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Franz Ferdinand

Lyon, Nuits de Fourvière - 8 juillet 2014

Live-report par Olivier Kalousdian

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Descendant du pole nord et du Groenland, le front froid et très humide (il faut bien que toute cette glace qui fond trop vite retombe quelque part) qui a envahi l'Europe et la France depuis dimanche dernier n'en finit plus de se déverser sur Fourvière et la France. Avec beaucoup de retenue et de classe, cette pluie qui a raviné les terrains et les ponchos pendant les concerts de Mogwai et Timber Timbre, deux jours auparavant, marque une pause bien sentie en cette nouvelle soirée.

Qui est Mikhael Paskalev ? C'est la question sur toutes les lèvres lyonnaises en ce mardi soir. Sous une casquette et une barbe touffue et pas très nettes version « Délivrance » et avec un faux air de Woodkid tombé en rade dans une jungle, quinze jours auparavant, ce Norvégien d'adoption ouvre le bal des Franz Ferdinand en ce mardi soir de juillet.
Ce garçon, que l'on peut voir très trendy avec sa coupe de cheveux impeccable et sa petite moustache naissante à la Errol Flynn dans la majorité de ses vidéo clips (souvent très bien scénarisés) semble fatigué ce soir. Les performances de l'artiste qui aime apparaître vêtu d'un seul slip sur scène font partie des attentes du public connaisseur, évidemment. Son premier album, What's Life Without Losers est sorti en 2013. Il y joue une folk éclectique et électrique, parfois survitaminée (Jive Babe) qui n'arrive pas à décoller en ce début de soirée. Son titre le plus connu, I Spy, sur une interprétation trop folk due à une basse et des voix trop en retrait, ne fera guère mieux que d'intriguer un public composé, il est vrai, d'une grande partie de non amateurs. Quand on est un Bulgaro-Norvégien, presque aussi trublion dans ses vidéo clips qu'un Sacha Baron Cohen et qu'on promet une apparition en slip sur scène, il est dangereux d'afficher sa méforme !

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La forme, les Franz Ferdinand l'affichent encore et toujours après douze ans de carrière. Si les quatre musiciens les plus populaires de l'indie rock écossais ont bien pris quelques rides (et quelques kilos en plus pour le bassiste, Bob Hardy), ils n'ont rien perdu de leur sens scénique et du barnum qui va avec. Amplis blancs de belle taille floqués des mots : « Thoughts », « Words », « Action » ; tenues vintage façon cow boy des années 50 et un vrai talent pour électriser le public dans des échanges verbaux nombreux et souvent en Français. Un Français quasi parfait de la part d'Alex Kapranos.
C'est l'immuable The Dark Of The Matinée qui ouvre le set. Sûrement leur titre le plus jouissif, de part sa construction et ses contre-temps, à ce jour, mais joué sur un tempo plus lent qu'à leurs débuts. La fosse commence à sérieusement s'agiter et les sauts pieds joints bousculent et intriguent la majorité du sage public en arrière ou posé confortablement sur les gradins. Le récent Right Action ne tarde pas à suivre et fait monter d'un cran les chœurs du refrain dans les premiers rangs, déjà totalement conquis.

La pop rock indie des Franz Ferdinand (nommons-la ainsi) a quelque chose d'unique, depuis toujours. La guitare rythmique de Nick McCarthy, tenue très haute, à la Paul McCartney, et qui dédouble souvent le jeu de basse et pose sa voix, neutre, par-dessus celle de son chanteur ; la batterie syncopée qui abuse délicieusement de son charleston et des breaks joués sur les tomes aiguës ; la lead guitare d'Alex Kapranos, le nouveau Phil Spector d'Angleterre dont les formations récentes s'arrachent les conseils de producteurs et qui offre des mélodies entêtantes tout en fingerstyle... Les Franz Ferdinand réussissent, depuis douze ans à mêler des ingrédients du rock avec des mélodies pop pour proposer des albums et des sets toujours festifs et non dénués de qualités musicales. Leur présence dans des jeux vidéo tels que Guitar Hero a, depuis longtemps, consacré cette reconnaissance.

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En tout, le groupe jouera ce soir vingt titres dont Do You Want To, Walk Away et Take Me Out, non sans avoir offert un point d'orgue au public lyonnais quand les trois guitaristes rejoignent le batteur Paul Thomson pour un jam aux percussions – chacun occupant un des fûts de sa batterie – sur le final d'Outsider, marquant la fin du set.

Après un rappel inévitable et trois autres titres, les cieux vengeurs que tutoie la colline de Fourvière, se couvrent et laissent deviner une lune brumeuse et des nuages qui seront bientôt actifs. Mais, qu'importe. Comblé, le public lyonnais regagne, paisible, la sortie et le funiculaire qui le redescendra quelque part sur terre, la tête perdu dans ses pensées. Right thoughts, right words, right actions !
setlist
    The Dark Of The Matinée
    No You Girls
    Right Action
    Tell Her Tonight
    Do You Want To
    Evil Eye
    The Fallen
    Walk Away
    Stand On The Horizon
    Can't Stop Feeling
    Auf Achse
    Michael
    Bullet
    Take Me Out
    Love Illumination
    Ulysses
    Outsiders
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    Darts Of Pleasure
    Goodbye Lovers & Friends
    This Fire
photos du concert
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