Quelle meilleure scène autre que celle de la Gaîté Lyrique peut aussi bien retranscrire la magie onirique de Daughter ? On en serait à répondre aucune après cet exaltant samedi soir, où se sont langoureusement rencontrés jeux de lumières sombres, sonorités douces et reverb noisy.
En pleine tournée suite à la sortie de son fabuleux second disque
Not To Disappear, le trio – pour l'occasion quatuor – débute le show devant une salle comble avec
How, composition à tendance shoegazing posant les bases d'une soirée riche en émotions. S'ensuit
Tomorrow, issue de leur fameux premier opus, toujours aussi mélancolique, magnifiée en live par l'enivrante grâce d'Elena Tonra.

La formation londonienne alterne ainsi entre ses deux albums, interprétant les deux tiers de chacun d'eux pour un set proche d'une heure et demie. La première moitié fait la part belle aux compositions plus posées, tout en faisant largement parler la guitare et la batterie pour bien nous faire hésiter entre fondre en larmes et danser jusqu'au bout de la nuit.
La dream pop plus noisy de
Not To Disappear permet d'amener son grain de sel dans les performances de Daughter que l'on pouvait reprocher autrefois de trop propres et timides. Ici, des
Numbers, New Ways ou encore le rock terriblement dansant de
No Care offrent des moments bienvenus dans un set qui met bien évidemment l'accent sur les mélodies et la voix forte de sa chanteuse.
La seconde moitié du show voit ainsi les chansons les plus imposantes de
If You Leave émerger, à savoir les inévitables
Shallows, Winter, Youth et
Smother. L'ambiance que met en place Daughter dans ses morceaux a encore gagné en qualité, se faisant à présent plus denses et poignants, notamment dans les envoûtants moments
a capella que se permet Elena – que l'audience sait pleinement apprécier, d'abord bouche bée puis euphorique.

L'intruse
Home, tirée de leur EP
The Wild Youth paru en 2011, fera quant à elle la joie des fans les plus érudits tandis que, en fin de set, la détonante
Fossa vient mettre le feu dans une fosse endiablée. Certainement la composition de Daughter la plus intense et ambitieuse à ce jour, elle prend véritablement toute son ampleur sur scène, malmenant son
crescendo effréné pour exploser à mi-chemin pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Même si l'on aurait aimé voir un
Lifeforms clore ce set proche de la perfection, la somptueuse plage de fin de
Not To Disappear,
Made Of Stone, a clairement mérité son statut de rappel, prenant aux tripes comme rarement Daughter aura su le faire. Une conclusion idéale pour un groupe qui, en en l'espace de deux ans et deux albums, aura su nous émerveiller et nous surprendre, aussi bien sur notre platine bien au chaud sous la couette, que sur scène des étoiles plein les yeux et le sourire aux lèvres.