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Jim Jones And The Righteous Mind

Paris, Maroquinerie - 26 février 2016

Live-report par Olivier Kalousdian

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Bleue ou à point, la soirée de rock que les Nuits de l'Alligator ont programmée en ce vendredi 26 février sera tout sauf végétarienne ! En présentant trois formations distillant chacune sa vision du rock originel qui va du blues « gras » au dirty blues en passant par le bayou rock, la Maroquinerie invite les carnivores et autres crocodiles des marais de Louisiane à venir s'en payer une bonne tranche ; croustillante dessus, saignante dedans.

One Man Band formé en 2010 par Victor Sbrovazzo, Dirty Deep donne à Strasbourg, sa ville d'origine, des airs de bayou louisianais. Autant inspiré par John Lee Hooker que Nirvana, ce multi-instrumentaliste de 22 ans (accompagné sur scène par le batteur de trip-hop Geoffroy Sourp), harmonica et guitare au poing, sortira son nouvel album Shotgun Wedding le 31 mars prochain par l'intermédiaire du label Hell Prod.

Daddy Long Legs (qui est également le nom d'une araignée aux longues pattes) est un trio issus de Brooklyn et du Missouri qui fait dans le blues natif, voire crade ; attitudes et looks y compris. Fred McDowell, Howlin' Wolf et Robert Johnson ne sont pas loin... Rouflaquettes et tignasse rousse en pétard, Daddy Long Legs a tout du cowboy junkie dont les armes – harmonica ; tambourin ou micro fifties... - semblent avoir voyagé dans le temps avec ses deux acolytes, depuis l'après guerre. Le backwater blues qui est issu de ces percussions, guitares et chants en forme de « primal screams » composent un sermon rock, tel ce Death Train Blues qui envoûtera plus d'un spectateur d'une Maroquinerie qui affiche presque complet.

Le ton est donné pour la suite de la soirée et laisse peu de marge d'erreur à celui qui, avec son « revue » d'autrefois, faisait salle comble avec tout ce que Paris pouvait compter d'aficionados du rock vintage. Jim Jones est désormais accompagné de « The Righteous Mind » ; une formation rajeunie, plus hétéroclite et moins portée sur la brillance de thèmes à la Jerry Lee Lewis que sur le rock sombre et maudit tendance gothique.
Si la contre-basse et la guitare steel sont toujours présentes, la coloration du thème de ce Jim Jones nouvelle formule puise dans un style plus émotionnel, plus complexe et, de ce fait moins lumineux et moins percutant qu'avec son ex groupe. Mais, n'est pas Nick Cave qui veut...

Aussi, quand Jim Jones, Gavin Jay (ex Jim Jones Revue ; basse), Phil Martini (batterie), Malcom Troon (guitare et steel guitar), Matt Millership (clavier) et David Page (guitare) montent sur scène, la salle de la Maroquinerie est étrangement clairsemée. Repartant de zéro, ou presque, la communication et l'espace médiatique de Jim Jones se sont retrouvés drastiquement diminués. Avec un premier EP nommé Boil Yer Blood sorti fin 2015 et une iconographie à faire hurler de jalousie les papys de The Cramps ou de The Meteors, Jim Jones And The Righteous Mind avaient tout pour plaire et poursuivre, de la plus belle des manières, l'aventure démarré en 2010 avec Henri Herbert, Ruppert Orton (présent dans la salle ce soir) et Nick Jones.
Et si le tonitruant Boil Yer Blood renvoie immédiatement au Jim Jones Revue, ce n'est pas par hasard. A l'origine de Jim Jones And The Righteous Mind, il y a cette explication donnée par Jim lui même : « J'avais tellement de titres non exploités qui ne collaient pas, pour une raison ou une autre, avec l'image du Jim Jones Revue qu'il m'était devenu difficile de ne pas imaginer les jouer sous un autre identité de groupe ». Le problème c'est que les titres s'enchainent avec une telle dissemblance, qu'il est difficile de trouver un fil conducteur et une réelle unité à ce Jim Jones nouvelle formule. L'exemple du titre 1000 Miles avec sa coloration Lynchienne (et son clip orientalo-psychédelique plutôt réussi) ou le très MC5 Alpha Shit donnent le tournis une fois lancés, mais sont si diamétralement opposés qu'il est difficile de ne pas se sentir décontenancés dans un pot-pourri de titres qui semblent former un condensé de faces B ; celles qu'on ne sait jamais où caser dans une discographie.
Il est rare de voir une salle se vider de son public à l'annonce de la partie principale, mais cet état de fait aura au moins permis aux plus chauds d'entre eux d'entamer un pogo agressif sur le stoogien Hands On You et un Walk It Out bien senti, fermant la marche officielle du set de ce soir.

Volontaires mais mal préparés, Jim Jones And The Righteous Mind ne manquent ni de puissance ni de talent, mais de compositions plus abouties et d'une ligne identitaire qui leur fait cruellement défaut, notamment après un souverainisme musical aussi typé et appuyé que celui du Jim Jones Revue.
setlist
    Aldecide
    Tip It's All Gone
    Boil Yer Blood
    No Fool
    Shallow Grave
    Save My Life
    1000 Miles
    Hold Up
    Base Is Loaded
    Dream
    Hands On You
    Walk It Out
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