock, disparu depuis. Avec le groupe Primal Scream, par la suite, il est touché par la grâce du rock. À la fin des années quatre-vingt, il se verra irrésistiblement attiré – l’ecstasy et les raves party n’y étant pas totalement étrangères – par la scène Acid House de la folle Madchester. La drogue, l’alcool, mais également les nouveaux groupes comme, My Bloody Valentine et Oasis, révolutionneront la vie d’Alan en tant que manager et producteur. Craig Walker, auteur et chanteur du groupe Archive pour les albums You All Look The Same To Me et Noise, a connu une carrière avant et une carrière après sa séparation, tumultueuse avec Darius Keeler et Danny Griffith. Moins lumineuses, cependant. C’est avec une grande curiosité et pas mal de plaisir que nous avons écouté son nouveau projet Franco-Irlandais, Mineral, dont le premier album Plastic Ekphrastic est sorti en octobre dernier. Lors de notre rencontre, Alan est en train de petit-déjeuner, chapeau sur la tête dans un café trendy du 9ème arrondissement de Paris avec les membres de Mineral, groupe signé il y a quelques mois sur son nouveau label, 359 Music. A peine assis à leur côté, Craig Walker s’écrie : « Je hais Londres ! ». Alan lui répond par des phrases démarrant par « Fucking » et se terminant par « You know what i mean ? ». Le tout avec des accents irlandais et écossais à couper au couteau de plongée ! Il est dix heures du matin.

Après l'expérience Poptones, achevée il y a quelques années, pourquoi avoir lancé 359 Music ?

Alan McGee : Il y a un an, je me suis retrouvé avec une sale maladie qui m'a gardé au lit pendant deux mois. J'ai été très fatigué pendant quelques temps, mais j'ai pu me relever et je suis parti quelques semaines en vacances. Et à mon retour, je suis retombé malade. Je n'avais que cinquante-deux ans et je me suis dit qu'il se passait quelque chose d'anormal. Je suis allé voir un médecin qui m'a diagnostiqué un problème dans mon système immunitaire. Il m'a mis sous médication et j'ai pu finir mon livre. Dans la foulée, j'ai démarré un nouveau label, 359 Music. Ses médicaments me faisaient un tel effet que je suis retourné le voir très souvent pour qu'il me dope encore (rires) ! Il y a vingt ans, avec Craig, on prenait de l'ecstasy et de la coke ; aujourd'hui, tu n'as qu'à aller chez le docteur et lui demander de te prescrire plus de drogues !
Craig Walker : J'en veux, moi aussi !
Alan McGee : Je pensais ne plus jamais m'impliquer dans la musique. Mais te sentir sombrer en enfer et, d'un coup, te sentir aller beaucoup mieux ça te donne l'énergie de faire plein de trucs. Les drogues t'envoient en enfer aussi... c'est pour ça que j'essaie de m'en détacher (rires). C'est la plus honnête des réponses que je puisse te faire...

Pourquoi ce nom, 359 Music ?

Alan McGee : Parce que c'est un degré avant la révolution complète !

Les premiers artistes signés viennent d'horizons et de styles différents. Comment les choisis-tu ?

Alan McGee : Il n'y a pas de plan pré-établi. La plupart des artistes signés ont fait le chemin pour nous trouver et nous démontrer qui ils étaient. Ça ne suffit pas de dire « Hey, je suis à Dublin et je fais de la musique ! ». Prends le train, le tram ou l'avion et viens nous montrer ce dont tu es capable. Il y a trop de groupes ou soi-disant groupes qui tentent leur chance aujourd'hui. Il n'y a plus que la scène pour révéler les talents maintenant. Je vais te donner un exemple avec le groupe Mogwai, que j'ai managé pendant trois ou quatre ans. Je les envoie à Paris : ils attirent mille personnes sans problème. En Allemagne, deux milles personnes. Au Royal Albert Hall, trois mille personnes, et ça continue comme ça dans toutes les villes du monde où ils se déplacent avec leur bus. Ça, c'est le réel marqueur pour les artistes. Une fois, je leur ai dit « On s'en fout que vous soyez moches, les gens ne viennent pas pour ça. Ils sont juste là pour écouter votre musique ». Je vois 359 Music comme une plate-forme de lancement pour talents musicaux.

Dans ta longue carrière, tu as signé et parfois managé certains des plus grands groupes anglais des vingt dernières années. Quel est le secret pour tenir si longtemps dans ce milieu ?

Alan McGee : Il n'y a pas de secret. À part, peut-être, être honnête avec les gens avec qui tu travailles. Quand un groupe est bon, il mérite de le savoir et que tu t'occupes de lui, comme il le mérite. Mais quand il est mauvais et qu'il se dirige vers sa chute, il faut lui dire et partir, s'il le faut. Prends Ian Brown, il y a dix ans je le donnais comme mort. Aujourd'hui, les Stone Roses jouent devant soixante-quinze mille personnes ! Tu vois, je n'ai pas de secret...

Est-ce plus difficile de manager des groupes comme Oasis et les frères Gallagher ou un Peter Doherty que d'autres groupes ?

Alan McGee : On me demande souvent cela, mais quand tu n'as que des bonnes nouvelles à apporter à ces gens-là, ils ne sont pas difficiles à manager, crois-moi ! Pendant sept ans, je n'ai jamais eu aucune mauvaise nouvelle à apporter à Oasis. Les mauvaises nouvelles ont commencé à arriver après ça (rires). Moi, je n'ai eu que des bons moments à partager avec eux.

Tu as dit avoir détesté les années 90 alors que tu as adoré les années 80...

Alan McGee : Ne te formalise pas, j'ai dit beaucoup de conneries dans ma vie (rires) ! Les années 90 étaient super. C'étaient les dernières années où les problèmes du monde ne s'abattaient pas sur toi chaque jour. Et puis, l'argent n'était pas pris en otage par Internet et le streaming dans l'industrie musicale. Il fallait encore payer pour écouter ton groupe favori. Si chaque môme qui écoute un groupe sur Internet devait payer 10£ de plus sur sa facture de téléphone pour écouter de la musique sur son smartphone, l'argent reviendrait à nouveau dans la poche des labels, des artistes et des managers. Mais, ce ne sera plus jamais les années 90... Aujourd'hui, on a hérité de ces putains de Spotify ou Youtube ; récemment, j'ai arrêté la licence pour Oasis. Avec vingt-six millions de vues sur Youtube, par exemple, je n'ai jamais vu la couleur d'un seul Penny ! Il y une exception, c'est en Suède. Là-bas, le gouvernement fait payer les gens pour le streaming. Et encore, on ne sait jamais réellement combien et pour combien de temps, mais je suis sûr que mes réponses t'ennuient, non ? (rires). Si les USA, le Canada, l'Angleterre, ou tous les pays de l'ouest décidaient de légiférer pour que toutes les personnes qui ont un smartphone paient 10£ pour écouter de la musique avec, tout irait mieux pour l'industrie musicale.

Justement, comment vois-tu l'avenir de l'industrie musicale avec ce nouveau média et les problèmes que tu soulèves ?

Alan McGee : Je pense que les fichiers son sont finis ! Je te dis que d'ici deux ans, il n'y aura plus que du streaming.
Craig Walker : Même les plus jeunes ont arrêté de télécharger aujourd'hui. Ils n'écoutent plus qu'en streaming.
Alan McGee : Je suis respectueux de ce que tu fais en venant interviewer des artistes et en donnant intérêt à des fans ou aux groupes via un média Internet pour qu'ils aient envie d'acheter nos disques, mais aujourd'hui, j'ai des amis qui n'écoutent plus que la musique dans leurs voitures ou sur leurs ordinateurs et qui mettent Youtube en aléatoire pour découvrir des groupes. Même dans mon label, je reçois des liens youtube quand quelqu'un veut me faire écouter un groupe. Tout vient de ce putain de désir d'immédiateté.

Donc, pour vous, c'est bientôt la fin du disque et de l'objet physique qui contient de la musique ?

Alan McGee : Oui, bien sûr. C'est devenu un truc de snobs que d'acheter des vinyles, par exemple. Peut-être que l'album en lui-même ne mourra pas complètement, mais il sera réservé à quelques snobs et vrais amoureux de la musique. Les anciens conserveront leurs disques, mais les plus jeunes générations ne savent déjà même plus ce que c'est que de posséder une chanson, physiquement. Et puis, dans cette société ultra-rapide, qui a encore quarante minutes devant soi pour écouter tout un album ? Tout tourne autour de titres uniques, de Daft Punk et Get Lucky à Lorde en passant par Pharell Williams. Ces artistes-là ont défini en six mois ce que sera le futur.

Mais alors, quel intérêt à continuer à écrire et produire des disques avec un vrai travail sonore, des artworks et sorties dans le commerce ?

Alan : Parce que nous, les vieux, nous adorons faire des bons disques ! Mais ce n'est pas pour ça que nous détenons la vérité ou l'avenir... Les gens se foutent de l'album des Daft Punk, ils veulent juste écouter Get Lucky. Prends les gens à côté de nous et demande leur s'ils connaissent un seul autre titre de l'album des Daft Punk ?

Je ne suis pas certain que Daft Punk soient un bon exemple...

Alan McGee : Tu plaisantes ! Daft Punk est un super exemple, c'est le groupe le plus écouté dans le monde ! C'est que ce faisaient les Beatles dans les sixties. Ils sortaient un single qui dominait le monde et ensuite, ils sortaient l'album. Moi, j'ai fait ça toute ma vie ; des milliers de groupes m'ont contacté en me disant : « Hé, on a un super single à te faire écouter ! ». Comme s'ils étaient les premiers à me dire ça... Craig, as-tu encore quarante minutes pour écourter un groupe que tu ne connais pas ?
Craig Walker : Honnêtement, non. Je dois avouer que je n'écoute plus qu'une ou deux pistes d'un album aujourd'hui.

Tu es toujours engagé, politiquement parlant ?

Alan McGee : J'essaie de ne plus l'être ! Pourquoi, j'ai l'air de faire des réponses de politiciens (rires) ?

Tu as réalisé à peu prés tout ce dont peut rêver un amateur de musique : tu as été gérant d'une discothèque ou manager de grands groupes, tu as maintenant un nouveau label... Y a-t-il encore un rêve que tu n'as pas réalisé dans le rock ?

Alan McGee : Je n'en sais rien. Pendant que nous parlons autour de cette table, l'industrie du disque est en train de changer très rapidement. Peut-être ne pas être arrivé au bon moment pour exploiter toute la puissance de la technologie telle que nous la possédons tous avec nos smartphones dans nos poches. Je suis sûr qu'il y a des tonnes de choses à faire encore avec les technologies qui sont là et qui vont arriver.

Craig, comment as-tu rencontré Alan ?

Craig Walker : Il y a longtemps maintenant. Alan était le manager du groupe House Of Love et nous avons fait la première partie de ce groupe avec ma première formation, Power Of Dreams. C'est là que nous avons fait connaissance.

C'était donc un choix évident pour toi que de choisir le label d'Alan pour ton premier album avec Mineral ?

Craig Walker : En fait le timing était parfait pour nous. Nous en parlions il y a déjà un ou deux ans et quand nous avions eu terminé quelques titres et je les ai envoyés à Alan pour lui demander s'il acceptait de continuer l'aventure du premier album avec nous. Il m'a immédiatement répondu : « faisons-le ! ».
Alan McGee : Je connais Craig depuis longtemps, mais quand je l'ai entendu avec son nouveau projet, j'ai vu que c'était un nouveau Craig Walker qui arrivait là. Il m'a envoyé ses titres, j'ai tout de suite reconnu le talent de Craig et l'innovation dont il faisait preuve avec Mineral.

En France, beaucoup de fans te connaissent à travers Archive et, notamment, l'album You All Look The Same To Me et son hit Again. Que gardes-tu de cette période ? Es-tu toujours en contact avec les membres du groupe ?

Craig Walker : Pas vraiment. Parfois on se voit, pour les affaires, mais pas plus. Avant Archive, j'étais dans d'autres groupes, un peu plus punk. Je jouais généralement de la guitare. On répétait une seule fois et après on enregistrait, directement. Avec Archive, on pouvait passer six mois en studio, cinq jours par semaine et quasiment onze heures par jour ! Deux jours de repos, et on recommençait. L'approche musicale de Darius et Danny est quasi-scientifique. Bien sûr, ce fut un réel changement par rapport à mes groupes précédents, mais pour tout te dire, la plupart du temps je m'emmerdais vraiment ! Assis dans le studio à écouter la batterie faire des dizaines de prises, quand ce n'étais pas plus... Imagine que nous avons passé trois mois à travailler sur le seul Again ! Seize minutes au final, tu me diras, mais trois mois d'enregistrement quand même.
Alan McGee : Tu parles d'Atom ? Ah non, Archive et Again... Putain, ces jours-là sont révolus mec (rires). Le monde bouge trop vite pour quelqu'un qui passe deux semaines à écouter la batterie faire des prises pour un seul titre (rires) ! L'Ukraine aura certainement un nouveau gouvernement avant deux semaines (rires).

Je pense qu'ils travaillent encore de cette manière dans Archive... Ca te fait quoi d'entendre un titre comme Again chanté par Dave Pen maintenant ?

Craig Walker : C'est plutôt flatteur pour moi. Il se débrouille très bien. Mais comme je te l'ai dit, je ne me sens plus vraiment en connexion avec Archive aujourd'hui. Quand je suis en Irlande, par exemple, personne ne connaît Archive. Idem dans tout le Royaume-Uni, d'ailleurs. Par contre, si je suis en Grèce, dans tous les coffee shop du pays ils jouent du Archive ! Pareil en France, je crois.
Alan McGee : En France, vous avez vraiment le plus étrange public que je connaisse ! Je me souviens quand je voyais Craig à Glasgow il y a des années avec Archive. Il était parti loin dans l'alcool et il me disait : « Archive... » pouahhhh (onomatopée intraduisible). Qu'est-ce qu'il a vu avec Archive ? Des stades où ils allaient jouer en Europe ?

Le premier album de Mineral, Plastic Ekphrastic est sorti à l'automne 2013 et a reçu un bon accueil de la presse. En combien de temps l'as-tu écrit et où l'avez-vous enregistré ?

Thierry Fournié : Je vais te répondre et en Français, ça te fera des vacances après Alan (rires) ! On a enregistré à Paris, dans un studio qui se situe à moins de cinquante mètre d'ici en fait. Un bon microphone, un bon pré-ampli et ça tourne ! Comme on avait beaucoup de matière et qu'on ne voulait pas mettre plus de dix titres dans l'album, cela nous a pris un peu de temps pour enregistrer et ensuite, faire le tri. On a dû en produire dix-sept ou dix-huit en tout pour n'en retenir que dix.

Craig, comment as-tu rencontré les deux membres français du groupe ?

Craig Walker : On s'est rencontrés chez l'éditeur que l'on avait en commun, en France, et on avait conclu d'écrire ensemble un disque ; mais cela n'a jamais vu le jour, celui-ci s'étant avéré être une catastrophe au final ! Ça se passait en Provence et je peux te dire que le label a perdu pas mal d'argent sur ce projet qui est tombé à l'eau. C'était en août je crois, et en décembre, nous décidions d'écrire le premier album de Mineral. Et là, ça a tout de suite fonctionné.
Thierry Fournié : En fait, on travaillait sur un titre appelé Mineral. Peu après, Craig m'a contacté et m'a demandé : « Tu ne crois pas que Mineral serait un bon nom pour un nouveau groupe ? ». Avant cela, je travaillais dans le publishing et je composais de temps en temps pour des musiques de scènes ou de théâtre...

C'est un premier album très réussi et le titre Atoms renvoie, d'une certaine façon avec ses treize minutes et sa construction multiple, inévitablement au titre Again. Quelle est la différence majeure entre ces deux morceaux selon toi ?

Craig Walker : On a écrit ce titre dans les Pyrénées, dans la ferme du grand père de Thierry. On a passé une semaine à contempler les montagnes, et je crois que cette chanson fleuve et très organique vient de là.
Alan McGee : Si tu veux aller plus profond que cela, c'est un peu comme le hasard d'une naissance. Si une femme de quarante-quatre ans fait l'amour avec son mari, il y aura cinquante pour cent de chances pour qu'elle tombe enceinte. Et même si c'est le cas, il y a de fortes chances pour que le bébé naisse prématuré. C'est une métaphore qui n'est pas si éloignée si tu penses au nombre de fois où tu vas faire l'amour dans ta vie et où la femme ne tombera pas enceinte. C'est comme ça que je vois la naissance d'Atoms ! Tu vois ce que je veux dire (rires) ?

Quel est le sens du titre de l'album, Plastic Ekphrastic ?

Craig Walker : Tu t'en souviens Thierry ?
Thierry Fournié : Ekphrastic a le même sens en Français. La définition, c'est un art qui s'inspire d'un autre art. Une peinture Ekphrastic par exemple, c'est Monet qui s'est inspiré d'un poème de Victor Hugo au 19ème siècle. C'est une inspiration qui vient d'un autre art.
Craig Walker : C'est amusant d'entendre les gens, de par le monde, tenter de prononcer Ekphrastic...

À propos du premier titre de l'album, Serial Monkey, ne serait-ce pas une histoire légèrement autobiographique ?

Craig Walker : On a tenté de faire un titre moins sombre et grave que dans le reste de l'album.
Alan McGee : Je crois que Craig a toujours voulu être dans un groupe, que ce soit avec Power Of Dreams ou Archive. Le statut de chanteur solo qu'il a expérimenté n'était pas fait pour lui.
Craig Walker : Être en solo ce n'est pas très marrant parfois. C'est beaucoup de boulot parce que tu ne peux pas te reposer sur d'autres membres et il faut rester très concentré, tout le temps.
Alan McGee : Pour avoir été manager et beaucoup d'autres choses également, je peux t'affirmer qu'avoir un associé ou un partenaire est essentiel dans ce milieu. Quand j'étais avec mon label Poptones, j'étais seul. Et c'était bien moins fun que dans 359 Music avec mon associé.

Toi qui a été impliqué dans de si nombreux groupes ou projets solo durant ta carrière, est-ce que tu vas garder certains de ces projets actifs ou vas-tu te concentrer uniquement sur Mineral désormais ?

Craig Walker : Je veux vraiment me concentrer sur Mineral. J'ai tellement papillonné à droite à gauche ces dernières années que je ne veux plus avoir à m'éparpiller. Ça fait du bien de se poser et d'avoir un projet de qualité à défendre. On va commencer à travailler sur le deuxième album très bientôt, d'ailleurs.
Alan McGee : Je suis content pour Craig parce qu'il va enfin pouvoir se concentrer pour un groupe de qualité. Combien de fois l'ai je entendu dire : « Putain, il faut encore que j'écrive des putains de chansons sentimentales pour tel ou tel groupe ». Ce n'était pas son truc. Mais il fallait bien payer le loyer.

Quelles sont les dates de tournée à venir pour Mineral ? Quelques festivals cet été ?

Thierry Fournié : En mars et avril, on va tourner dans toute la France. Montpellier, Marseille, Blois, St-Lô... Et on attend toujours les dates parisiennes. Idem pour les festivals français, dont on attend les confirmations.

Vous êtes tous des habitués de la France et certains vivent même dans ce pays, qu'aimez-vous ou non en France ?

Alan McGee : On adore les femmes (rires) !
Craig Walker : J'avoue que je trouve Paris de plus en plus difficile à vivre ces derniers temps. Cela fait longtemps que je viens ici et l'atmosphère n'est plus la même. Les gens me semblent déprimés. Du coup, cela ressemble de plus en plus à Londres dans les années 2000 pour moi ! Heureusement, la nourriture est toujours géniale et la ville par elle-même est toujours aussi belle.
Alan McGee : C'est devenu assez cher, également. Je pense même que c'est devenu plus cher qu'à Londres... Deux putains de bouteilles d'eau à l'hôtel : dix-huit euros ! C'est dingue, non ?
Thierry Fournié : Le métro reste moins cher qu'à Londres, mais la nourriture et les services deviennent hors de prix.
Craig Walker : Par contre, je trouve qu'il y a de plus en plus de bonne musique en France.

Un grand nombre de groupes anglais démarre, presque en même temps que chez eux, leur carrière à Paris de nos jours. Pensez-vous que Paris est l'égal de Londres ou Berlin pour le rock maintenant ?

Craig Walker : Ce qui est étrange, comme l'a dit Alan, c'est que l'on ne peut jamais dire ce qui va marcher ou pas en France. The House Of Love, par exemple, a très bien marché ici.
Alan McGee : En 1989 ou 1990 – je ne sais même pas si tu étais déjà un adolescent, Thierry ? – j'étais le plus junkie des managers anglais ! Un jour, Phonogram m'appelle et me dit : « Il faut que tu ailles en France avec House Of Love ». On y a fait un concert, je ne sais plus où, et on a vendu par la suite plus de quatre-vingt mille exemplaires ! Jusque-là, l'album s'était vendu à quatre cent exemplaires en Angleterre. Nous sommes revenus en France et nous avons fait deux Olympia. Là où les Rolling Stones ont joué, merde ! Je ne sais pas si cela a changé, mais en France tu ne peux vraiment jamais prévoir ce qui va marcher. Et d'ailleurs, le grand succès d'Archive me laisse penser que ça n'a pas vraiment changé en République de France.