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Isaac Gracie

Interview publiée par Albane Chauvac Liao le 18 janvier 2018

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Isaac Gracie n’aime pas les médias sociaux, alors que fait-il ? Il aime regarder des vidéos live sur Youtube et beaucoup de documentaires. Il est plus Youtube que Facebook et souffre de ne plus être à l’époque du free love des Doors, aujourd’hui le contact est virtuel.

Son premier EP The Death Of You & I est une rêverie. C’est à travers l’écriture que Isaac reconnecte son état d’esprit, en veille depuis qu’il a commencé à enregistrer, il y a deux ans. On l’a rencontré pour tenter de déchiffrer son univers, entre processus créatif, Blade Runner et notre rapport au monde actuel.

Tu as récemment sorti ton premier EP The Death Of You & I. Pourquoi ce choix ?

Parce qu'il le faut. Au début de cette année, j'ai écrit les chansons, ça s'est passé très vite. Un mois après on était en studio. Une semaine à Notting Hill puis une autre à Elephant & Castle.

Quel est ton moment préféré dans tout ce processus ?

L'écriture. Il n'y a pas meilleure sensation que la satisfaction d'avoir écrit une chanson, de la justesse de l'enregistrement. Mais une grande partie du processus est empreinte de doutes, c'est une période très intense. L'écriture et l'enregistrement se sont déroulés quasi simultanément.

Dans quel état d'esprit as-tu besoin d'être pour écrire ?

J'adorerais savoir dans quel état d'esprit je suis ! Je ne peux entièrement capter ce que je ressens, comment je me sens. La pression de ces deux dernières années m'a aveuglé dans mes sensations. Mon écriture est moins guidée par mon contact aux émotions. Plus que de prendre un morceau d'argile et le modeler avec mes mains, il s'agissait d'observer ce morceau d'argile et dessiner une sorte de diagramme représentatif de ce à quoi la chanson devait ressembler. Aujourd'hui, j'ai du recul dans le regard, je ne suis plus entièrement aspiré. Une écriture plus consciente de soi, prendre ces émotions et les placer dans le mixeur de l'écriture.

Si tu pouvais choisir de vivre une autre époque, laquelle serait-ce ?

Jeff Buckley a toujours été une grande inspiration pour moi. Mais aussi des gens comme Thurston Moore (Sonic Youth), du grunge de l'extrême. J'idéalise les sixties, Bob Dylan, c'est une vision démente à laquelle j'aurais aimé participer, le free love des Doors, un engouement pour la musique, l'expérience. Aujourd'hui il est difficile de se connecter, se dédier à la vie, chaque chose demande une explication, pas facile de se laisser aller à l'amour du son quand on est sans arrêt évalué, ça va à l'encontre de l'idée simple d'existence. On doit toujours être connecté à l'autre, on ne sait plus comment valoriser son temps, son espace. Il y a de nouveaux challenges.

L'esthétique de tes vidéo clips me fait penser aux films de Jane Campion, aux photos de David Hamilton. Quels sont tes coups de coeur artistiques ?

Jane qui ? Ah je n'aime pas quand il y a des références que je ne connais pas ! (Rires) Pour moi, le cinéma est la forme artistique qui peut encore s'épanouir. Wes Anderson, Paul Thomas Anderson, Steven Soderberg... on est assuré d'être pris dans une histoire. Le dernier Blade Runner par exemple, lent à un point inimaginable. Ça allume une ampoule dans ton cerveau, soudain cette autre chose existe. Côté musique, la mystique est un peu perdue pour moi depuis que j'en ai vu les rouages...