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OTHERKIN

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 15 décembre 2017

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Les jeunes irlandais d'OTHERKIN reprennent avec fougue et panache le flambeau des tous meilleurs groupes garage. Auteurs d'un excellent premier album cette année, OK, ils se révèlent explosifs sur scène comme l'a encore démontré leur récente tournée européenne. Rencontre à Paris avant leur intense concert à la Mécanique Ondulatoire.

Vous avez formés le groupe à Dublin ?

Oui. Nous nous sommes effectivement rencontrés à Dublin. A la fin de nos études, nous sommes allés à Toronto comme le font souvent les étudiants irlandais pour travailler à l'étranger quelques mois. Nous avons commencé à jouer ensemble là-bas, pour le fun. Au début du groupe, ce n'était pas très sérieux. Nous répétions seulement une fois par mois. Mais nous nous sommes assez rapidement dit que nous aimerions passer aux choses sérieuses.

Votre second EP est paru l'an dernier. Vous n'avez mis qu'un an avant de sortir votre premier album. Cela a été très vite...

Nous avon essayé d'écrire le plus de morceaux possibles. Nous trouvons que les groupes mettent souvent trop de temps entre leur premier et leur deuxième album. Nous avons d'ailleurs déjà des morceaux pour le prochain. Nous commencerons à nous mettre dès la fin de cette tournée. Il y a une pression particulière pour le deuxième album. Quand tu penses par exemple à celui des Artic Monkeys, qui voulaient marquer encore plus les esprits après le carton de leur premier... On a pour ambition d'évoluer, de ne pas être dans la redite. C'est cela le plus important.

Vous considérez-vous comme un groupe garage ?

Oui. Totalement. Nous sommes vraiment dans cet esprit là. Dans la façon dont nous enregistrons et pensons la musique, nous le sommes définitivement.

On parle souvent des Strokes et des Hives comme influences du groupe...

The Strokes, définitivement. The Hives, un peu moins. Leurs singles sont super mais les albums ne sont pas au même niveau d'excellence. Les Strokes, c'est un peu la musique qui a bercé notre adolescence.

Et puis il y a bien sûr une énergie punk chez vous...

Complètement. Certains membres du groupe ont commencé leur carrière de musiciens dans des groupes punk de Dublin. Dans des trucs bien plus durs que ce que nous faisons aujourd'hui, et plus bordéliques aussi (rires).

Si nous avons envie d'écrire un morceau pop, nous le faisons.

Malgré ce côté punk, vous n'hésitez pas à écrire des morceaux très pop comme Come On, Love...

Nous ne nous interdisons rien. Si nous avons envie d'écrire un morceau pop, nous le faisons. Certains groupes dans notre style musical se disent que c'est être vendu que d'écrire un morceau pop, mais lorsque tu écoutes Nirvana, qu'est-ce que c'est, sinon de la pop ? Nous n'avons pas de barrières musicales. Nous ne nous considérons pas comme un groupe punk ou pop. Nous avons joué au Download Festival qui a une image métal. Nous étions sûrement le groupe le plus pop de l'affiche et c'était cool.

J'imagine que c'est plus agréable de vivre à Dublin qu'à Londres par rapport à la pression de l'industrie musicale ?

C'est important pour nous d'y vivre surtout que la plupart de nos morceaux sont influencés par la ville, notamment au niveau de l'écriture. Nous parlons des problèmes sociaux de Dublin, des problèmes de drogues dans cette ville, par exemple.

Vous considérez-vous comme un groupe politique ?

Non. Nous écrivons avec une conscience sociale mais sans vouloir nous définir comme un groupe politique. Après le Brexit, nombre de groupes ont commencé à se dire politiques mais lorsque tu écoutes leurs paroles, tu te rends compte à quel point elles sont creuses et stupides.

89 est un morceau inspiré par l'album 3 Feet High And Rising de De La Soul...

Oui, comme nous te le disions tout à l'heure, nous ne sommes pas exclusifs en matière de musique. Nous aimons la pop mais aussi le rap. Nous écoutons de tout. Nous aimons bien De La Soul, avec leur image loin de celle du gansta-rap, un rap cool et hippie dans l'âme. Le morceau fait encore davantage référence à tous les changements advenus cette année-là : la chute du Mur de Berlin, celle des régimes de l'Est...

J'ai l'impression qu'en Irlande, il existe une grande curiosité musicale et peu de barrières entre les différentes scènes...

Oui, c'est vrai. Je pense que cela vient du fait que le pays est petit. Nous avons des amis dans des groupes hip-hop. Toutes les scènes se connaissent et se croisent. En Angleterre, tu as des gens qui n'iront qu'aux concerts indie mais en Irlande, ce n'est pas comme ça.

Vous avez enregistré l'album à Dublin ?

A côté de Dublin. Au milieu de nulle part. Chez un mec qui jeune était à fond dans les scènes métal et punk et qui aujourd'hui aime l'ambiance cool de la campagne.

Pourquoi avoir appelé l'album OK ? Pour ce côté ultra simple ?

Oui, tout à fait. C'est universel. Simple, comme tu le dis, et ça se mémorise bien.

Nous avons des rapports d'amitié avec les gens de ce label.

Vous avez signé chez Rubywork Records. C'est un label irlandais ?

Oui, c'est un label de Dublin. Nous sommes bien chez eux, bien mieux que si nous étions chez une major. Nous avons des rapports d'amitié avec les gens de ce label. Ils nous ont laissé faire ce que nous voulions. Nous n'en revenions pas même qu'ils ne nous donnent pas de nouvelles lorsque nous enregistrions. Nous nous sommes dit « Merde ! Et s'ils trouvent le résultat pourri ? » (rires). Nous sommes l'unique groupe rock de ce label. Ils ont des artistes comme Hozier, O.R.B, Rodrigo y Gabriela...

Certains vous présentent comme le futur du rock en Irlande. Cela ne vous met-il pas trop de pression ?

On a souvent dit à des groupes, vous serez « the next big thing ». C'est encore plus vrai dans le milieu indie. Il y a aussi le fait qu'il y a un moment qu'un groupe irlandais n'a pas explosé mais nous ne nous préoccupons pas de cela. Nous faisons ce que nous aimons sans nous soucier de quoi que ce soit. Nous savons que des groupes ont été surmédiatisés avant d'exploser en plein vol.

Votre tournée européenne a été énorme tant au niveau du nombre de dates que des pays visités...

Oui, nous avons donné plus de cinquante concerts. Nous avons visité vingt-cinq pays dont vingt dans lesquels nous n'avions jamais mis les pieds. En Slovénie, nous avons halluciné de voir une fille avec un tatouage dans le dos représentant le logo de notre album. Les réactions ont été très positives partout où nous sommes allés. En France, nous avons joué à Paris et à Arles et cela a été vraiment très cool dans les deux villes. Nous avions déjà joué en France, aux Eurockéennes. Nous aimerions beaucoup rejouer dans les festivals français cet été.