logo SOV

The Departure

Interview publiée par Fab le 1er juillet 2005

Bookmark and Share
Récemment découverts en France en première partie de Hot Hot Heat, le phénomène The Departure ne cesse de prendre de l'ampleur depuis la sortie de deux singles acclamés l'an dernier. Rencontre avec Lee Irons, de passage à Paris pour promouvoir Dirty Words.

Vous avez donné votre premier concert en France avec Hot Hot Heat il y a quelques semaines, quel souvenir en gardes-tu ?

Ce concert m'a donné la chance de venir à Paris pour la première fois ! On ne savait pas trop quelle serait la réaction du public, mais au final le concert s'est très bien passé. J'ai beaucoup aimé la salle. En arrivant ici nous nous demandions si des gens avaient déjà entendu parler de nous, mais beaucoup ont apparemment passé un bon moment et ont aimé notre musique. C'était vraiment cool.

Quel est ton meilleur souvenir de cette tournée européenne ?

C'est dur à dire car nous avons joué dans des endroits totalement nouveaux pour nous ! Certains concerts ont été très particuliers, mais comme je n'étais encore jamais venu à Paris je garde un très bon souvenir de ce concert en particulier. J'ai beaucoup aimé Amsterdam, c'est une ville très calme et j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer là-bas. Hamburg reste également un excellent souvenir. Nous connaissons pas mal de gens là-bas et c'était super de pouvoir jouer devant eux. En fait je crois que toute la tournée s'est très bien passée, je me sens incapable de te dire quel a été notre meilleur show.

Tout s'enchaîne très rapidement pour vous depuis la création de The Departure, est-ce que tu peux me résumer votre histoire ?

David et Ben, notre bassiste, se sont rencontrés à l'école quand ils avaient dix ans, puis j'ai rencontré David au collège quand j'avais seize ans et que j'étudiais la musique avec lui. Il y a environ quatre ans, j'ai quitté mon ancien groupe qui a trouvé Sam pour me remplacer, et c'est à partir de là que j'ai sympathisé avec lui. Je crois qu'en fait nous nous sommes tous plus ou moins connus à travers de nos anciens groupes. Il nous a ensuite manqué un batteur et nous avons alors passé une annonce sur un site internet à laquelle Andy a répondu. Il était bizarre mais très amusant en même temps. Il s'est alors installé dans mon appartement et pendant deux mois il a vécu sans aucunes affaires !

Tout a vraiment démarré pour vous avec vos premiers concerts en février 2004, puis votre signature et la sortie de vos premiers singles. Quel est le succès de cette réussite fulgurante ?

Si seulement je savais ! Je pense que ça vient du fait que nous avons tous fait partie de groupes locaux à une époque, nous avons ainsi acquis une certaine expérience que nous avons pu réutiliser pour The Departure. Au moment de créer le groupe, aucun d'entre nous n'avait un vrai travail et une vraie vie. Nous avons alors décidé de nous prendre en main et de bien faire les choses. Mais pour réussir il fallait être ambitieux, et c'est pourquoi nous avons décidé d'écrire les meilleures chansons possibles pour atteindre le succès. Et nous l'avons fait ! Je ne sais pas comment mais nous l'avons fait !

Quelques mois seulement après votre premier concert, vous avez signé un contrat avec Parlophone. Je suppose que ce n'était pas le seul label intéressé...

C'est vrai que nous avons eu le choix entre de nombreuses maisons de disques. Nous avons décidé d'aller à Londres durant un week-end avec un CD contenant trois démos que nous avions donné à un ami afin qu'il aille ensuite en studio pour le produire. Nous sommes restés du vendredi au dimanche chez cet ami, puis le lundi nous avons pris le CD pour aller le faire écouter à des labels. Les réactions face à cette initiative ont été assez différentes : certaines personnes ne nous ont même pas laisser entrer dans leurs locaux alors que d'autres ont été très accueillantes et ont apprécié notre musique. Au début Parlophone n'avaient pas l'air convaincus, mais environ une semaine plus tard, alors que nous donnions un concert à Northampton, il devait y avoir des représentants d'au moins vingt labels dans la salle ! Le responsable de Parlophone que nous avions rencontré à Londres est ensuite venu nous parler en disant qu'il aimait notre musique et qu'il voulait travailler avec nous. Nous avons accepté car c'est un label que nous aimons tous, avec beaucoup de bons groupes et qui a une bonne réputation.

Le fait de travailler avec un label aussi connu a-t-il changé votre façon de vivre en tant qu'artistes ?

Oui totalement. Quand tu es dans un petit groupe non signé, tu n'as que très peu de libertés pour enregistrer tes chansons ou partir en tournée. Avant de signer chez Parlophone, chacun d'entre nous avait un job, que ce soit en tant que serveur dans un bar ou employé dans un magasin. David était même encore étudiant avant de décider de se consacrer à The Departure ! Tout a donc changé très vite pour le groupe à partir du moment où le contrat a été signé avec la maison de disque. Mon rêve c'était de pouvoir me consacrer toute la journée à faire de la musique, pas de devoir me lever tôt tous les matins pour aller travailler. Tout n'a pas été facile au début mais maintenant je prends beaucoup de plaisir à vivre mon rêve.

Tu n'en as pas un peu marre que la presse vous compare à Joy Division ou aux Smiths ? Ce genre de comparaison est souvent assimilé à du journalisme facile...

Je pense que ceux qui font ce genre de comparaisons sont fainéants... The Cure, The Smiths et Joy Division sont tous des groupes fantastiques, et je crois que les journalistes ont besoin de faire ce genre de comparaisons pour pouvoir classer les nouveaux groupes dans un style particulier. Je n'apprécie pas vraiment ce genre de comportement mais en même temps je comprends tout à fait les raisons qui poussent certaines personnes à réagir de cette façon.

Quels groupes citerais-tu comme vos influences principales ?

C'est difficile car nous avons des goûts très différents au sein du groupe. Il y a quand même des groupes « évidents » que nous aimons tous, comme The Cure, The Smiths ou Depeche Mode. Nous apprécions également beaucoup les premiers albums de U2, Echo & The Bunnymen, Bauhaus. Pour résumer, la génération de la New Wave nous a beaucoup influencés dans notre musique, mais cela ne nous empêche pas d'aimer certains groupes de punk comme Refused par exemple. Nous aimons vraiment de tout, du rock au jazz en passant par la pop de Blur ou Mansun. Je peux même écouter du metal ou du hardcore !

Peu de temps après votre signature, vous avez sorti deux singles très rapidement épuisés. Ca ne te gêne pas de voir les gens se les arracher à des prix fous sur Ebay maintenant ?

C'est vrai ? Je ne le savais même pas ! Je ne m'intéresse pas vraiment à tout ce qui touche à internet et Ebay, je dois avouer que ça m'effraie un petit peu. Ca me parait étrange de voir des gens payer aussi cher pour un simple single, mais en même temps je trouve ça très flatteur. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou non, mais d'une certaine façon ça me plait de voir que nos chansons peuvent se vendre aussi chères. J'ai toujours aimé collectionner les disques de certains groupes donc je comprends parfaitement que certains veuillent à tout prix posséder tous nos singles par exemple. Je pense que ces personnes sont venues nous voir en concert et ont aimé notre musique, c'est pour cela qu'ensuite elles vont sur Ebay pour trouver nos anciens CD.

Est-ce une des raisons qui vous ont poussés à rééditer All Mapped Out ?

Plus ou moins... Lors de notre signature avec Parlophone, six chansons avaient été enregistrées avec nos propres moyens, mais personne ne le savait ! Ces morceaux avaient été composés au bout de trois ou quatre mois, et on avait vraiment l'impression qu'elles n'étaient pas assez bonnes pour être écoutées. Parlophone nous a alors laissé le choix pour notre première sortie : soit un EP de quatre ou cinq titres, soit un single en édition limitée. Le single est donc sorti peu de temps après, et les 1000 copies qui avaient été pressées ont été écoulées très rapidement. Nous avons mis en vente de nouvelles copies et nous avons ainsi atteint la 30ème place des charts ! Cette chanson est une de mes préférées avec la bside qu'était Dirty Words, et j'étais très fier d'avoir réussi eu autant de succès avec. Au moment de choisir notre prochain single il y a quelques semaines, Parlophone nous a suggéré l'idée de faire comme de nombreux groupes et de rééditer All Mapped Out. Nous avons accepté cette idée mais uniquement à la condition que toutes les bsides soient des chansons inédites. Ce choix ne nous a pas toujours semblé judicieux, mais au final je pense que nous avons pris la bonne décision pour nous et pour nos fans.

La chanson Dirty Words dont tu me parles a également donné son nom à votre premier album. Qu'a-t-elle de si particulier pour toi ?

C'est une de mes chansons préférées et elle figurait donc en bside de All Mapped Out lors de sa première sortie. Nous avons décidé de donner ce titre à l'album car David décrit les paroles des chansons comme ses « dirty words », comme toutes les choses qu'il imagine dans sa tête mais qu'il n'a pas le courage de dire à haute voix. Nous étions tous d'accord quand nous avons choisi ce titre car nos chansons représentent ce que nous pensons et ressentons, mais toujours avec un coté sombre et personnel. Un peu comme notre face cachée.

Selon David, la plupart des paroles de cet album parlent de votre vie à Northampton, est-ce vraiment le seul sujet abordé ?

Si bien sûr, mais David a longtemps grandi dans une communauté religieuse et durant cette période il n'a jamais eu accès à une télévision ou un radio par exemple. A partir du moment où il a quitté cette communauté, il a énormément changé en découvrant comment était le monde. Je pense que c'est pour cette raison que beaucoup de ses chansons parlent de la culture rock mais aussi des médias. Quand tu as été privé de beaucoup de libertés jusqu'à l'université et que tu découvres la « vraie » vie à cet âge, tu apprends énormément sur ce qu'est le monde en réalité. Cette période de transition où il a découvert énormément de choses sur la vie est très présente dans les paroles des chansons. Certaines personnes vont sans doute le trouver cynique ou ironique, mais c'est sa propre vision des choses.

Dirty Words contient de nombreux titres inédits mais aussi quelques morceaux plus anciens comme Be My Enemy ou All Mapped Out. Pourquoi ne pas avoir enregistré ce nouvelles versions de celles-ci pour l'album ?

All Mapped Out, Dirty Words et Be My Enemy sont trois de nos plus anciens titres, ils figurent parmi ceux que nous avons enregistré il y a longtemps maintenant. Au moment de rentrer en studio, nous avons écouté ces trois titres, et aucun d’eux ne semblait avoir vieilli. Nous avons quand même essayé de les réenregistrer, mais aucunes des nouvelles versions ne nous satisfaisait autant que les originales. Malgré l'avis contraire de Parlophone, ces vieilles versions ont finalement été conservées pour l'album !

L'an dernier vous avez joué au Carling Weekend seulement quelques mois après votre premier concert sous le nom de The Departure. Cela devait être un peu incroyable pour vous à cette époque ?

Je garde un souvenir fantastique de ces concerts ! All Mapped Out n'était sorti que depuis quelques semaines à cette époque et nous étions prévus en troisème position sur une des petites scènes. Et quand nous avons joué ce titre durant notre set, le public s'est mis à chanter les paroles ! C'était fou, nous étions déjà heureux de jouer dans ce festival, mais voir que le public connaissait les paroles de nos chansons... Comme le single avait bien marché, les radios et les chaines musicales l'avaient beaucoup diffusé, et nous avions déjà des fans ! Nous étions émus et très fiers.

Et pour cet été ?

Nous allons jouer dans le plus de festivals possible, en Europe et en Angleterre, et notamment en France à Rock en Seine. Les festivals te permettent de jouer dans de nouveaux pays et de rencontrer tes fans, j'adore ça. Surtout quand il fait beau !

Une tournée européenne est-elle déjà prévue pour les prochains mois ?

Je pense que nous reviendrons mais je ne sais pas quand. Nous allons attendre que l'album soit sorti un peu partout pour que les gens puissent apprendre à nous connaître, et si tout se passe bien nous pourrons alors revenir jouer. J'aime donner des concerts au Royaume-Uni, mais en Europe tout est différent, le public est beaucoup plus chaleureux.