logo SOV

Reeperbahn Festival

Hambourg, du 22 au 25 septembre 2021

Live-report rédigé par François Freundlich le 27 septembre 2021

Bookmark and Share
Le plus grand festival de club en Europe nous a accueilli en ce tout début d’automne avec sa programmation défricheuse, proposant une foultitude de nouveaux groupes britanniques et européens en devenir. Il s’agit évidemment du Reeperbahn Festival d’Hambourg, du nom de cette avenue propice à toutes les folies et constellée de lieux de culture qui ont notamment vu débuter les Beatles. D’autres artistes vont se lancer devant nos yeux, dans un festival qui a réussi à se maintenir au prix de drastiques mesures sanitaires ayant supprimé une grande partie du côté festif de l’événement. Pour la convivialité, on repassera. Pour la musique, elle est bien là ! Le quartier historique de St. Pauli nous accueille donc pour quatre jours de musique live.

SOV
Je débarque dans le nord de l’Allemagne, un peu désorienté de me retrouver dans un autre pays après une si longue attente. Le temps de reprendre mes marques et je trouve le club Molotow où j’ai choisi de débuter le festival. C’est parti pour le premier concert dans la partie Backyard, c’est-à-dire la petite terrasse Biergarten en extérieur du lieu. Le groupe qui se présente n’est pas celui prévu puisque le Londonien Wu-Lu, très attendu, n’a finalement pas pu faire le déplacement et ce sont d’autres Londoniens, PVA, qui le remplacent. Le trio électro-pop explique qu’il arrive en dernière minute, qu’il est un peu tôt pour leur musique, surtout pour un public qui doit rester assis. Qu’importe, ils balancent leurs beats minimalistes à l’influence 80’s accompagnés d’une batterie métronomique et de la voix grave et des synthés de la chanteuse Ella Harris. D’angoissantes dérivations électroniques tournent en boucle dans une techno acide, parfois relevées par quelques guitares électriques. La voix froide et monocorde s’y engouffre pour ajouter un coté cold wave à l’ensemble. On secoue de la tête tandis que les nappes de synthés psychés s’envolent dans un ciel Hambourgeois où la nuit n’est pas encore tombée. Me voilà convaincu par la froideur cosmique de PVA, même si un club en pleine nuit aurait davantage fait l’affaire.

SOV
Je rejoins finalement l’intérieur du club Molotow pour le concert des Berlinoises de Jealous. Le power-trio est complètement survolté, envoyant les décibels de guitares et batterie punk garage tout en prenant des poses glam et lascives. Originaires de Tel Aviv mais installées dans la capitale allemande, je tombe rapidement sous le charme des deux frontwomen Paz et Adi à la guitare et basse bien saturées. Le batteur n’hésite quant à lui pas à taper fort et à accélérer le tempo, tandis que les deux chanteuses vont vibrer leurs instruments, têtes contre tête, avant de s’écrouler au sol, recouvertes des décibels en larsen qui exultent de leurs guitares. On pense parfois à la folie de Amyl And The Sniffers dans toutes ces invectives corporelles. On sent bien que Jealous avaient envie d’en découdre avec le Reeperbahn pour donner l’un des shows les plus fiévreux du festival. Les deux femmes termineront au sol l’une sur l’autre en croisant leurs guitares. Du gros son, pour un festival qui commence plus que bien.

SOV
Retournons dans le jardin du Molotow pour le concert de sud-Londoniens extrêmement agités : Talk Show. Les yeux se portent immédiatement sur le charismatique leader, Harrison Swann, et son énergie folle. Sa voix possède des relents punk à la Buzzcocks mais qui n’est pas sans rappeler Sleaford Mods dans les passages parlés, ou hurlés, avec cet accent de Manchester. Les couches de guitares et la basse mise en avant à la New Order donnent un aspect post-punk, tandis que la batteuse Chloë Stacey MacGregor est déchainée derrière ses futs. Comment délivrer autant d’énergie devant un public qui a reçu une interdiction directe de danser ? Swann est une pile électrique et n’hésite pas à monter sur les bancs du public pour nous haranguer en grognant de sa voix grave et vindicative. Les textes acerbes sur la situation politique outre-Manche sont aussi piquants que les assauts électriques perturbés. Le grand concert de ce premier jour, Talk Show ont fait très forte impression à Hambourg.

SOV
Je reste dans le même coin puisque la programmation du Molotow est assez exceptionnelle ce soir. Les Irlandais de The Clockworks sont attendus, eux qui ont justement formé le groupe après avoir vu un concert du groupe précédent, Talk Show, à Londres. Les quatre lads de Galway mettent le feu aux poudres avec un rock indé se rapprochant davantage de sonorités pop à tube et une voix faisant parfois penser à Alex Kapranos (Franz Ferdinand) sur un son à la Interpol. Plus carrés que le groupe précédent, leurs titres s’impriment en tout cas immédiatement dans l’esprit, à l’image de Stranded In Stansted ou The Future Is Not What It Was qui nous fera illégalement frétiller du bassin. Des envolées post-punk à la The Smiths se cachent derrière les entremêlements de guitares toujours au paroxysme de leur puissance, sans temps mort. Il ne fait guère de doute que ce groupe de quatre irlandais dans le vent peut exploser à tout moment sur les radios britanniques après ce passage à Hambourg...

SOV
Terminons cette première soirée avec un duo atypique, les Islandais de BSÍ. Voilà un concert réconfortant avant de terminer cette journée pleine de voyages et de musique. La folktronica virevoltante de la chanteuse et batteuse Sigurlaug Thorarensen et son pull lapin, accompagnée de Julius Pollux Rothlaender à la basse et au clavier (qu’il manie des pieds ancrés dans ses chaussettes Moomin), est pleine de mignonnerie glaciale. On reconnait le charmant accent islandais qui aime faire croire que BSÍ signifie Brussel Sprout International. Ils proposent les titres de leur album Sometimes Depressed... But Always Antifascist, un bon nom pour jouer à Sankt Pauli. La voix lumineuse de Silla possède ce côté profond et joyeux à la fois, rappelant parfois Camera Obscura, se posant sur le duo basse-batterie comme un rayon de soleil sur Reykjanes. Leur titre poppy Vesturbæjar Beach à la capacité de bien s’incruster dans les mémoires, semblant vouloir nous bercer au creux de l’oreille et nous faire remuer en même temps. Voilà le concert charmant et doux qui nous manquer pour terminer en vraie beauté cette première journée.

Des masques FFP2, des marquages au sol, pas de merchandising, des pointages QR Code dans chaque lieu, de la distance et des jauges minimales mais malgré tout de la musique live et des concerts d’une grande qualité. On était bien en 2021 mais cette première journée du mercredi aura livré son lot de bonnes surprises, avec notamment un show de Talk Show au sommet. On attend le jeudi avec impatience...
artistes
    Alice Sara Ott
    anaiis
    Annelie
    Antje Schomaker
    Arp Frique
    Arvid Nero
    Atzur
    Ava Vegas
    Blanks
    Bruckner
    BSÍ
    Buntspecht
    C'est Karma
    Communions
    Dagobert
    Daughters of Reykjavík
    Drab City
    Finn Ronsdorf
    FLEKS
    Florence Arman
    FLØRE
    Fortuna Ehrenfeld
    Gaddafi Gals
    HAEVN
    Hania Rani & Dobrawa Czocher
    Immortal Onion
    Jealous
    Jeremias
    Joy Denalane
    Kadavar
    Kian Soltani
    Kid Francescoli
    Kimmortal
    Komfortrauschen
    Lisa Wanloo
    Lonely Spring
    Luke Noa
    Luna
    Luzius Schuler
    Melting Palms
    Meskerem Mees
    MOLA