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The Big Pink

Paris, Point Éphémère - 13 mars 2012

Live-report par Cyril Open Up

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Le temps file, voilà bientôt deux ans que je n'avais pas croisé Milo Cordell et Robbie Furze. Leur groupe The Big Pink avait, à l'époque, réalisé un beau doublé en ouvrant le même soir pour Muse au Stade de France puis en jouant à leur aftershow à la Machine du Moulin Rouge. Entre-temps Milo s'est occupé des groupes de son label Merok Records et a composé un nouvel album Future This. En ce mardi 13 mars 2012, le fond de l'air est encore frais mais les derniers rayons du soleil sont propices à siroter quelques mousses en bonne compagnie en terrasse avant que le flux de paroles ne laisse place à un déversement de décibels surpuissantes.

Le quatuor lillois Soft Crayon débute la soirée en douceur. Leur pop aérienne assez froide ne provoque pas vraiment l'adhésion du public. L'ensemble n'est pas désagréable à l'oreille et pourrait être le croisement de Girls In Hawaii et Washed Out, mais l'on sent qu'ils manquent encore de maturité scénique.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, le duo Isaac Delusion montre le bout de sa casquette et de son bonnet. Le tandem distille dans le Point Ephémère une électro sensuelle et groovy. Pendant que le chanteur à la voix puissante et aigüe d'Antony Hegarty (Antony And The Johnsons) ou Hayden Thorpe (Wild Beasts) se tortille avec son micro filaire, son compère s'occupe de la musique derrière ses machines. La prestation toute en retenue et délicatesse est belle et fait son petit effet sur un auditoire qui se veut plus compact et semble apprécier ce qu'il entend. Isaac Delusion, c'est en quelque sorte faire un voyage vers l'inconnu qui vous met dans une sacrée bonne humeur. On en redemande.

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Il est quasiment 22h30 quand les lumières s'éteignent pour la troisième fois de la soirée. A cet instant, le Stay Gold inaugural du dernier né résonne dans toute la salle. Le son est fort et l'on peine un peu à entendre la voix de Robbie pendant quelques minutes. Ce dernier est habillé tout en noir, possède de nombreuses chainettes autour de son cou et arbore son célèbre tatouage Metallica sur le bras. On comprend dès lors mieux son attirance pour les solos de guitare et le gros son. En configuration concert, The Big Pink est une machine de guerre qui commence à être bien rodée. Des morceaux efficaces, un leader charismatique qui brandit sa guitare quand il faut et se frotte au devant de scène pour mieux mettre les fans en émoi. Jump Music permet aux deux membres du groupe placés derrière une table de réaliser un très bon remix en direct à l'aide des nombreux ordinateurs et instruments électroniques à leur disposition.
Car oui, la musique du "grand rose" est une alliance multi-couches réussie de déferlantes électroniques parfois dignes d'une house party et de rock sombre avec solos puissants. Dès le troisième morceau, les rangs s'agitent car Velvet et son caverneux refrain fait son apparition. L'ambiance se fait encore plus électrique avec l'arrivée du nouveau single Hit The Ground (Superman) dans la setlist. Ce titre prend un tournant plus pop et donne une irrésistible envie de gigoter et de ne plus toucher terre comme le disent les paroles.

Tout comme sur leur dernier album en date, Give It Up prend la relève. Pour celle-ci, Robbie laisse tomber la guitare et ne fait que chanter micro en main tout en s'agitant. Ce morceau plus down-tempo a hérité d'une couche sonore qui n'est pas étrangère aux rappeurs. Cela renforce encore l'idée que The Big Pink n'a pas peur de franchir les barrières musicales pour mieux les faire sauter et toutes les digérer. On pourrait reprocher à Robbie que ses titres sonnent tous un peu pareil mais ne peut-on pas faire cette remarque à l'encontre de bien de ses confrères ? Le groupe affirme son style et la sauce prend de mieux en mieux. Le fracas sonore en fin de Crystal Visions en est une belle démonstration. Robbie, incrédule, sourit. Le public adhère et le fait savoir. La batteuse casquée pour mieux suivre le rythme y met du sien et frappe avec hargne et conviction.

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Le concert connaît certes un coup de mou avec Rubbernecking et ses horribles sonorités techno transe de mauvais goût avant de repartir sous les ovations pour Dominos, hit attendu par tous et pas seulement ceux qui possèdent une console de jeux. Toute la salle, comme un seul homme, entre dans le mouvement et crie « These girls fall like dominos » , faisant de nouveau sourire Robbie qui n'en attendait pas tant. Puis vient le moment de la conclusion avec Lose Your Mind aux accents Depeche Modesques. Robbie remercie l'audience et promet de ne pas mettre deux ans avant de revenir. Il affirme que le public a été très bon ce soir, et il ne semble pas mentir.

Malgré un son parfois approximatif et poussé au maximum comme s'ils jouaient encore au Stade de France, The Big Pink ont ceertainement offert le meilleur concert de leur carrière française devant un public attentif et heureux, en dépit des incursions sur scène d'un rasta exhibitionniste un peu lourd. Bravo The Big Pink, vous êtes sur la bonne route, ne changez rien (ou presque) et revenez-nous vite.
setlist
    Stay Gold
    Jump Music
    Velvet
    Hit The Ground (Superman)
    Give It Up
    Crystal Visions
    77
    Too Young To Love
    Rubbernecking
    Dominos
    Lose Your Mind
photos du concert
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