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Kaito

Interview publiée par Jérôme le 17 mai 2004

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Juste avant une prestation convaincante sur la scène du Café de la Danse pour leur passage en tête d'affiche au festival Les Femmes s'en Mêlent, Dave et Gemma, réciproquement guitariste et bassiste de Kaito, répondent avec attention et générosité à nos quelques questions.

Vous n’êtes pas encore très connus ici, pourriez-vous présenter brièvement le groupe au public français ?

Gemma : Nous sommes Kaito, groupe anglais underground de Norwich. On s’est formés en 1996. Nikki Colk est la guitariste chanteuse, Dave Lake le guitariste, Dieta Quantrill à la batterie et moi-même, Gemma Cullingford à la basse.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Dave : Nikki et moi habitions dans le même quartier. On jouait chacun de notre coté avec nos groupes respectifs. Quand on s’est rencontrés en 96, et que l’on s’est rendus compte que nous avions les mêmes goûts musicaux, l’idée de créer notre groupe est venue naturellement. Gemma jouait de la guitare dans un groupe également, et elle a voulu venir jouer avec nous. Elle a donc acheté une basse, et a appris à jouer en même temps qu’elle apprenait les morceaux que nous avions déjà avec Nikki. Puis nous avions besoin d’un batteur, Dee un vieil ami commun l’était depuis un bout de temps, on lui a demandé et voila.

Kaito est un nom assez original. D’où vient-il ?

Gemma : Kaito est le chat de Nikki. Et puis nous voulions un nom qui sonne comme une sorte de projet bizarre. Le nom du chat collait parfaitement.

Band Red votre second album est sorti un an plus tôt aux États-unis avant l’Europe. Y a-t-il une raison particulière à ce décalage ?


Gemma : Pendant qu’on tournait aux États-unis, un type est venu nous voir après un concert. Il était de chez Devil In The Woods, un petit label américain, et voulait, après être tombé sur le Montigola Underground EP, sortir notre deuxième album. Mais il ne pouvait le sortir que là-bas. Paul Smith de Blast First n’est venu que bien plus tard à notre rencontre pour sortir Band Red en Europe. Le retard était indépendant de notre volonté.

Vous marchez tout de même mieux aux États-unis qu’en Angleterre. N’est-ce pas un peu frustrant ?

Dave : On n’a pas vraiment eu le temps de se concentrer sur l’Europe. Les opportunités ont fait que nous avons plus tourné là-bas et donc eu plus de succès. Ce n’est frustrant que parce que nous sommes loin de chez nous.

Vous avez tourné avec Liars, Clinic et d’autres. Quel est votre meilleur souvenir ?

Gemma : Tourner avec les Liars était vraiment génial. Ça nous a beaucoup inspirés. Ces types sont tellement doués.
Dave : Liars est en effet notre meilleure expérience. Ils sont vraiment bons. Ils avaient sorti un premier album que tout le monde avait adoré et ils ont eu le courage d’arriver sur scène pour présenter leur nouvel album, bien plus difficile d’écoute.
Gemma : On les a vus hier soir à Edinburgh. On ne les avait ne pas vus depuis novembre dernier et ils avaient vraiment évolué. Je me souviens que déjà chaque soir, leurs shows étaient différents. Et là, je me suis rendu compte que ça me manquait vraiment de tourner avec eux.
Dave : C’est vraiment sympa de tourner avec un groupe qui a le même esprit que vous. Quand tu crées un groupe, ce n’est pas pour être une pop star, seulement pour jouer de la musique. Pourtant on a vu des types dans des groupes qui semblaient dire : « Hey regarde moi, je suis beau, je joue trop bien de la guitare ». Liars ne sont pas ce genre de flambeurs. Là on parle de créativité, de confiance en ce que tu fais.

Est-ce que cette relation avec Liars vous a aidé à signer chez Blast First (où Liars étaient signés) ?

Dave : Non c’est un coïncidence, quand on a signé sur Blast First, Liars n’y étaient plus, ils étaient allés signer sur Mute.

Vous êtes souvent comparés aux Yeah Yeah Yeahs et à Sleater Kinney. Flattés ou agacés ?

Gemma : C’est évidemment un compliment. Mais pas vraiment fondé. A part le fait que ce soit une fille qui chante et l’énergie présente sur les disques, je n’ai pas le sentiment que nous nous ressemblions vraiment.
Dave : Non c’est bien, ce sont de bons groupes, ça aurait pu être pire. Mais il suffit d’écouter l’album pour se rendre compte de nos différences.

Votre opinion sur le NME et sa capacité à faire la pluie et le beau temps dans la musique ?

Gemma : Ca craint.
Dave : D’un coté c’est toujours bon que le NME parle de toi. Mais d’un autre coté il est vrai que c’est n’est pas forcément bénéfique de se faire connaître que par le NME.
Gemma : Car tu peux faire la couverture une semaine et te faire détruire celle d’après. J’imagine que ça doit être assez délicat et inquiétant de se retrouver dans cette situation.
Dave : Toutes les personnes que je connais qui font de la musique recherchent inévitablement la reconnaissance, c’est naturel. Tu as toujours envie de faire apprécier ta musique aux autres. Après les moyens pour te faire connaître peuvent être plus ou moins bons. Il vaut mieux évidemment qu’on s’intéresse à toi que pour ta musique. Avec son format tabloïd, le NME aime à s’attacher aux à-côtés des groupes. Et là par contre ça devient pas très cool qu’on parle de toi dans ce cadre-ci.

Quel regard portez vous sur le succès fulgurant des chouchous du NME, comme Franz Ferdinand ?

Dave : Je leur souhaite bonne chance.
Gemma : surtout qu’ils ne sont pas mauvais, le NME a défendu des groupes bien pires. Une chose est sure, c’est que c’est vraiment bénéfique d’avoir le NME à ses cotés.

Vous avez dit que le NME pouvez détruire des groupes. Ne craignez-vous pas cette situation ?

Dave : C’est une possibilité en effet. D’abord il faudrait que le NME nous encense, ce n’est pas encore le cas. Après il reste des magazines comme Kerrang, magazine de métal certes mais vraiment ouvert, qui se concentre exclusivement sur la musique. Il vend plus que le NME en plus et fait de très bonnes reviews. Ça ne serait pas si dramatique de perdre le soutien du NME, on a fait sans eux jusqu’à maintenant.

Dave, tu as un style de guitare bien particulier. Tu peux nous en dire plus ?

Dave : Oui, c’est à cause d’un problème au poignet. Je suis limité dans mes mouvements, je ne peux pas le tourner complètement. J’ai bien essayé de jouer normalement, mais je me suis vite rendu compte que cela ne servait à rien, je jouais vraiment moins bien de cette manière. J’ai compris qu’il fallait que j’adopte mon propre style si je voulais que cela soit efficace. Et le fait de jouer dans Kaito est vraiment génial. Ça rentre parfaitement dans l’esprit : notre son me permet d’inclure ces dissonances, de jouer avec mon propre style. Mais ce n’est pas la seule manière de laquelle je peux jouer.

Comment composez-vous les morceaux ? Prenez-vous tous part au processus ?

Gemma : Oui absolument. Quand on compose, on est ensemble. La plupart du temps cela vient comme ça pendant les répétitions, juste en jouant, et on met ça sur minidic. Nikki y appose ensuite ses textes.

Le son de Band Red est vraiment brut, presque live. Pourquoi avoir recherché ce son ?

Dave : D’abord on a eu peu de temps pour enregistrer l’album. On ne faisait qu’une seule prise la plupart du temps. Et puis c’est assez amusant. L’album ressemble presque à un documentaire qui montrerait comment on travaille, on aime bien cet esprit.
Gemma : Aussi on veut pouvoir jouer les chansons sur scène sans que le public ait le sentiment d’avoir quelque chose en moins par rapport à l’album.

Vous avez l’intention de travailler de la même manière pour le prochain album ?

Dave : Oui, assurément. On aime cette façon de bosser. On pense qu’on va d’abord composer en studios, puis aller tester les chansons sur une mini tournée de deux semaines, puis retourner en studio pour les enregistrer. Ça permet a chacun de trouver sa place sur l’album. Là on a vraiment tous la même importance. L’enregistrement live nous rend tous égaux c’est vraiment bénéfique.
Gemma : En plus l’avantage est qu'après on arrive sur scène plus confiants car on à l’assurance que le passage du studio à la scène se fera bien.

Quels sont vos groupes favoris ?

Gemma : Je n’arrive jamais à me rappeler ce que j’écoute dans ma chambre.
Dave : On a joué hier soir a un festival Mute en Ecosse, et il y avait un groupe Pan Sonic. Ils ont une capacité à développer un chaos sonore totalement maîtrisé, un peu a la Liars. Les Liars aussi bien sur qu’on a vu hier qui sont tout simplement bluffant. Dans un tout autre genre les Beach Boys aussi.
Gemma : Oui les Beach Boys. J’ai découvert beaucoup de trucs bien récemment, mais je n’arrive pas à m’en rappeler là, tout de suite. Il y a un groupe de Chicago, Majong, qui est vraiment bon.

Vous gardez un bon souvenir de votre passage à Paris en Novembre dernier ?

Dave : Oui bien sûr, la ville est vraiment super. C’était notre premier concert ici donc les gens n’étaient pas forcément vraiment dedans, mais ça reste un très bon souvenir. Ce soir ça risque d’être très bien, la salle est super. Le seul problème est que nous devons limiter le volume sonore, je dois toujours aller baisser le volume pendant que je joue.

Qu’est ce que l’on peut souhaiter a Kaito pour cette année 2004 ?

Gemma : Un single vers octobre, une tournée à la même période avec de nouvelles chansons, ça serait déjà pas mal