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The Darkness

Paris, Bataclan - 9 mars 2013

Live-report par Olivier Kalousdian

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Sachant que The Darkness a fait la première partie de Lady Gaga au Stade France, que leurs plus grands fans se trouvent dans le pays du son gras et saturé, j’ai nommé les Etats-Unis, et que leur influence majeure se trouve dans le sens des solos de guitare du groupe Thin Lizzy, quelle est la probabilité pour que la salle du Bataclan soit pleine à craquer en cette fin de période revival cold wave et début d’une nouvelle ère de folk singers ? Faible. Pourtant, force est de constater que Paris héberge imprévisiblement des milliers d’amateurs d’un hard-rock assez tendre pour être ingéré de sept à soixante-dix sept ans.

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Dans une salle tenue à une limite de bruit et donc de temps (arrêt des hostilités à 22h30 au plus tard), les quatre chevelus du Suffolk, glamours jusque dans le khôl cernant leurs yeux, pénètrent sur scène aux alentours de 20h30 dans des tenues d’aérobic psychotique, à cheval entre Kiss et Aerosmith ! Avec des tignasses bouclées tombant bien en dessous des épaules et un sens du spectacle que n’auraient pas reniés les amateurs du Hellfest, on se dit que cette soirée ne sera pas comme les autres. À tel point, que les journalistes musicaux du monde entier délibèrent encore sur l’aspect caricatural, ou pas, du groupe des frères Hawkins et de leurs deux comparses. Le bassiste d’origine, Frankie Poullain, est de retour avec son instrument au design d’arme blanche moyenâgeuse, ses pantalons pattes d’eph et son bandeau dans les cheveux, hirsutes et crêpés au dessus du crâne.

Avec des thèmes souvent portés sur « la chose » et un amour, non voilé, pour le sexe faible, très présent ce soir, The Darkness perchent le solo de guitare aussi haut que la voix de leur leader, Justin Hawkins. Après trois albums et une cure de désintox en 2006, Justin embarque son quartet dans un récital de titres qui ont fait leurs preuves dans tous les festivals où la bière et la sueur se doivent de couler à flot : I Believe In A Thing Called Love en guise de hit attendu par tous (et dont le clip est plutôt savoureux) et qui reprend les bases du groupe Kiss, Nothin's Gonna Stop Us aux chœurs échappés du groupe Queen, Get Your Hands Off My Woman dont le titre est à lui seul un cantique de la confrérie des hardeux, ou encore Love On The Rocks With No Ice, sur un tempo assagi par la massivité et la rusticité de la basse et de la guitare... tous déclenchent, inexorablement, le mythique balancement du crâne d’avant en arrière dans lequel le cheveux se doit de suivre le mouvement dans une crête mouvante éphémère, telle une pub pour un shampooing Dop, accompagné de doigts levés, annulaire et index au dessus de la tête en signe de reconnaissance et d’anti-conformisme. Quelques croix retournées en pendentifs sont arborées dans le public, pour ceux qui en douteraient.

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Se permettant un set de dix-huit titres en pratiquement deux heures de concert, le premier rappel offre à l’assistance la surprenante reprise de Radiohead vue par The Darkness : Street Spirit (Fade Out). Méconnaissable, pour ne pas dire totalement réinterprétée à la sauce Tabasco, cette version orchestrée par The Darkness et tirée de l’album Hot Cakes n’a rien à faire de l’esprit de Thom Yorke. Elle laisse place à un déluge de guitares descendant les harmoniques quatre à quatre sur un batteur mécanique réglé à une vitesse supérieure à celle du son.
Un batteur qui a peut-être laissé des plumes sur la scène Parisienne car la tournée Australienne et Nouvelle Zélandaise du groupe avec Joan Jett And The Blackhearts vient d’être annulée pour cause de problème de santé d’Ed Graham. Dans la fosse, portant à bout de bras une pancarte à la gloire de ses héros, un fan absolu se verra même invité à monter sur scène pour interpréter, aux cotés de son groupe favori, une deuxième version du I Believe In A Thing Called Love si apprécié par une audience ravie de cette prestation et sujette aux acouphènes, une fois le silence rétabli !

C’est d’ailleurs ces deux rappels qui pourraient faire pencher la balance en faveur de l’ironie jouée à fond par The Darkness.
setlist
    Every Inch Of You
    Black Shuck
    Growing On Me
    She Just A Girl, Eddie
    One Way Ticket
    Nothin's Gonna Stop Us
    Get Your Hands Off My Woman
    Love Is Only a Feeling
    Friday Night
    Concrete
    How Dare You Call This Love?
    Givin' Up
    Stuck in a Rut
    I Believe In A Thing Called Love
    ---
    The Best Of Me
    Street Spirit (Fade Out) (Radiohead cover)
    Love On The Rocks With No Ice
    I Believe In A Thing Called Love
photos du concert
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