Originaires de la ville de Birmingham où le rock semble être la seule alternative à l'ennui, The Twang ont rapidement connu le succès au Royaume-Uni avec les très efficaces singles Either Way et Wide Awake. De passage à Paris dans le cadre du festival des Inrockuptibles le mois dernier, Jon Watkin s'entretenait avec nous sur ces débuts fulgurants...
Votre succès est encore très modeste en France à l'heure actuelle, est-ce que tu pourrais présenter The Twang aux personnes qui ne vous connaissent pas encore ?
The Twang est une très longue histoire d'amitié. On vient tous de Birmingham et certains d'entre nous se sont connus il y a des années à l'école. La musique ne nous a pas vraiment rassemblés car on a grandi ensemble, à faire les quatre cents coups et à vivre les mêmes choses que les jeunes de notre âge. Il n'y a pas grand chose à faire dans notre ville à part boire dans les bars et discuter de tout et de rien, je crois que c'est cet ennui qui nous a poussé à nous tourner vers la musique. On a acheté quelques instruments et on a commencé à écrire des chansons pour rompre cette monotonie.
Quels sont les groupes qui vous ont donné l'envie de faire de la musique tous ensemble ?
Beaucoup de groupes typiquement britanniques et plus précisément originaires de Manchester, comme les Smiths ou les Stone Roses par exemple. Je pourrais aussi citer les Doves, The Libertines ou même Bob Marley car notre culture musicale ne se restreint pas à une seule ville.
La presse vous compare le plus souvent à Oasis ou Kasabian, c'est un compliment pour toi ?
Ca n'a pas d'importance pour nous, on n'écoute pas vraiment tout ce que les journalistes peuvent dire de bon ou mauvais... l'important c'est de jouer de la musique ensemble. Ce sont malgré tout deux très bons groupes qu'on apprécie beaucoup... je suppose que c'est une bonne chose d'être comparé à quelque chose que tu apprécies plutôt que le contraire non ? Mais encore une fois, ça ne nous influence d'aucune manière dans notre mode de fonctionnement.
Vous insistez souvent sur le fait que la musique d'Oasis est l'une des raisons pour laquelle vous avez fondé The Twang, de quelle manière vous ont-ils tant marqué ?
Ce groupe est une grande source d'inspiration pour nous. A la base ce sont des personnes ordinaires, comme nous, des mecs simples qui ont trouvé des instruments un jour et qui ont composé de vrais hymnes générationnels. Ils n'ont pas fait d'école d'art ou quoique ce soit, leur talent était naturel et ils se sont construits sans l'aide de personne. C'est un groupe majeur et pas seulement pour nous, il n'y a qu'à regarder combien de personnes au Royaume-Uni ont décidé de monter leur groupe après avoir écouté Oasis... A leurs débuts beaucoup de gens n'écoutaient que de la dance music mais ces mecs ont su remettre au goût du jour le rock et les guitares. Comment ne pas être inspiré par eux ?
Vous avez également eu la possibilité de travailler avec Mike Skinner (The Streets) il y a quelques mois, c'est une autre personne que vous appréciez ?
C'est une personne qui a beaucoup influencé notre musique et il nous arrivait parfois de parler de lui, notamment lorsqu'un article parlait de lui dans le journal. Dès qu'une personne nous suggérait l'idée de collaborer avec un autre artiste, son nom revenait systématiquement dans nos conversations. Notre management a donc pris l'initiative de le contacter, il a écouté notre single Either Way et il a accepté de nous rencontrer pour discuter d'une éventuelle nouvelle version du titre. Il aurait pu se contenter de modifier quelques éléments comme la majorité des DJs le font mais il s'est vraiment impliqué dans le projet, il a insufflé beaucoup de nouvelles idées et il a même chanté certaines des paroles. Le résultat nous a totalement satisfait.
Votre image dans la presse est celle d'un groupe dur et typiquement anglais. Est-ce que cela correspond vraiment à la réalité ?
Je crois qu'on méritait cette description durant les mois qui ont suivi la formation du groupe... tout cela va de paire avec le rock non ? L'alcool, les rivalités, les provocations... tout cela fait partir du jeu. Il y a eu quelques accrochages dans des soirées mais on ne sort jamais dans l'optique de chercher la bagarre avec d'autres personnes, je suppose que l'alcool déclenche parfois des réactions un peu disproporitionné quand il est mélangé avec une certaine excitation.
T'es tu déjà posé la question de savoir ce que tu ferais à l'heure actuelle si The Twang n'existait pas ?
Je préfère ne pas y penser ! [rires] J'aurais très certainement un boulot merdique dans une usine mais j'aurais aimé pouvoir étudier l'art de plus près. Je ne suis pas un grand connaisseur mais la photographie m'intéresse beaucoup, peut-être qu'un jour j'aurais l'occasion de m'approcher de ce domaine.
Tout est allé très vite pour vous depuis la sortie de votre premier single au mois de mars... le ressens-tu de la même manière ?
Très vite mais pas trop vite... Notre vie a malgré tout beaucoup changé avec cette nouvelle reconnaissance, toutes nos habitudes ont été bouleversées et l'argent a commencé à rentrer plus vite qu'il ne sort. On n'était pas malheureux à ce moment là mais d'un seul coup on a pu quitter nos jobs et partir en tournée aux quatre coins du pays ! C'était surprenant de voir la presse et les radios s'intéresser autant à nous sans véritable raison. Il faut savoir relativiser par rapport à toute cette excitation car le NME aime lancer un nouveau groupe toutes les semaines, c'est sur la durée qu'on verra ce qu'on a dans le ventre.
Internet semble avoir joué un rôle certain dans votre progression, penses-tu que The Twang a suivi la voie des Arctic Monkeys et de toute la génération Myspace ?
Non, vraiment pas ! On a profité d'Internet comme tous les groupes mais on n'a pas utilisé cet outil comme rampe de lancement, on a même passé de longs mois sans véritable site officiel. Notre évolution a été très classique... un buzz est né au sein de l'industrie musicale après un certain nombre de concerts et B-Unique nous a proposé un contrat. Toute une structure était déjà installée derrière nous avant même la sortie de notre premier single.
A ce propos, comment B-Unique sont-ils parvenus à vous convaincre ? Je suppose que beaucoup d'autres maisons de disques se sont manifestées auprès de vous ?
Les discussions ont pris du temps car beaucoup de personnes ont soudainement été intéressées par nos chansons. On a donc logiquement rencontré de nombreux labels pour discuter avant de prendre une décision finale. On a pesé les pour et les contre, fait le tri parmi les bonnes ou mauvaises offres... un choix tout ce qu'il y a de plus classique. Le courant est très bien passé avec B-Unique, c'est un petit label sérieux qui possède de plus un catalogue de qualité.
L'arrivée de Stu Hartland au sein du groupe est-elle selon toi l'élément qui vous a permis de passer un cap ?
Sans l'ombre d'un doute ! La guitare est la base du rock, et sans une personne douée pour cet instrument dans le groupe personne n'aurait jamais voulu nous offrir un contrat. Stu est vraiment l'un des guitaristes les plus doués au Royaume-Uni à l'heure actuelle, il est très technique mais il est aussi capable de changer sa manière de jouer très facilement. Son arrivée nous a vraiment permis de changer de statut.
De quelle manière vous a-t-il permis d'évoluer dans la bonne direction ?
Juste en jouant de la guitare ! [rires] Il s'est très vite intégré et il a beaucoup apporté dans le processus d'écriture des chansons. Je pense que les personnes qui nous connaissaient avec qu'il arrive peuvent sentir une vraie différence, avec moi en tant que guitariste le groupe ne serait pas allé bien loin !
La particularité de The Twang est le partage du chant entre Phil Etheridge Martin Saunders, est-ce venu naturellement ?
Phil et Martin sont les deux voix du groupe mais leurs styles sont très différents, c'est sûrement pour cela que chacun apporte tout autant que l'autre. Leurs échanges et la rotation mise en place permettent de créer une certaine dynamique... aucun des deux ne prend le pas sur l'autre, cela n'a rien à voir avec la plupart des groupes qui ont un chanteur principal et une personne en charge des backing vocals. Tous les deux sont d'excellents frontmans.
A l'écoute de vos chansons on pourrait penser que vous êtes un groupe typiquement britannique : vous aimez la bière, le football, les bars... de quelle manière affirmez-vous votre identité ?
On ne se contente pas de suivre les codes et les règles comme beaucoup d'autres groupes, on essaye vraiment d'imposer notre style. Les chansons de l'album sont très variées, avec différentes textures, et je crois que notre volonté de chercher une certaine diversité est perceptible. En ajoutant à cela un travail d'écriture très poussé je pense que la recette est assez efficace...
Après avoir connu le succès au Royaume-Uni, qu'attendez-vous de votre venue en Europe et plus précisément en France ?
Je dois dire que je suis très excité par rapport au concert de ce soir, ce sera une soirée un peu particulière pour nous...
La culture musicale en Europe est très différente de celle de votre pays d'origine, ressentez-vous une différence lors de vos concerts ?
Je ne sais pas comment décrire cela... on a déjà donné quelques concerts en Allemagne et la réaction du public m'a parue vraiment très positive. Les gens avaient une vraie attente vis à vis de nous, je percevais la même excitation que lors des concerts au Royaume-Uni. Je ne peux qu'être confiant pour nos prochaines prestations en Europe. La seule véritable différence de culture est liée au Japon selon moi, les gens y sont très différents et un peu fous par moment !