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Action Plan

Interview publiée par Fab le 25 novembre 2006

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Révélés en fin d'année 2005 lors de la sortie de leur excellent premier single, Action Plan effectuaient le mois dernier leurs premiers pas en Europe en première partie de Juliette Lewis. De quoi attirer l'attention sur la sortie de He/Blood Brothers...

C'est une très bonne surprise de vous découvrir ici en France en première partie de Juliette Lewis, mais comment l'avez-vous convaincue de vous emmener en tournée avec elle ?

Niall : C'est un très bon concours de circonstance. On travaille sans booking agent pour nos concerts, et j'envoie souvent nos démos à des promoteurs ou à d'autres groupes en espérant que quelqu'un nous repère et nous fasse jouer. Le plus souvent, ces personnes ne nous répondent même pas... mais il y a quelques semaines quelqu'un que je ne connais pas a transféré notre disque à Juliette Lewis qui a beaucoup aimé notre musique. On a reçu par la suite reçu un email nous proposant de partir en tournée au Royaume-Uni et en Europe avec elle, ce qu'on a accepté bien entendu !

Ce n'est pas un peu étrange de partager la scène avec une actrice que vous aviez probablement vue dans des films quelques années auparavant ?

Niall : On ne connaissait pas vraiment sa filmographie, mais en arrivant à la salle pour les balances, Juliette est directement venue vers nous pour nous remercier d'être venus. C'était une bonne surprise car beaucoup de groupes dont tu assures les premières parties ne te parlent même pas !

En dehors de votre premier excellent single paru l'an dernier, Action Plan reste assez mystérieux à l'heure actuelle. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur le groupe ?

Niall

: Tout a commencé il y a deux ans. Je suis ami avec Ian depuis que j'ai seize ans, et déjà à cette époque on envisageait très sérieusement de monter un groupe... tout comme Chris et Matt qui ont fait partie d'autres groupes avant notre rencontre. On s'est tous rapidement très bien entendus, et on a décidé de monter un groupe commun afin de donner quelques concerts. C'était vraiment super pour nous d'avoir un groupe, mais au bout de six mois les gens nous trouvaient toujours aussi mauvais ! (rires)
A partir de ce moment là on a vraiment beaucoup travaillé. On répétait autant que possible, on donnait quelques concerts quand c'était possible... et les choses ont fini par s'améliorer.

Tout s'est donc mis en place de manière progressive au sein du groupe ?

Niall : Exactement, mais le véritable déclic a été l'écriture de Stendhal. On a vite compris qu'on tenait là une très bonne chanson, contrairement à la plupart des morceaux qu'on avait composés depuis la formation du groupe. Dès lors, on a véritablement pris conscience de nos capacités. Stendhal est un morceau purement rock, très intense et rapide, et c'est le type de chanson qu'on avait toujours voulu écrire et qu'on continue de composer à l'heure actuelle.

Il y a donc eu en quelque sorte un avant et un après Stendhal ?

Niall : On ne joue plus aucune de nos anciennes chansons à l'heure actuelle, Stendhal est la seule rescapée de cette époque. On a par la suite donné une quantité incroyable de concerts, dont la plupart à Londres, et c'est de cette façon qu'on a rôdé le groupe.
Ian : De mémoire, on a donné neuf concerts à Londres en novembre 2005. C'était peut-être trop pour une même ville, mais chaque soir était différent pour nous. En studio tu tournes parfois en rond, mais quand tu es sur scène, le public est différent chaque soir. Tu n'éprouves jamais les mêmes choses et c'est là que tu apprends le plus. C'est sans doute pour cette raison que le live est devenu la base de notre musique.

Durant près d'un an vous n'avez sorti aucun nouveau single, y a-t-il une raison particulière pour expliquer cela ?

Niall : L'année 2006 n'a pas été très bonne pour nous. On a véritablement repris notre avenir en main cet été, et on devrait retourner en studio en décembre pour enregistrer de nouvelles chansons. La prochaine étape pour le groupe est de sortir un album en 2007, et rapidement si possible. On aurait pu enregistrer un disque cette année mais nos chansons ne nous semblaient pas suffisament travaillées. On a d'abord voulu beaucoup répéter pour s'améliorer afin que tout soit en place.

Votre position semble assez ambiguë, on sent votre envie de ne pas presser les choses mais en même temps vous envisagez la sortie d'un album d'ici quelques mois...

Niall : Sortir un album, c'est le but de tous les groupes, mais on veut vraiment qu'il soit de qualité et c'est pour cela qu'on travaille si dur. A la base je n'avais jamais pensé jouer de la guitare, ce n'était pas une contrainte mais certainement pas non plus une vocation. Il a fallu que je m'entraîne énormément pour avoir un niveau acceptable. Je ne veux pas jouer d'un instrument juste pour le principe, je veux le faire bien.

La guitare tient une place importante dans votre musique ?

Niall : Oui, mais comme tous les autres instruments. On aime écrire des morceaux plutôt courts et très rythmés, peut-être parce qu'on s'ennuie rapidement si on joue la même chose trop longtemps (rires).
Il nous arrive très souvent de tester une nouvelle chanson en studio, et parfois on réalise avant même d'être arrivé au refrain qu'on file dans une impasse et qu'on abandonnera le morceau d'ici quelques jours. On a toujours des milliers d'idées quand on entre en studio, mais on en jette la majorité par la suite.

Tout doit donc être très immédiat ?

Niall : C'est exactement l'idée ! On joue rarement plus de trente minutes lors de nos concerts, ce qui représente en général six ou sept chansons, mais on donne vraiment toute notre énergie une fois sur scène. C'est pour cette raison que nos chansons sont courtes et très directes, pour capturer l'attention du public le plus vite possible.

Quels sont les principaux groupes à vous avoir influencés à vos débuts ?

Ian : Sonic Youth, Smashing Pumpkins...
Chris : Radiohead, And You Will Know Us By The Trail Of Dead...
Niall : J'ai toujours adoré les Smashing Pumpkins, mais je pense aussi à Six By Seven pour la construction de leurs chansons et la dynamique qu'ils arrivaient à créer. Ils n'avaient pas besoin de changements de rythme incessants, ils étaient parfaitement capables d'écrire une chanson en conservant une ligne directrice puis en ajoutant de nouveaux éléments comme des couches. C'était vraiment un excellent groupe. Je pense aussi à Muse pour la complexité de leurs compositions, c'est un groupe qui a su évoluer sur tous ses albums sans jamais tourner en rond. Les musiciens sont excellents sur scène, c'est un vrai groupe live et c'est aussi pour cela que c'est une sorte de modèle à mes yeux.
Ian : C'est exactement ce que je pense de Muse. C'est véritablement un groupe majeur de notre époque, ils sont parvenus au top sans jamais gâcher leur talent.
Matt : J'ai aussi été marqué par Cable à une époque. Ce n'était pas un groupe très original, mais leurs chansons étaient toutes très efficaces. Leur batteur était exceptionnel et leur section rythmique incomparable.
Niall : Je pense qu'on pourrait aussi parler des Pixies car beaucoup de gens nous comparent à eux. Leurs chansons sont simples mais les mélodies sont extraordinaires, c’est pour cela que ce groupe est unique et tellement apprécié.
Ian : On aime aussi quelques artistes américains comme Sufjan Stevens. C’est un songwriter vraiment talentueux qui sait parfaitement manier le son des guitares.

Votre musique est donc un condensé de tous ces artistes ?

Niall : Peut-être, mais Action Plan possède sa propre identité. En tant que groupe on ressent constamment le besoin d’évoluer et de s’améliorer, chaque nouvelle chanson qu’on écrit doit être meilleure que ce qu’on a pu créer auparavant. A Londres il y a trop de groupes suiveurs qui tentent de s’inspirer des Libertines pour vendre des disques, c’est une stratégie mais ce n’est pas une bonne manière de progresser. Ces quelques derniers mois ont été très importants pour nous car ils nous ont permis de trouver notre voie et de savoir ce qu’on voulait accomplir en tant que groupe.

Quels sont les événements récents à avoir influencé vos textes, à vous avoir influencé ?

Niall : Les paroles de nos chansons sont un peu particulières. C’est sans doute très surprenant, mais je tire une grande inspiration des gratte-ciels. La religion est également très importante pour moi, tout comme les expériences de la vie de tous les jours. Je m’inspire aussi parfois de ce que je lis dans la presse, toutes ces histoires un peu bizarre que je m’approprie afin d’en faire une chanson. Blood Brothers a par exemple été écrite après que j’ai lu un article sur un « pacte de suicide » que deux jeunes filles avaient passé avant de se donner la mort. C’est quelque chose de très fort tout en étant vraiment tragique. A contrario, je ne m’imagine pas écrire un jour une chanson d’amour.

Près d’une année s’est écoulée entre la sortie de Beauty Scars/Stendhal et celle de He/Blood Brothers, ne craignez-vous pas que le public ait pu vous oublier durant ce laps de temps ?

Niall : Je n’en suis pas sûr. Nos fans n’étaient déjà pas très nombreux lorsque notre premier single est sorti... alors je suppose que les gens à nous avoir oublié ne sont pas si nombreux ! (rires).
Ian : On passe pour un nouveau groupe aux yeux de la plupart des gens, comme un nouveau départ.
Niall : He et Blood Brothers avaient été enregistrées à peine un mois après la sortie de Beauty Scars/Stendhal, mais aucune occasion de les sortir ne s’était présentée jusqu’à maintenant ! On éprouve un vrai sentiment de gâchis vis-à-vis de l’année écoulée mais on sent que les choses changent avec ce nouveau single et cette tournée avec Juliette Lewis. Une chose est sûre, on n’attendra certainement pas encore un an avant de sortir un autre disque. En 2006 on a décidé de laisser derrière nous nos anciennes chansons pour revenir en cette fin d’année avec de nouvelles idées, et c’est un challenge très excitant à nos yeux.

Beauty Scars et Stendhal sont malgré tout deux excellentes chansons, pourquoi les avoir délaissées ?

Niall : On joue toujours Stendhal lors de nos concerts, mais on laisse Beauty Scars de côté depuis quelques temps... On aime toujours autant cette chanson, mais actuellement on préfère jouer de nouvelles compositions plutôt que nos anciens titres. C’est un choix qu’on assume parfaitement, même si cela peut décevoir nos fans.

Après deux singles, qu’envisagez-vous pour la suite de votre carrière ?

Niall : On ne peut pas sortir des singles éternellement, c’est un format un peu frustrant car il ne contient que peu de chansons, et je pense que le public préfèrerait découvrir un EP ou même un album désormais. J’aimerais pouvoir sortir un mini-album dans un premier temps… on se rendra en studio en décembre et on décidera par la suite ce qu’on a la possibilité de mettre en place.
On doit s’améliorer en studio car on a souvent du mal à capturer notre énergie live quand on enregistre une chanson. Notre premier single était décevant sur ce point, mais Blood Brothers et surtout He nous ont permis de corriger ce défaut.

Les idées pour un album sont donc bien présentes dans vos têtes, il ne vous reste plus qu’à vous lancer !

Niall : On va venir à l’album, ce n’est qu’une question de temps. Notre disque ne devrait pas contenir plus de dix chansons, je ne veux pas qu’on fasse du remplissage inutile. Les derniers albums de Bloc Party et des Strokes souffrent de ce défaut. Les groupes ont voulu ajouter trop de chansons et l’ensemble est décevant au final. C’est une erreur qu’on ne fera pas.