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Glass Animals

Paris, Flèche d'Or - 18 juin 2013

Live-report par Julien Soullière

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Pas besoin de se serrer ce soir, il fait déjà suffisamment lourd comme ça. Et heureusement d’ailleurs, car l’affiche du soir n’aura pas mobilisé grand monde. En fait, c’en est même un peu triste. Voir ces groupes jouer le jeu au devant d’un auditoire si mince force d’autant plus le respect que l’on peut avoir pour eux. Car savoir que c’est là un passage obligé (à quelques exceptions près) n’en rends pas moins l’exercice extrêmement difficile, pour ne pa dire carrément ingrat.

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Alpha 2.1, c’est cheap, régressif, un peu maboul, et parfois too much. Truffée de sonorités électroniques en provenance d’une époque que les moins de vingt ans n’ont a fortiori pas connue, un temps où Commodore 64 et autres Famicom symbolisaient le paroxysme de la modernité, la musique du trio bruxellois se veut festive, pleine de punch, éventuellement groovy, et on se prend alors à regretter que le groupe ne soit pas passé plus tard dans la soirée, car on imagine aisément qu’avec quelques effets de lumière en sus, la prestation du groupe aurait été plus savoureuse encore.
Du reste, c’est sûrement ce qu’on pouvait espérer de mieux pour ne pas avoir avoir envie de fermer l’oeil de suite. Tant qu’à s’être déplacé (en voiture), les heureux parents d’Eternity se donnent à fond, le chanteur allant même jusqu’à descendre de scène en fin de set pour aller courir quelques secondes durant dans la salle, avant de rejoindre ses comparses restés sagement sur les planches. Un plaisir idiot, totalement idiot, qui fait d’autant plus sourire que c’est là un exercice auquel se livre, normalement, un artiste faisant face à un public copieusement fourni.

Il fait finalement aussi chaud dehors que dedans, mais le mauvais temps des semaines passées ne peut qu’inciter à profiter du soleil couchant en attendant l’arrivée de Glass Animals. D’ailleurs, c’est à travers les carreaux fumés qui séparent la terrasse extérieure de la salle de concert que l’on observe le groupe anglais s’affairer sur scène, une bière fraiche au coin des lèvres. La lumière intérieure se fait soudain plus discrète, signe que les choses sérieuses vont commencer. A notre arrivée au devant des londoniens, le premier morceau est déjà entamé, et ce pour le plus grand plaisir d’une assistance pas plus conséquente qu’en début de soirée.

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La musique de Glass Animals inspire la quiétude et impose le repos des esprits. Tout en délicatesse, s’évaporant des enceintes comme drapée d’un léger voile de coton, elle semble être faite pour se savourer par un temps annonciateur d’orage, le bruit sourd et lointain d’une pluie soutenue en fond sonore, et la moiteur du plus torride des mois d’août collée au corps.
Si les anglais, dont le premier album ne devrait d’ailleurs plus tarder à voir le jour, ne sont pas encore tout à fait mûrs, leurs compositions parsemées de chaleur n’en restent pas moins séduisantes, portées par des percussions habiles, des rythmiques langoureuses, et la voix tout en fragilité du blondinet qui fait office de chanteur. Par bien des aspects, et cela apparait comme plus flagrant encore len fin de set, le groupe nous renvoie à la fragilité maîtrisée d’un Alt-J, dont ils ne partageront sûrement pas le destin. Parce que ce genre de fulgurances n’arrivent qu’occasionnellement, et qu’à quelques uns.

Si la soirée se poursuit à la Flèche d’Or, pour nous, l’aventure s’arrête ici. Après ce beau moment d’accalmie, difficile en effet de se laisser porter par la tempête que lève le rock brut de décoffrage signé AsOne. Dehors, il fait toujours aussi bon, et ça, et bien ça aide à mettre les voiles.