Gaz Coombes

Le rendez-vous de la Maroquinerie à Paris avec Gaz Coombes est dorénavant une petite tradition. Troisième venue dans la petite salle de la rue Boyer et toujours un réel plaisir pour notre Oxfordien préféré, que l'on peut rencontrer avant le concert si l'on souhaite se désaltérer à la terrasse de l'espace bar et restauration, ce dernier attablé simplement avec son staff et toujours prêt à saluer ses fans avec le plus grand des sourires. Ainsi, nous découvrons sur scène Turn The Car Around, quatrième épisode des aventures en solo de Gaz Coombes, qui a fait l'unanimité par ici et a réellement touché nos êtres du fait de sa profondeur et de sa grande maturité. Le concert de ce soir affiche complet, et l'intimité de la salle créé les meilleurs conditions pour pénétrer dans l'univers pop stylée du chanteur de Supergrass.

Alors évidement, comment oublier que nous avons devant nous l'une des sommités de la scène indie rock british, de celles qui ont bercé la plupart de nos lecteurs durant leur adolescence ou leurs jeunes années, bien souvent leur permettant d'user leurs culottes d'apprentis pogoteurs lors de leurs premiers concerts rock ? Eh bien, tout simplement en assimilant les nombreuses heures que Gaz cumule au compteur mises au service de sa haute virtuosité s'agissant de mener une scène de front tout en réussissant à communiquer aux présents différents univers, souvent très personnels, sans avoir à s'époumoner sur les refrains ou à s'agiter tel un diable sortant de sa boite.


C'est un Gaz Coombes apaisé, proche de son public et de ses musiciens, qui ce soir va nous présenter une bonne partie de son dernier album, avec entre les titres quelques anecdotes s'agissant de la tournée (dont on apprend qu'une petite soirée dans un bar à whisky à Amsterdam la veille lui fait dissimiler sous son grand chapeau noir un petit reste de gueule de bois) ou de sa vie personnelle.

Les titres de Don't Turn The Car Around sont le reflet des dernières années passées notamment auprès de sa fille dont il nous confie qu'elle souffre d'autisme et que, de ce fait, le quotidien n'est pas un long fleuve tranquille. Avec amis et famille présents dans la salle, Gaz décline nouveaux et plus anciens titres dans une ambiance amicale, chaleureuse, donnant une interprétation de ses chansons généreuse et tellement authentique.
Avec sur scène pas moins de sept musiciens, dont un trio de choristes/percussionnistes toutes en couleurs, aucune manière n'est tolérée et on se sent comme lors d'une réunion entre camarades de longue date. Gaz Coombes rayonne littéralement, déversant une large dose de sourires à quiconque croisera son regard perçant, et le public sage mais très attentif le lui rend bien avec des applaudissements qui ne perdront pas en intensité tout au long du concert.


C'est lors de l'un de ces moments de communion que votre chroniqueuse réalise, la petite larmichette au coin de l'œil droit (également du fait d'un agressif rayon de lumière blanche en plein dans la rétine, tant la scène sera inondée sous un lightshow somme toute un peu trop puissant), qu'en ce début 2023 cela fait maintenant vingt-six ans que, lors de ses premiers pas dans les salles de concerts, elle a ainsi croisé quatre jeunes zigotos débraillés qui avaient retourné le Bataclan comme une crêpe. Leur chanteur lui avait sérieusement tapé dans l'œil, subjuguée par son énergie, sa dextérité et surtout son immense gentillesse. Quelques printemps plus tard, certes un peu moins débraillé mais toujours aussi talentueux, Gaz Coombes continue de charmer son auditoire en lui donnant rendez-vous régulièrement, avec en cadeau des petites perles pop-rock qui continuent de traverser le temps sans une ride, tout comme leur élégant compositeur.