Everything Everything

Lorsque j’arrive à la Flèche d’Or, il y a déjà foule devant l’ancienne gare désaffectée qui reliait Paris à Londres au début du siècle dernier. L’ambiance est très décontractée, les gens sirotent tranquillement leurs bières en attendant le quatuor Everything Everything.



Il y a déjà un peu de monde, et c’est tant mieux car la première partie mérite d’être entendue. Le groupe parisien Sarah W. Papsun est chargé de nous faire patienter avant l’entrée en scène des anglais. Les six parisiens échauffent nos oreilles. Et même si le public n’est pas aussi réceptif et coopératif qu’ils le souhaiteraient, il faut avouer qu’ils ont le mérite d’attirer notre attention, en témoigne la salle malgré tout plutôt bien remplie. La pop de Sarah W. Papsun, aux airs électroniques, est si entrainante qu’elle ouvre notre appétit musical. Ainsi, lorsqu’ils annoncent à la fin du set que leur premier album sortira bientôt, avec notamment un premier single au mois de mai, on se dit que le printemps est assez prometteur.
La première partie finie, la salle se vide, et pour cause : il fait une chaleur accablante ! Pendant que certains sortent s’en griller une à l’air frais, d’autres courent vers le bar pour se rafraichir autour d’une bière. Alors que je tends l’oreille autour de moi, je me rends compte qu’il y a autant d’anglais que de français. On a le sentiment que la Flèche d’Or s’est expatriée dans Londres, tant la langue de Shakespeare et des Beatles fuse de tous les côtés. Il semble que tous les fans d'Everything Everything ont traversé la Manche pour être là ce soir.

Après une bonne demi-heure d’attente, la salle – pleine à craquer – s’impatiente. Les gens se sont agglutinés devant la scène, chacun cherchant le meilleur point de vue pour ne rien louper du spectacle. Il fait toujours aussi chaud, les manteaux pèsent, et pourtant on continue à se presser les uns sur les autres. Enfin, la lumière se baisse augmentant ainsi l’excitation de la foule qui ne tient plus. Des spots bleus s’allument, et les quatre anglais ouvrent le bal avec Undrowned. Curieux choix que cette chanson plutôt douce pour démarrer les hostilités. Mais les anglais ont plus d’un tour dans leur sac. Les malins nous piègent dans leurs filets en enchainant avec le single Kemosabe. Un titre pareil, presque d’entrée de jeu, il n’en fallait pas plus pour déchainer le public et faire augmenter le niveau du thermomètre. La sensualité monte elle aussi d’un cran avec Torso Of The Week. Jonathan Higgs et ses acolytes introduisent avec justesse leur dernier album Arc, sorti plus tôt en 2013. Mais ils n’oublient pas de rendre honneur à leur premier succès, le premier opus Man Alive sorti trois ans plus tôt. La première « old song » du groupe, comme ils disent, est Final Form. Les fans sont au rendez-vous, chaque titre est accueilli avec le plus grand enthousiasme.



La chaleur ambiante fait toujours tourner la tête, ou bien est-ce Jeremy Pritchard et Alex Robertshaw, qui, de chaque côté de la scène, font frémir les groupies qui leur envoient des œillades du premier rang. Le groupe se donne à fond, manifestement content d’être ici. D’ailleurs, timidement, le chanteur nous glisse qu’ils sont très heureux de pouvoir être sur la scène de la Flèche d’Or ce soir. En guise de réponse, et dans un élan d’amour incontrôlé, des « you are fucking awesome » et « I love you » fusent de toutes parts.
Everything Everything clôt la première partie avec le tube Cough Cough avant de partir et d’attendre le traditionnel rappel. Ouf ! Cinq minutes de battement pour m’éventer avec le premier papier trouvé dans mon sac. En regardant autour de moi, je constate que je ne suis pas la seule à rêver de me jeter dehors au frais. Mais personne ne bouge. L’envie d’un deuxième round est irrésistible. Everything Everything ne nous font pas attendre bien longtemps. Ils sont vite de retour avec un vieux titre, MY KZ, UR BF. Alternant une fois encore des chansons du premier et du nouvel album, les quatre anglais électrisent toute la salle, bien sagement, jusqu’au dernier riff de guitare.

Le concert terminé, il ne faut pas longtemps pour que la salle se vide, tant la chaleur est insupportable. Force est de constater que beaucoup ont passé une bonne soirée, mais il a manqué un petit quelque chose. Un petit grain de folie, une surprise, un soupçon d’étoiles dans les yeux. Everything Everything nous ont gratifié d’un concert très juste, très proche de leur album, d’ailleurs peut-être est-ce le problème. On les aurait préférés moins studieux et plus téméraire. Sans rancune ! Leur prochaine venue sera encore meilleure.