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Babyshambles
Baxter Dury

Lyon, Nuits de Fourvière - 26 juillet 2014

Live-report par Olivier Kalousdian

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Non, ce soir l'absence remarquable n'est pas celle à laquelle on pouvait s'attendre... Miles Kane, que beaucoup se faisaient une joie de voir sur scène pour la première fois, a du déclarer forfait pour plusieurs dates, à cause d'une sale angine. Il est vrai que le sir Doherty, en solo ou avec les Babyshambles, a pris la sale habitude de faire faux bond à son public, d'arriver en retard ou de foirer ses sets par une fatigue physique qui n'a jamais rien de vraiment naturelle...

Baxter Dury remplace au pied levé son collègue Miles Kane et c'est une bonne partie du public lyonnais qui déserte le théâtre antique de Fourvière. Que ce soit un choix dicté par l'annulation de dernière minute de Miles Kane ou par la météo, plus froide et capricieuse que sur les bords de la Manche en automne, ce choix n'était pas le bon. Ayant roulé toute la nuit pour arriver à temps pour leurs balances sur la colline de Fourvière, Baxter Dury et son quatuor dans lequel ne figure plus Madelaine Hart mais une demoiselle encore plus jeune dont l'identité reste à vérifier, n'ont sûrement pas eu le temps ou l'opportunité de monter un décor de scène à eux. De ce fait, les instruments posés là en cercle paraissent bien seuls au milieu de cette grande scène du théâtre antique de Fourvière.

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De même, quand Baxter Dury entame son tour de chant, ses mouvements ne sont pas suivis par les poursuites du haut des gradins et la pénombre qui le gagne rajoute au sentiment de solitude que le groupe affronte ce soir avec les 2800 personnes présentes (sur 4200 possibles). Les griefs s’arrêtent là. Car, comme à son habitude, Baxter Dury – même s'il n'a pas la fougue et la folie apparente de son père en scène – vêtu d'un costume gris et d'une chemise blanche joue les dandys cockney et parvient à amuser le maigre public de ces quelques mots en Franglais. Avec sa pop soul opiacée, chaude comme un soir d'été anglais et acide comme un buvard hollandais, celles et ceux qui ne mettaient pas de nom sur sa musique retrouvent le sourire et se dandinent facilement sur des titres maintes fois entendus comme Claire, Isabel ou le sémillant Trellic. Les premiers rangs de la fosse comptent quelques amateurs éclairés et leurs mains levés sur Francesca's Party ou Leak At The Disco réjouissent Baxter Dury et ses musiciens. Aimant disserter sur ses ex-compagnes, Baxter Dury distille des textes aussi acerbes que feu son père, Ian Dury, et assure un show tout en retenue de ses singeries calibrées, accompagnées de cris idoines que peu comprendront.
Un vaudevilliste anglais en terre lyonnaise qui, sur le cheesy disco Picnic On The Edge, ne peut cacher sa filiation tant le flow et le ton de ce titre semblent former un hommage à son géniteur. Il rendra d'ailleurs un hommage non feint à ses parents d'un « I love you mum and dad ». Deux titres de son nouvel album (enregistré avec des membres des Babyshambles), It's A Pleasure, Babies et Pleasure viendront ce soir compléter la setlist.

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Bien avant la fin du set de Baxter Dury, le théâtre antique – surprenant jusqu'aux organisateurs – se remplit enfin et les 1500 billets restant semblent avoir trouvé preneurs aux caisses des Nuits de Fourvière. Il faut dire que les orages violents qui se sont abattus sur la région ces dernières heures ont cessé et que le ciel de Fourvière, une fois de plus, nous fait l'honneur d'être enfin étoilé.
Avec pas mal de retard – on est Peter Doherty ou on ne l'est pas ! - les Babyshambles démarrent leur set et déclenchent les cris de joie des centaines d'adolescents venus, souvent, accompagnés de leurs parents, perchés bien plus haut dans les gradins, un œil inquiet sur leur progéniture en proie à l’idolâtrie et plus encore, si possible. Killamangiro ouvre les hostilités et Peter Doherty annonce la couleur : cinq cocktails orangés sont rangés à portée de sa main et autant de bières. Cigarettes aux becs, les Babyshambles ne carburent pas qu'à l'eau pétillante et le font savoir ! Même fatigué, même faux dans sa voix, même avec un ventre bedonnant sous son tee shirt noir moulant et son costume sombre, ce diable de Pete Doherty séduit, envoûte et étonne encore. En témoigne son roadie qui, angoissé et alerte au bord de la scène et de l'infarctus, guette les frasques de son chanteur.
Quant à la fin de Fall From Grace, Pete change de guitare, c'est en la lançant en aveugle, derrière lui vers son roadie ; quand un jeune exalté des premiers rangs s'élance dans un crowd surfing légitime et que la sécurité, peu friande de ces débordements à Fourvière, l'attrape sans ménagement, c'est Pete qui vient à son secours dans un élan qui le plongera tête la première de la scène sur la foule, loin derrière les premières lignes qui auront du mal à libérer leur idole. Quand il change, à de nombreuses reprises l'ordre de sa setlist, rendant fou l'ingé son du plateau ; ou quand, comme à son habitude, il tape du micro, par terre, le rythme de la grosse caisse, manquant d'éclater le tympan de l'autre ingé son... A chaque fois, il convient de garder un œil sur l'artiste pour éviter qu'il ne se blesse ou blesse quelqu'un d'autre ! Tous les punks ne portent pas de crête.

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Si la setlist affichée comporte bien dix huit titres en théorie, le compte n'y est pas quand, sur les coups de 23h30, les Babyshambles sortent de scène pour la première fois. Et il s'en est sûrement fallu de peu pour que le leader de la formation décide de ne pas revenir. Finalement, quelques membres de l'organisation du festival apparaissent enfin sur scène pour y déposer quelques dizaines de coussins lyonnais devant chaque musicien. On devine la suite. Pour la première fois de l'histoire du Festival de Nuits de Fourvière, ce n'est pas le public qui va bombarder le groupe de coussins, en signe d'hommage, mais bien le groupe qui, juste avant d'entonner le Fuck Forever attendu par des teenagers survoltés, va viser son public. C'est un prêté pour un rendu tant il est vrai que pendant le set, ce public lui a déjà fait cadeau de deux soutien-gorge, un chapeau, des lunettes de soleil et quelques paquets de cigarettes, immédiatement fumés !
A part ça ? Un set convenu et convenant où les meilleurs titres des Babyshambles seront proposés. Coincés entre la fureur des Libertines et la poésie de Peter Doherty en solo, les Babyshambles n'ont jamais marqué l'histoire de leurs compositions, a fortiori décomposées.

Heureusement, le public d'un seul homme sous le coup d'une gainsbourisation avancée, vient autant pour écouter que pour voir !