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Palace

Paris, Boule Noire - 20 mars 2017

Live-report par Charlotte Prince

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Quatre mois seulement après un passage remarqué aux InRocKs Festival, le quartet Palace réinvestit la Boule Noire dans le cadre de sa tournée européenne.

Il est tout juste 20h quand le canadien David Simard pose les pieds sur scène. Dépouillé de tout artifice, celui qui se présente comme quelqu'un passant beaucoup de temps dans la capitale française se retrouve seulement muni de sa guitare, d'un petit tambourin et de sa voix. De suite l'on se retrouve transporté dans des influences américaines tantôt proches d'une mélodie digne d'un western, tantôt axée sur de la country. La voix est posée, assurée et belle, même si on a l'impression que ses mains tremblent légèrement. Il n'est pas chose aisée que d'ouvrir un concert, encore plus quand la salle se remplit tout doucement le tout dans un brouhaha de fond assez déplaisant. Néanmoins le canadien se débrouille bien et nous entraîne avec lui sur les routes perdues au fin fond de son pays d'origine. Si la setlist est peut être composée de chansons assez proches au niveau des sonorités, David Simard arrive tout de même à convaincre le public parisien non sans un certain charme et quitte la scène de la Boule Noire vingt-cinq minutes plus tard, sous de chaleureux applaudissements.

Ce sont ensuite les jeunes anglais de Island qui investissent la petite scène. Venus présenter leur dernier EP en date, A Place You Like et accompagnant Palace sur toute la tournée européenne, on comprend vite pourquoi les deux groupes s'entendent à merveille. D'entrée de jeu Rollo Doherty et sa bande nous plongent dans des profondeurs abyssales ponctuées par la réverbération et les échos des deux guitares. Le titre Come With Me et sa dream pop ravageuse est un plaisir pour les oreilles, emmenée par la voix éraillée et fortement appréciable de Rollo. Le batteur dénoterait presque de par son grain de folie omniprésent tout au long du set et la basse diablement efficace de James complètent avec facilité ce jeune quatuor. Si les premiers titres sont retenus avec beaucoup d'attention, la deuxième partie du set s'avère un ton en-dessous, la faute peut être à des chansons qui se ressemblent beaucoup. Island font preuve malgré tout d'une bonne assurance et en seulement trente petites minutes, le public se retrouve entièrement conquis, applaudissant avec ferveur et sifflant entre chaque morceau.

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Il est 21h20 quand Palace font leur entrée dans une Boule Noire presque complète. Derrière des sourires timides, les quatre londoniens prennent place devant un public déjà totalement conquis. Les premières notes de Have Faith se font entendre et la timidité passagère des anglais laisse place a une certaine assurance et une grande maîtrise. La voix de Leo Wyndham, douce et chaleureuse, emplit la petite salle et convainc les plus sceptiques de sa véritable puissance. Le ton est donné, le groupe enchaîne avec deux titres de ses EPs, à savoir le magnifique Kiloran et Tomahawk, tous deux tirés de Chase The Light.
Avec une facilité presque déconcertante, Leo monte dans les aigus toujours en ayant cette incroyable douceur dans la voix, douceur qui nous enveloppe dans une chaleur et une béatitude un poil exagérées. On se laisse porter par le flot, rythmé par la guitare aux sonorités blues de Rupert. C'est ça aussi une des grandes forces de Palace : leur rythmique est impeccable, aliénant des mélodies blues, dream pop ou encore rock sur des titres phares tels que Head Above The Water.

S'ensuit justement le titre le plus axé rock de leur album, Break The Silence. Guitares lancinantes, lançant presque comme une complainte au début du morceau, on se retrouve à chanter en harmonie avec Leo, emporté par la puissance de Matt Hodges à la batterie.
Entre moult remerciements en français et en anglais, Palace nous offrent leur plus belle balade romantique (bien plus efficace que Tinder aux dires du chanteur) avec Veins avant d'enchaîner avec le très beau Holy Smoke. Le public est subjugué et se laisse doucement glisser sur une route toute tracée par les mélodies impeccables de So Long Forever. Titre de l'album, il ne déroge pas à la règle et montre la capacité du groupe a créer des chansons qui fonctionnent avec aisance.

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Une des autres forces de Palace, c'est cette facilité déconcertante avec laquelle ils se complètent : de la voix envoûtante de Leo en passant par les guitares incisives, la batterie puissante (tout en étant en retenue) et les lignes de basses qui marquent pleinement les titres, on resterait presque pantois de voir avec quelle maîtrise les londoniens jouent leurs chansons. La petite surprise viendra de l'inédit I'll Find Out que le groupe joue pour la troisième fois (c'est à dire depuis le début de la tournée). Chanson qui est en vérité une ancienne démo « ressortie des placards » aux dires de Rupert et qui, bien évidemment, s'inscrit dans la lignée de ce qu'ont pu proposer faire Palace auparavant. Le côté blues est mis en avant sur ce titre et l'on apprécie d'autant plus pleinement les qualités de Rupert.
Le set touche bientôt à sa fin et Leo invite le public à chanter sur la sublime mais au combien triste It's Over, chanson relatant la séparation de ses parents. Leo commence en chantant avec cette fragilité qu'on lui reconnaît facilement. Malgré le côté douloureux de ce morceau, la justesse et la chaleur dégagées par sa voix nous enveloppe une fois de plus dans une sorte de réconfort, aux antipodes du message véhiculé. Le martèlement des « it's over » est tel qu'il nous reste en tête, et ce bien après la fin du concert.
La soirée s'achève sur Bitter, morceau qui a tant fait connaitre le groupe. Les quatre anglais de Palace s'éclipsent avant de rapidement revenir sur scène pour clore leur set avec (à mon sens) l'un des plus beaux titres de leur album, Blackheath. Dès les premières notes on ne résiste pas à l'envie de fermer les yeux et l'on se retrouve sur des routes perdues au milieu de l'inconnu. Le groupe ne l'avait pas encore jouée en live et redoutait un échec mais il n'en fut rien. Le refrain et le final de ce morceau sont un choix parfait pour mettre fin à soixante minutes de set hautement maîtrisées malgré un son pas forcément toujours bien réglé.

L'enthousiasme et la ferveur du public ne trompent personne et l'on ne doute pas un instant que Palace seront bientôt de retour en France.
setlist
    Have Faith
    Kiloran
    Tomahawk
    I Want What You Got
    Head Above The Water
    Break The Silence
    Veins
    Holy Smoke
    So Long Forever
    I'll Find Out
    It's Over
    Bitter
    ---
    Blackheath
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