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Tom Odell

Paris, Boule Noire - 21 avril 2016

Live-report par Déborah Galopin

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Tom Odell s'est produit à la Boule Noire de Paris jeudi dernier. Séduite par Another Love, la finesse avec laquelle il chantait, je suis allée voir ce que ça donnait sur scène. De toute évidence, je n'étais pas la seule à avoir été attendrie par son titre, puisque le concert avait rapidement affiché complet. En revanche, j'aurai dû me douter que la salle serait quasi exclusivement composée de jeunes filles. Le chanteur blondinet aux textes romantiques a effectivement de quoi faire chavirer plus d'un cœur – ou faire mouiller plus d'une petite culotte...

Le concert est introduit par un artiste français du nom de Tim Dup, un presque second Tom Odell puisque, comme ce dernier, il joue au piano, et se veut songwriter aux textes poétiques. La petite touche qu'on apprécie c'est la juste dose d'humour qu'il y ajoute. Un second guest fait son apparition entre Tim et Tom, Hugo Silver, un autre frenchie qui lui est spécialisé dans les covers. Il joue une reprise de Wrong crowd, faisant ressortir toute l'émotion du morceau de Tom Odell grâce aux touches blanches et noires de son piano. Comme quoi, la beauté n'a pas besoin de mots !

Le public – quasi exclusivement féminin, je le rappelle – était jusqu'ici plutôt calme, mais dès que Tom Odell et son groupe apparaissent sur scène, une montée d'œstrogène envahit indécemment l'ensemble de la Boule Noire. Il démarre son set avec un nouveau morceau « still Getting used to being on my own ». D'abord seul avec piano, le concert prend un autre tournant quand son groupe se joint à lui, ce qui en désarçonne plus d'une ! Non, il ne vient pas uniquement pour nous chanter la sérénade. Deux batteries – rien que ça – font exploser la rythmique, accompagnées d'une guitare et d'une basse ainsi que d'une choriste qui n'hésite pas à monter haut.
Si le résultat est parfois un peu cacophonique, le son des instruments se couvrant les uns des autres à cause des décibels, Tom Odell fait très vite oublier le chanteur à midinette qu'il est grâce à la puissance que dégage son groupe. Des nouveaux titres qu'il nous présente, on peut penser qu'après trois ans, il a bien évolué. Si son album Long Way Down se prêtait davantage à une écoute douce et mélancolique. Tom Odell sort des sons plus rock que pop. Il s'amuse des contrastes, de la douce mélancolie de son piano et des grosses caisses qui résonnent fort. Le pad est également présent sur plusieurs de ses compositions, comme sur Magnetised. Le rendu y est électro et électrise la salle. Cette puissance qu'il donne, cette vigueur, on ressent que ça l'éclate complètement ! Il est généreux et n'hésite pas à jouer d'une main pour ouvrir les bras à son public.

Le chanteur à midinettes n'a pas pour autant disparu et joue même de l'image qu'il renvoie. Sur Concrete et Hold Me, il quitte son piano pour venir se pencher à quelques centimètres des visages du premier rang. Va-t-il en embrasser une ? C'est la question qu'on se pose, chantant ces morceaux dans les yeux de ses fans. Il chuchote quelques mots à une demoiselle chanceuse, faisant plus d'une jalouse. Cette jalousie qu'il chante juste après ne fait que croitre dès qu'il invite quelques autres à tremper leurs lèvres dans son verre de whisky. Émotion garantie ! Heureusement, Another Love vient contenter la salle entière, chacune s'empresse de sortir son Smartphone pour capter cet instant tant attendu.
Tom Odell n'hésite pas à passer d'un morceau intime comme Jealousy ou Constellation, révélant un côté jazzy presque crooner, à d'autres, plus énergiques comme Daddy. Le changement est brutal et on se prend cette violence en pleine face, à tel point qu'on a parfois du mal à comprendre ce qu'il se passe. Nous étions confortablement en train de nous émouvoir face à la beauté de sa voix et de son jeu, et sans prévenir les spots se mettent à clignoter dans tous les sens, les deux batteries font leur retour en force, nous sortant de notre contemplation pour venir réveiller la bête du dancefloor qui sommeille en nous. Cette sensation est inconfortable, surtout lorsqu'il répète ces pirouettes à plusieurs reprises, mais c'est aussi une bonne façon de nous secouer et de nous montrer ce qu'il a dans le ventre !

Tom Odell est un artiste qui change de direction avec ce second album. Il recherche davantage l'intensité que les larmoiements. Les deux titres dévoilés, Magnetised et le sublime Wrong Crowd à l'équilibre parfait, promettent un album plus abouti et contrasté qui devrait séduire un nouveau public. Verdict le 10 juin !