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Ethan P. Flynn

Interview publiée par Adonis Didier le 2 octobre 2023

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Le mois de septembre n'est pas que le mois de la rentrée scolaire, c'est aussi le mois de la rentrée des interviews. Ainsi, c'est proche de la fin de l'été que nous retrouvons à Paris le jeune auteur-compositeur londonien Ethan P. Flynn, pour parler avec lui, entre folk, blues et désespoir, de la sortie de son premier album Abandon All Hope, à venir le 6 octobre sur le label Young, mais aussi de sa vie de musicien balançant entre projets personnels et collaborations avec nombre d'artistes de la capitale anglaise.

C'est ta première fois à Paris ou en France ?

Alors, j'ai joué ici en novembre (ndlr : au Supersonic Records pour les soirées Avant-Garde du Pitchfork Music Festival), et aussi dans ce festival exactement (ndlr : il montre un poster du MIDI festival au mur), l'an dernier. Mais je ne viens pas assez à Paris, alors que j'adore cette ville, c'est tellement près, juste à deux heures de Londres. Ah, et je vais revenir en décembre, pour mon concert bien sûr ! (ndlr : le 9 décembre au POPUP!)

Tu sors ton premier album, mais tu écris aussi beaucoup pour d'autres personnes (FKA twigs, des sessions non-utilisées avec Florence + The Machine, etc). Est-ce que tu préfères travailler quand c'est ta musique, tes trucs à toi, ou avec d'autres ?

Pour moi, faire de la musique c'est de la prise de décision, parce qu'il y a tellement d'accords possibles, tu choisis l'ordre et la vitesse des progressions, la même chose avec les mots, et avec ma musique je comprends pourquoi je prends chaque décision, tout cela autour de l'idée principale et du thème. Avec la musique des autres, ce qui est plaisant c'est que je n'ai pas forcément à comprendre pourquoi ils font ce qu'ils font, et je peux me concentrer sur la manière dont les choses sonnent, comment j'ai envie que ça sonne, plutôt que sur les intentions qu'il y a derrière. Donc ce sont deux choses complètement différentes pour moi.

Parce que les gens viennent te voir en disant « tiens j'ai une idée, est-ce que tu peux en faire de la musique ? » ?

Oui, parfois ça se passe comme ça. Et parfois, tu t'assois juste pour jouer des trucs, et tu les laisses diriger, mais tu ne cherches même pas spécialement à comprendre pourquoi ça va dans telle ou telle direction.

Sur ton album, chaque chanson ressemble à une entité vivante, sans structure particulière. Est-ce que c'est ta manière d'écrire, ou une démarche volontaire intellectualisée ?

J'aime ce genre de musique, quand tu reviens au blues et à la musique des années 1920, c'est de là que vient le folk, et tout ça n'avait pas franchement de structures rigides. Sur cet album j'aime le coté expérimental, comme par exemple sur Who Will Cut Our Hair When We're Gone? de The Unicorns, c'est un très bon disque, et toutes les chansons ont des structures un peu folles, tu ne sais jamais où tu es dans le tracklisting, et tu n'as jamais le sentiment que des choses se répètent. Donc oui, c'est le genre de trucs que j'aime.

Ce n'est donc pas une démarche théorique particulière, parce que j'ai vu que tu avais un diplôme de musique...

Non, je suis allé en université de musique mais j'ai vite lâché l'affaire...

Pourquoi as-tu arrêté ? Ces années (ndlr : à la Guildhall School of Music de Londres) te servent aujourd'hui, d'une manière ou d'une autre ?

En fait j'ai arrêté parce que j'ai trouvé du boulot dans la musique. Assez vite, je me suis dit « c'est le genre de boulot que je fais déjà, donc pourquoi j'écouterais ce qu'on me raconte en cours alors qu'on me paye pour le faire ? ». Mais oui, ça m'a quand même aidé, parce que j'ai rencontré beaucoup de gens là-bas, des gens avec qui je suis encore ami. Par exemple, j'étais de la même année à Guildhall que les gens de Jockstrap, et même des membres d'autres groupes.

Ah oui, avec Georgia Ellery ?

Oui, on était en cours ensemble, c'était bien avant qu'elle ne fasse tous les trucs qu'elle a fait depuis (ndr : Black Country, New Road et Jockstrap, ainsi que les cordes de l'album Beatopia de beabadoobee, entre autres) ! Et Taylor (ndlr : Taylor Skye) était aussi en cours avec nous, on n'était pas très nombreux, donc j'ai vraiment appris à connaître tout le monde.

Ce sont donc plus les relations que la musique qui ont compté dans ces études ?

Oui, clairement, de toute façon je savais déjà faire de la musique, j'ai commencé bien avant d'arriver à l'université.

En parlant de ça, j'ai vu que tu joues de beaucoup d'instruments, est-ce qu'il y en a un qui est plus important que les autres pour toi, plus fondamental dans ta musique ?

Ça dépend, je les vois surtout comme des outils. Je pense qu'une fois que tu sais jouer de trois instruments différents, ce qui n'est pas vraiment arrivé exprès, par exemple j'ai appris à jouer de la guitare parce que j'en ai eu une à Noël (ndlr : à la place d'une Xbox déjà achetée puis revendue), puis j'ai appris le piano, et ensuite j'ai commencé la clarinette, après que mon grand-père soit décédé et que je sois tombé amoureux de sa clarinette. Donc quand tu sais jouer de trois instruments, tu peux jouer de n'importe lequel, parce qu'il y a suffisamment de liens entre chaque, de mécaniques communes, et quand tu connais assez de théorie musicale, tu peux combler tous les vides qu'il reste par toi-même.

Pour revenir à l'album, tu sembles avoir un talent certain pour la musique entraînante, et en même temps, à chaque fois que ça devient pop et catchy, tu coupes tout au bout de dix secondes pour revenir à du folk mystérieux et grave !

Quand je composais l'album, j'essayais de le rendre le plus normal et accessible possible. Mais j'ai trouvé qu'essayer de diriger ce que je faisais en fonction de ce que les gens pourraient en penser risquait de gâcher tout le travail, parce que ça ne marche pas comme ça pour moi. Donc j'ai juste fait ce que je sentais vouloir faire à ce moment-là. Mais je pourrais faire des trucs plus entraînants, ce serait pas plus mal pour moi, je ne sais pas... Peut-être la prochaine fois !

Parce que dans ton album, chaque partie a l'air d'aller dans la direction la plus bizarre possible, de l'artwork, au style général, à la chanson de seize minutes (ndlr : Crude Oil). Tu aimes être bizarre en fait, c'est ça ?

Oui, plus ou moins. Je veux dire, il y a la longue chanson, et je pense que les gens ne verront la vraie nature de l'album qu'après avoir écouté cette chanson. Normalement, ce serait dans un album de prog, mais, par exemple, y a mon frère qui aime beaucoup les longues chansons, et je trouve aussi qu'il n'y a pas assez de longues compositions dans la musique actuellement. Comme Pink Floyd, leurs albums c'est les meilleurs trucs des années 70, tout le monde en parle, c'était numéro 1 dans les charts, pour certains c'est les meilleurs albums de tous les temps, et il y a des chansons de vingt minutes là-dedans. Je trouve que ça n'empêche en rien de rester accessible. Par exemple Taylor Swift adore les longues chansons, donc il n'y a pas de règle qui dise qu'on ne devrait pas faire de longues chansons dans la pop ou dans le folk. Et personnellement, j'adore faire ce genre de compositions !

Cette chanson, pour toi c'est réellement une seule longue composition ? Parce que tu sembles aller de thème en thème sans forcément y revenir, comme une route qui se déroule...

Eh bien, sur les six premières minutes, il y a beaucoup de thèmes récurrents, et aussi le thème d'ouverture que j'utilise, le ta-la-la-la ta-la-laa la-la (ndlr : c'est mieux avec le son), ça revient tout le long de la chanson, mais oui, c'est plus un tout uni en termes de paroles. J'ai écrit les deux parties, les six premières minutes et les huit minutes d'après, à environ six mois d'écart, et c'est comme une réflexion sur un incident à venir. Ensuite il y a une réflexion à posteriori, les conséquences, les inquiétudes, et puis il y a toute la partie instrumentale et compagnie. Donc oui, j'aimerais vraiment bien faire plus de choses dans ce genre, des grandes et longues pièces, et on verra où ça va !

Concernant l'artwork, qu'en est-il ?

C'est un artiste de New York, Tim Brawner, qui l'a peint. J'aime beaucoup son travail, il a fait quatre peintures, pour les différents singles et aussi pour l'album. J'ai pensé que c'était super cool, son boulot, tout ça. On a beaucoup parlé des choses que je voulais réaliser dans l'album, et ensuite on a parlé de pochettes d'album d'Iron Maiden, d'autres albums de metal, ce genre de choses. On voulait vraiment arriver à ce sentiment de dévastation, je pensais à du monochrome, une seule couleur, et j'ai pensé peut-être à du bleu ou orange... et ça a fini avec du bleu. C'est lui qui a amené l'idée du gars qui conduit. Il avait déjà fait un tableau de quelqu'un en train de conduire que j'avais vraiment aimé, et donc il est retourné vers ce thème. Donc, cette pochette, c'est un peu de moi, mais pas complètement !

Aujourd'hui, beaucoup d'artistes veulent partager de la joie, de la colère ou allumer une révolution. Pour toi, par rapport au titre de ton album, Abandon All Hope (ndlr : « abandonnez tout espoir »), tout est foutu, on est déjà grillés ? C'est ça le message ?

Oui, un peu. Je veux dire, quand on arrive à la fin de l'album, c'est quand même censé être un peu optimiste. Mais... le maintenant, c'est une époque sans espoir, et pas que ce soit pire qu'avant, il y a juste ce sentiment dans l'air, que les gens ont perdu espoir. Notre génération, par exemple, a le sentiment qu'on mérite plus, et quand on revient à la réalité des années 60 et 70, c'était pire que maintenant, il s'est passé des tas de trucs terribles, mais aujourd'hui on cherche à vivre dans un monde meilleur, on pense qu'on mérite mieux que ça, et les non-avancées voire les régressions qu'on vit, tout cela fait vraiment sans espoir. Et puis j'ai aimé les mots « abandonnez tout espoir ». Dans l'Enfer de Dante, c'est ce qui est écrit en haut des portes de l'enfer, donc ça donne ce sentiment d'entrer dans quelque chose, et en même temps ça crée une tension.

Donc ce que tu dis, c'est qu'après la deuxième chanson (ndr : elle aussi intitulée Abandon All Hope), on arrive en enfer ?

Non, je ne suis pas allé aussi loin dans l'idée, je n'ai pas été aussi conceptuel avec ce titre !

En dehors de la partie glauque et désespérée de l'album, on trouve aussi des chansons comme Bad Weather, que j'ai beaucoup aimée, et sur laquelle tu as l'air étonnamment optimiste !

Oui, cet album c'est vraiment deux parties, parce que Crude Oil et Demolition c'est une face complète de vinyle, et les six premières chansons c'est la face A, et je voulais que chaque face se lance sans espoir et finisse optimiste, et donc pareil avec Crude Oil et la fin de Demolition. On pourrait même voir cette trajectoire dans l'album au global. De la merde vers l'espoir.

Avec Demolition on est sur un autre genre d'espoir quand même, plutôt brutal, non ?

Oui, c'est un peu la fin d'un truc, ça raconte qu'on se casse de la ville et que c'est plutôt cool, mais avec un rendu sonore assez dévastateur !

Et c'est aussi dans cette chanson que ta voix, qui est très naturelle et pas forcément chantante sur un peu tout l'album, est vraiment la plus écorchée et dépouillée, avec rien dessus, et même toute la réverbération de la pièce qui est laissée dans le mix...

Oui, pour tous les effets sur la voix, on n'a utilisé aucun plug-in, c'est juste un micro, un pré-ampli, un compresseur, et ensuite de la reverb à ressort ou à plaque, ou des micros de « room » (ndlr : micros placés dans la pièce pour capter la voix de différentes positions et recréer un effet de réverbération et de présence de l'auditeur dans la pièce). Sur cette chanson on a utilisé un effet « tape delay » (ndlr : son retardé et renvoyé de moins en moins fort pour créer une forme d'écho), qu'on peut entendre tout du long, mais pas en continu, on le met plus ou moins fort selon le moment. Et la mise en place des micros était vraiment folle, parce qu'on avait installé un micro au plafond, et je marchais autour, je m'allongeais en-dessous, je marchais juste avec un autre micro dans la main, tout ça pour que les phases des deux micros soit décalées et que ça élargisse la bande sonore. Vraiment, j'adore ce résultat de voix.

Pour changer un peu de sujet maintenant, tu as une tournée assez importante qui arrive ! Est-ce qu'on peut dire que c'est ta première vraie tournée ?

Oui, c'est toujours principalement au Royaume-Uni, mais je vais aussi faire l'Europe. Et c'est ma première longue tournée, avec mes propres concerts, et moi en tête d'affiche tous les soirs. C'est vrai que j'ai fait pas mal de dates de festival l'an dernier et cet été, mais oui, là c'est ma première vraie tournée à moi.

Et comment tu te sens ? Le stress, l'excitation ?

Je pense que ça va bien se passer. Je n'ai jamais pris le fait de jouer live autant au sérieux et jamais fait autant de concerts. Parfois je vais jouer dans des bars à Londres, ça m'aide pour tester des nouvelles chansons, et c'est fun, mais c'est vrai que pour la plupart des groupes que je connais, leur truc principal c'est les concerts, en mode « je vais donner des concerts toute l'année, let's go ! ». Moi, j'ai toujours été plus concerné par le fait d'enregistrer, travailler avec d'autres artistes sur leurs enregistrements, écrire, etc... Mais j'aimerais beaucoup pouvoir plus m'investir dans la musique live, et cette tournée c'est une bonne occasion ! Le groupe, on va peut-être mélanger un peu des gens et tout ça, mais ça va être cool, j'en suis sûr !

Et maintenant, pour parler un peu plus de toi, j'ai lu que tu étais plutôt du genre solitaire, pas forcément très social, tout en grandissant près d'une base militaire...

En fait, j'ai grandi à environ dix kilomètres de la ville où j'allais à l'école, donc quand la plupart des gosses trainaient ensemble, pour moi c'était plus compliqué de rester en ville ou quoi, parce qu'il me fallait un bus, un taxi, ou qu'on me dépose pour pouvoir rentrer. Donc c'est là que j'ai commencé à faire de la musique, parce que j'avais plus de temps que tout le monde. Et je n'étais ni un gamer ni un grand sportif ou quoi que ce soit d'autre. Mais c'était bien, ce n'était pas... triste, tu vois. C'était des bons moments.

C'est pour ça que tu es un artiste solo maintenant, et pas juste un guitariste dans un groupe ?

En vrai, ce serait cool d'être dans un groupe. Mais j'ai le sentiment, quand je parlais un peu plus tôt de prise de décision, que j'ai pas de problème à travailler avec les décisions des autres, et me soucier de rien, et je suis aussi complètement cool avec l'idée de prendre toutes les décisions moi-même. Je trouve que quand il faut prendre des décisions communes, c'est là que ça devient difficile. Toutes les personnes que je connais qui sont dans des groupes me disent que ce n'est pas un mail. Si j'avais dû être dans un groupe, ça aurait été un remplacement de ce projet actuel, sous un nom différent etc... Ce serait cool de trouver les bonnes personnes avec qui former un groupe, être ensemble et faire des disques. C'est un truc que j'aimerais faire !

Pour le coup, tu as déjà ramené ta copine (ndlr : Ava Gore) pour chanter sur l'album...

Quand on a commencé à se fréquenter, elle jouait de la batterie dans mon groupe, donc on s'est quelque part mis ensemble dans un contexte où on faisait de la musique ensemble tous les deux. Et oui elle chante sur tout l'album, en plus de faire de la musique sous son propre nom.

Et tu as eu à la diriger, prendre des décisions communes, ou elle savait quoi faire et elle l'a fait ?

J'ai tout écrit sur l'album, et si j'avais pu chanter ces parties-là je l'aurais fait. Mais pour les instruments, comme chaque partie de cuivres, de violoncelle, ou la batterie, je ne les ai pas jouées, je les ai juste écrites, et c'est la même chose pour ses parties de chant, sauf sur Demolition, parce qu'elle ne reprend pas mon chant, ça c'est une partie dont elle a eu l'idée.

Et donc, en tant qu'artiste solo, ce n'est jamais trop dur de trouver la motivation, de persévérer avec tout ce qu'il y a à faire et les galères ?

Globalement je fais juste de la musique tous les jours. Parfois, c'est difficile de savoir pourquoi je le fais, ça va ça vient, et je travaille aussi avec d'autres artistes, c'est une bonne manière de se faire de l'argent. Si je n'avais que mon projet perso, là ce serait vraiment difficile je pense. Mais ça reste marrant, je n'ai pas vendu mon âme ou autre, tout ça reste une passion. Ce serait cool si je pouvais trouver quelqu'un d'aussi investi que moi sur mon propre projet, mais ce ne sera jamais le cas.

Tu as ton contrat avec le label Young assez tôt, à dix-neuf ans. J'ai lu que, cinq ans plus tard, et à certains moments, tu te demandais si t'avais fait le bon choix, de quitter la fac, tout ça...

Oui, mais au final, tout ça c'était plutôt bien confirmé, parce que j'ai travaillé avec beaucoup d'artistes en attendant, et ces disques sont sortis, tu te retrouves à signer des contrats de publication, et c‘est une assez bonne approbation du choix de quitter la fac de musique. C'était plutôt au niveau de la vie que je me posais des questions, peut-être que ça aurait été bien de trouver un travail qui ressemble plus à un travail classique, parce que tout ce que je connais c'est faire de la musique depuis que je suis ado, et c'est très intense, émotionnellement.

Tout ton travail avec des artistes, les collaborationss, c'est le label qui te les apporte ?

C'est surtout des gens que j'ai rencontrés et connus à travers des amis. FKA twigs je l'ai rencontrée via Young, oui, parce qu'elle est aussi sur le label, mais beaucoup des gens avec qui j'ai travaillé et je travaille encore, je les ai juste rencontrés comme ça. A Londres, tout le monde finit par se rencontrer à un moment. Si tu sors voir des concerts, si tu vas à des soirées, tu peux croiser absolument tout le monde.

Tu dis « je fais juste de la musique », mais c'est quoi une journée typique de « juste faire de la musique » ?

Je ne sais pas trop. Quand on est compositeur, qu'on écrit des chansons, tout est du travail, c'est très informel en fin de compte. Si tu fais un truc bizarre, ou ennuyant, ou juste si tu procrastines et qu'à la fin ça t'amène une idée, eh bien ça valait le coup. Cela dit, j'essaye de me poser et de faire de la musique tous les jours, et à côté de ça je prends les choses comme elles viennent. J'essaye de sortir, lire des livres, voir des films, des fois regarder la télé, des fois pas, aller voir des amis... Les possibilités sont très larges. Ces temps-ci, je travaille beaucoup comme producteur dans mon studio, donc il y a pas mal de gens qui passent, c'est cool.

Tu as un studio à toi ?

Oui, c'est dans ma maison. Avant c'était un autre endroit, mais en ce moment c'est directement dans ma maison. Je n'ai pas de table de mixage, mais j'ai à peut près tout le reste. Des micros, des préamps, tous ces trucs... Une table de mixage, ce serait trop gros. Cela dit, j'ai plein d'instruments, comme un piano, un synthé, des guitares, des amplis...

J'ai vu beaucoup de musiciens, même des très jeunes, qui deviennent producteurs à un moment. Qu'est-ce que tu trouves en plus dans cette activité ?

C'est plutôt pas mal d'une certaine manière parce que ça ressemble plus à un boulot. Ce n'est pas aussi bizarre et constamment dans ta tête que d'écrire de la musique. Même si le truc qui me parle le plus, ça reste de m'asseoir et de penser à ce que je veux exprimer, je pense que je préférerai toujours faire ça, mais être producteur c'est un peu le truc que j'ai toujours voulu faire dans le cas où je pourrais pas enregistrer ma propre musique.

Donc pas de place à l'ennui !

Oh non, on ne s'ennuie jamais. Je pourrais rester à jouer une seule note de toute la journée, ce serait toujours cool. Et en vrai, je galère à ne pas avoir d'idées, même quand je fais d'autres choses. J'ai eu le syndrôme de la page blanche à une autre époque, mais en fait tu peux toujours écrire quelque chose, tu peux toujours finir par créer un truc, même si ce n'est pas exactement ton idée de base, ou pas aussi bon que ce que tu voudrais. Tu dois laisser les choses sortir pour en arriver aux meilleurs trucs. Il y aura qu'une chanson sur dix que tu auras écrite qui sera vraiment bonne. Donc là, pour l'album et avant, j'ai écrit peut-être un millier de chansons, et y en a que huit à la fin !