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Jim Jones And The Righteous Mind

Paris, Café de la Danse - 28 septembre 2015

Live-report par Déborah Galopin

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L'Eldorado Msuci Festival a fait son retour sur Paris pour une septième édition, et ce pour quatre soirs, du 26 au 30 septembre. Contrairement à la Fête de l'Humanité il y a peu, il pourrait bien y avoir un cyclone qui s'abattrait sur la ville que rien ne saurait gâcher notre plaisir au Café de la Danse. La salle a de quoi contenter tout type de public, celui qui préfère profiter d'une belle acoustique en gradin et celui venu pour l'ambiance. Catfish, Daddy Long Legs et Jim Jones & The Righteous Mind nous ont offert ce soir une ambiance chaleureuse et déjantée. Français, Américains et Britanniques avons ça en commun : l'amour du rock et du blues.

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C'est une drôle de créature qui arrive sur scène : Catfish, mi-chat, mi-poisson, l'association d'une chanteuse et d'un guitariste. Damien Felix penché sur son instrument commence à jouer. Amandine Gachard se tient droite et fixe la salle d'un air de défi. À peine déploie-t-elle ses cordes vocales, qu'elle vient nous scotcher avec sa voix grave et puissante. Si on la croit masculine, l'instant d'après elle vient démentir nos propos en montant dans les tessitures, se mêlant au son gras et chaleureux d'une Gretsh White Falcon.
Catfish, un couple animal mi-rock, mi-blues qui fonctionne et mieux encore : fusionne. Ils ne se contentent pas d'un rôle, mais les multiplient, batteur l'un et l'autre, jouant du washboard et du synthé analogique. Damien Felix se balade sur le manche de sa guitare sans perdre le rythme, frappant du pied la grosse caisse et le charleston. Lorsque Amandine Gachard chante Catch Me ou Much Better elle dégage son énergie sauvage à travers sa voix et en se déchainant sur une caisse claire. Si on peut leur reprocher un manque de mélodies, leurs morceaux sont efficaces. Ils font forte impression en faisant à eux deux le boulot d'un groupe et grâce à leur univers excentrique et moderne.

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Les amoureux du blues ont été copieusement servis avec Daddy Long Legs ce soir. On pourrait les comparer à Howlin' Wolf ou Muddy Waters, mais qui auraient poussé le rock'n'roll à son paroxysme. Les trois énergumènes aux looks so British, nous font vivre un voyage dans le temps au cœur des années cinquante. À peine ont-ils terminé le premier titre qu'ils reçoivent une ovation. Le chanteur chevelu aux rouflaquettes nous en fait voir de toutes les couleurs. Il souffle dans son harmonica avec une énergie digne d'un métalleux et sa voix prend un accent rétro grâce au Green Bullet. Pas facile de le comprendre, mais est-ce vraiment là l'essentiel ? Ils enchainent les titres plus dynamiques les uns que les autres : Death Train Blues, Long Jonh's Jump, Motorcycle Madness, s'accordant une courte pause pour communiquer avec le public. Le seul moment où le chanteur reste silencieux plus d'une seconde, c'est lorsqu'il vient frapper la caisse claire sur laquelle il a versé de la bière, aspergeant du mieux qu'il le peut les personnes les plus proches. Instrumentalement, comme le veut le genre, cela reste simple, mais bien exécuté. Et même si les morceaux se ressemblent, difficile de s'en lasser tant l'aura qu'ils dégagent est bonne.

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Le 23 septembre 2014 était la dernière date de concert à Paris de The Jim Jones Revue, le groupe ayant depuis annoncé sa séparation. C'est à un an d'intervalle, presque jour pour jour, que J.J. est revenu sur les planches parisiennes avec son nouveau groupe Jim Jones & The Righteous Mind. Son bassiste Gavin Jay l'accompagne toujours, en plus de trois nouvelles têtes pas inintéressantes. C'est dans une lumière orangée et sous l'œil de la providence qu'ils font leur apparition. Ces retrouvailles ont presque quelque chose de religieux pour les fans. La voix si particulière du chanteur est demeurée intacte, gutturale presque enrayée, sortie d'on ne sait où. Qu'on aime ou non, il faut bien reconnaître qu'elle est impressionnante cette voix, reconnaissable entre mille.
Le début du set est dynamique avec des titres comme Aldecide et Boil Yr Blood, quasi électrique. Le public au premier rang se déchaine, dansant joyeusement et pogotant un peu. Jim Jones n'est pas de ceux qui restent en sécurité derrière leur microphone, il aime chauffer son public. Les pieds au bord de la scène, il vient jouer au nez des personnes, exhibant au plus près son jeu pour qu'on en saisisse toute la magie. Les quelques âmes déchainées le deviennent davantage.

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Cependant, le set est inégal et propose des titres trop contrastés pour nous permettre de nous immerger complètement. La différence rythmique est si forte, que nous n'avons pas le temps d'apprécier pleinement la lenteur de certains morceaux pour nous remettre à sauter la seconde suivante. Ce sont sur ces derniers que la voix de Jim vient au mieux se poser, évoquant quelque chose de trouble, pesant, mais beau. Sur 1000 Miles elle donnera un sentiment de lamentation, trainant en longueur, agrémentée d'un violoncelle et d'un Diddley Bow qui apportent un côté aérien. Les touches aiguës et légères du clavier sont apportées avec parcimonie, s'ajoutant à la douceur des maracas. Sur Hold Up, elle se fait plus criarde, superposée à des cœurs et des instruments à percussion. Difficile de ne pas ressentir quelque chose de fort à leur écoute.

Dommage que l'anglais ait du mal à se détacher de son style précédent pour se positionner franchement sur celui vers lequel il tend, car il est vraiment bon !
setlist
    Aldecide
    Til It's All Gone
    Boil Yr Blood
    No Fool
    Shallow Grave
    Save My Life
    1000 Miles
    Hold Up
    Base Is Loaded
    Dream
    ---
    Hands On You
    Walk It Out
photos du concert
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