Little Boots

Comment vas-tu depuis ta dernière venue à Paris ?

Plutôt bien, je suis impatiente de voir comment ce concert va se dérouler en comparaison avec le dernier en première partie de The Ting Tings.

Tu n'as que très peu joué en Europe jusqu'à maintenant...

Je vais donner quelques concerts en France pour le Festival des Inrockuptibles et une date aux Pays-Bas est aussi programmée. En dehors de cela et de quelques festivals l'été dernier, je n'ai pour ainsi dire pas joué en Europe. J'ai simplement été très occupée... je me suis rendu plusieurs fois au Japon où le public m'apprécie beaucoup ainsi qu'aux Etats-Unis et en Australie, il est difficile de satisfaire tous les pays !

En France, le public ne te connais pas vraiment. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Mon vrai nom est Victoria Hesketh mais je suis connue en tant que Little Boots. Je suis originaire de Blackpool mais c'est à Londres que je vis maintenant, et si je devais décrire ma musique je dirais que je joue de l'électro-pop !

Tu t'es d'abord fait connaître en tant que chanteuse de Dead Disco...

J'ai commencé à jouer de la musique bien avant Dead Disco en réalité, quand je n'étais encore qu'une toute petite fille. J'ai fait partie de plusieurs groupes au fil des années, jusqu'à Dead Disco puis Little Boots...

Quand as-tu réalisé que l'aventure Dead Disco touchait à sa fin ?

Ce fut une évolution progressive. Petit à petit nous avons pris de moins en moins de plaisir à donner des concerts ensemble, et lorsque nous avons essayé d'écrire de nouvelles chansons pour achever notre premier album, ce fut encore pire. Nous avions sans doute besoin de suivre des trajectoires différentes.

Comment expliques-tu que tu aies cette fois-ci démarré un projet solo plutôt que de monter un autre groupe ?

Au départ, je n'avais pas la moindre idée de ce que j'allais faire pour être honnête. J'avais mis quelques chansons de côté et j'ai commencé à les exploiter toute seule, et petit à petit tout s'est mis en place.

Le nom de Little Boots sonne presque comme un nom de groupe !

Je n'aurais pas pu garder mon propre nom, il n'est pas assez catchy (rires) ! Je préférais choisir un nom qui puisse être adapté au projet et pas seulement à moi-même. C'est une expression trouvée par une de mes amies qui a toujours pensé que j'avais de petits pieds, une blague idiote qui a un peu dégénéré donc...

Imagines-tu former un autre groupe un jour ?

Je ne pense pas. J'ai été obligée de monter un groupe pour jouer mes propres chansons devant le public mais c'est une expérience différente. Le plus dur a été de trouver les bonnes personnes mais j'ai eu un peu de chance. Je me suis immédiatement bien entendu avec mon batteur, Ben, qui m'a par la suite présenté l'un de ses amis pour jouer des claviers. Dès le départ j'ai ainsi pu m'entourer avec deux bons musiciens.

D'autres artistes féminines comme LA ROUX ou Lily Allen ont connu un certain succès cette année, penses-tu que cela t'a servi d'une quelconque manière ?

Je n'en ai pas l'impression, nos univers sont vraiment trop différents. Je sais que l'on parle beaucoup de nous et je ne vais pas nier que nous nous connaissons un peu, mais nous n'avons pas l'habitude de passer ou du temps ensemble ou de partager quoique ce soit. Au final, la seule chose qui nous rapproche vraiment, c'est le fait que nous soyons des femmes qui réussissent en solo et non pas au sein d'un groupe.

Ton album avait énormément été comparé à celui de LA ROUX lors de sa sortie, comment l'avais-tu vécu ?

Cela ne m'avait pas particulièrement affectée... je ne suis pas sûr que ce soit très approprié en réalité, nos personnalités sont vraiment différentes. J'ai même le sentiment que l'on m'a plus rapproché de Lady Gaga par exemple, peut-être parce que nous sommes blondes toutes les deux (rires) ! Les journalistes aiment confronter les artistes, cela leur apporte plus de matière pour leurs articles...

Tu cites souvent le disco, la pop ou l'eurodance parmi tes principales influences, où est le juste milieu selon toi ?

J'ai toujours été intéressée par des artistes de l'époque disco, qu'ils soient connus ou non, mais aussi des groupes des années 80s qui utilisaient les sons de claviers. Je pense à The Human League mais aussi Kate Bush et David Bowie dont je suis très fan. Parmi les artistes actuelles, j'apprécie particulièrement Marina & The Diamonds et Ellie Goulding qui devraient faire parler d'elles en 2010.

L'aspect un peu décalé de ta musique se reflète aussi dans tes artworks et vidéos où la science fiction et l'heroic fantasy sont omniprésents...

Je m'inspire de divers travaux de plus ou moins bon goût. La plupart de mes artworks me permettent de m'évader vers un monde fantaisiste et décalé. Je trouve cela plutôt amusant, c'est presque une blague de ma part, il ne faut pas le prendre au premier degré. J'aime juste ce genre d'images...

Sur scène, ton univers est beaucoup moins mis en avant pourtant, c'est un choix ?

Pas vraiment, je le regrette même un peu. Certaines contraintes m'empêchent de faire exactement ce que j'aimerais, mais c'est un aspect que je souhaite vraiment développer par la suite. Proposer des concerts avec plus de visuels, quelque chose de plus impressionnant qui s'accorde avec mes goûts.

Tu ne te produis jamais sans ton tenori-on, peux-tu m'en dire un peu plus sur cet appareil ?

C'est un appareil high-tech venu du Japon. Il est composé d'une tablette affichant différentes lumières en fonction des sons, il est donc possible de composer différents types de séquences et d'enchaînements en pressant certaines parties du cadran. C'est tout aussi visuel que manuel...

Quels sont tes autres instruments de prédilection ?

J'aime tous les types de synthétiseurs et de claviers bien évidemment, mais aussi les différents gadgets que l'on pourrait me présenter, surtout s'ils sont apparus dans les années 70s ou 80s. Lorsque je compose je préfère toutefois utiliser un piano classique dont je joue depuis toute petite...

La plupart de tes chansons ne reflètent pourtant pas réellement ton amour pour cet instrument...

Sur l'album, les chansons sont plus évoluées et j'utilise mes autres instruments pour les sessions d'enregistrement. Je commence par composer la musique avec le piano puis j'écris mes textes en conséquence. Les arrangement viennent par la suite.

Quels sont justement les principaux thèmes de tes chansons ?

Il n'y en a aucun qui sorte du lot, je m'inspire de ce que je vis tous les jours. Je ne cherche pas à me démarquer ou à écrire sur la célébrité comme le fait Lady Gaga... comment peut-on parler de quelque chose que l'on n'a encore jamais connu ? Je préfère parler de ce que tout le monde est capable de ressentir chaque jour, des choses simples comme l'amour, les peurs ou les rêves.

Ton album, Hands, avait atteint la cinquième place des charts au Royaume-Uni lors de sa sortie, était-ce une satisfaction ?

C'est évidemment une belle satisfaction mais les charts n'ont plus de réelle signification de nos jours, ils sont sans cesse chamboulés et les téléchargements ont tendance à tout compliquer. J'ai aussi été agréablement surprise par l'accueil que la presse a réservé à mon album.

Tu avais choisi Joe Goddard de Hot Chip et Greg Kurstin pour le produire, pourquoi eux en particulier ?

Ils avaient tous les deux de bons arguments pour me convaincre de travailler avec eux. Leurs suggestions à propos du son et de la manière d'enregistrer l'album étaient les plus intéressantes.

Tu es maintenant plus connue que tu ne l'étais il y a encore quelques mois, cela a-t-il changé ta manière de vivre en tant qu'artiste et ta vision à plus ou moins long terme ?

Il faudrait que je commence par écrire de nouvelles chansons pour le savoir, ce que j'ai été incapable de faire ces derniers mois car j'ai été bien trop occupée (rires) !