logo SOV

Lewis Evans

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 24 mai 2022

Bookmark and Share
Personnage attachant et artiste talentueux Lewis Evans nous revient avec un magnifique album, L'Ascension. Un disque pop touché par la grâce. Entretien.

Après la sortie de l'EP Le Rayon Vert, tu avais vendu tes guitares et avais décidé d'arrêter la musique. Tu étais même devenu jardinier...

A ce moment-là, j'avais des dettes. J'avais acheté une maison et en plus je ne savais pas qu'il y avait besoin d'un titre de séjour pour vivre en France. Il fallait donc que je travaille. En plus je me suis posé plein de questions par rapport à ma carrière. J'étais fier de mon EP mais il parlait d'événements qui m'avaient touché et cela avait ouvert la boîte de Pandore. Je me suis inscrit à un CAP de jardinage, j'ai vendu mes guitares. Je bossais sur les ronds-points à enlever les mauvaises herbes. J'ai su rapidement que ce n'était pas fait pour moi. En bossant comme jardinier, j'ai eu des mélodies qui me sont arrivées en tête. Pendant trois mois j'étais persuadé que je serai jardinier jusqu'à la fin de mes jours, puis au bout de ces trois mois j'ai appelé mon arrangeur. Je suis allé enregistrer l'album en une semaine dans une abbaye en Normandie. Cela s'est fait très vite. L'abbaye avait un truc hanté : il y a ainsi un morceau dans l'album, The Devil And The Apple Tree, où l'on entend des voix que nous n'avons pas enregistrées : on ne sait pas d'où elles viennent. Cela a amené un mood spirituel au disque. Durant le COVID-19 mon tourneur m'a lâché, je n'avais plus de manager. J'ai dû tout redémarrer à zéro, comme un ado.

Et le label t'a encouragé ?

Oui, à fond. Cela m'a fait du bien d'avoir un très bon retour de leur part. J'ai pensé cet album pour m'amuser sans penser au public.

C'est un disque très mélancolique...

Je suis toujours sur le fil entre mélancolie et nostalgie. Ce disque parle de choses spirituelles. Je suis revenu sur un truc un peu plus rock avec cet album.

C'est un disque très pop. On pense aux Kinks notamment...

Ce n'est pas une influence directe. Cela sonne très acoustique car il n'y a pas de batterie. Il y a un côté Yardbirds, un truc 64s-67s, comme les Rolling Stones de Lady Jane. Nous n'avons pas pensé aux Kinks mais il y a un truc, c'est vrai.

Pourquoi n'y a-t-il pas de batterie sur le disque ?

On en a cherché une et nous n'en avons pas trouvé. Et puis, au final, ça sonne bien comme ça. Il n'y en avait pas besoin. Dans les disques des 60's, tu entends à peine les batteries d'ailleurs.

C'est un album romantique ?

Je lis des histoires à mes deux filles. Les morceaux du disque ont ce côté contes. Il y a un côté storytelling dans cet album alors qu'avant je ne parlais que des choses de ma vie. Cela fonctionne bien. C'est un album qui a une âme. J'ai mis la barre assez haute pour ce disque.

Ce sont des histoires inventées ?

J'ai écrit les textes du disque très facilement. Je parle de l'Archange Gabriel par exemple. Le titre de l'album est L'Ascension car c'est à l'Ascension que je me suis remis à la musique.

Qui sont les voix féminines que l'on entend sur le disque ?

La violoniste qui joue avec sur moi sur scène. C'est une virtuose. Et une autre artiste, Jayde.

L'album est très pop alors que le EP Le Rayon Vert » était folk. Pourquoi ce tournant ?

Gabriel ou Home sont folk quand même. La musique que je joue est le miroir de mes sentiments du moment. Ce que j'ai fait avec les Lanskies était pop déjà.

C'est un disque ambitieux...

Le COVID-19 a fait du bien à moi et mon équipe. On a pu tout repenser. Ce disque fonctionne de A à Z. Les salles et les médias s'intéressent de nouveau à ce que je fais. Les vidéo clips tirés du disque marchent bien. ,

Et c'est un disque très compact...

Oui il y a une unité dans cet album. J'avais à peu près le tracklisting en tête quand on l'a préparé. Il y a beaucoup de choses qui ont été enregistrées live. J'ai refait les cuivres et quelques voix. Le label a aimé. Du coup j'ai demandé s'il y avait encore du budget pour les cuivres (rires).

Tu voudrais reformer les Lanskies ?

Clairement. Je leur ai proposé. Je suis en train de les forcer à revenir (rires). Je reprends des titres des Lanskies sur scène maintenant.

Tu as collaboré avec plusieurs artistes dans le passé. Tu aimerais le refaire ?

J'aimerais bien écrire des albums pour d'autres personnes. Je cible cela en ce moment. J'aimerais bien faire des duos aussi.

Ton équipe est comme une famille, non ?

Oui clairement. C'est une équipe familiale. C'est cool parce que je suis en développement depuis quinze ans (rires). Avec mon arrangeur, on a assez d'albums pour quinze ans encore car nous avons cinq-cent titres sous le coude. Mon label est en train d'organiser une tournée en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, en Italie...

Le retour sur scène est un vrai plaisir ?

C'est énorme. Il y a de plus en plus de monde à mes concerts. Cela me touche.