Palace

Alors que le quatuor londonien Palace n'était pas venu dans la capitale depuis mars 2017, c'est avec surprise qu'il a annoncé une mini tournée européenne avec une date gratuite au Supersonic à Paris. Récemment sortis du studio après l'enregistrement de leur 2ème album, ces derniers ont décidé de venir jouer quelques nouveaux morceaux ainsi que les classiques de leurs EPs et premier opus So Long Forever.

Il est tout juste 22h30 quand les anglais investissent la scène d'un Supersonic compact et étouffant. Le public s'impatiente d'entendre résonner la dream pop combinée au blues si propre au groupe. C'est avec un long leasing que Leo et ses acolytes commencent le set avant de faire place au sublime So Long Forever. Les cris fusent dans la salle et les envolées vocales de Leo, accordées aux guitares nous font déjà partir loin. Si physiquement nous sommes bien présents, le mental est bien ailleurs, transporté dans les derniers effluves estivaux qui persistent en ce début octobre.
Après quelques remerciements de la part du chanteur, le groupe démarre les premières notes de I Want What You Got issue de l'EP Lost In The Night. Tout en subtilité et avec de jolies lignes de basse (assurée dorénavant par Harry Deacon), Leo démontre une fois de plus ses étendues vocales, et ce malgré un son quelque peu vacillant. Une voix chaude et profonde qui vous enveloppe d'une douceur dont il est difficile de sortir tant on s'y sent bien.

Le public écoute attentivement et applaudit chaleureusement dans une salle qui devient vite une étuve. Etuve qui n'arrête en rien le groupe puisque celui-ci poursuit le set avec des titres issus du premier album. Mention spéciale à It's Over qui sonne toujours aussi divinement bien. Si les paroles se veulent tristes (chanson sur la séparation des parents du chanteur), l'intro dépouillée de toute artifice (si ce n'est quelques accords de guitare) et la voix donnent une puissance particulière au morceau et nous enveloppent une fois de plus dans une chaleur si réconfortante. Ambiguïté donc sur cette chanson qui reste certainement un de leurs meilleurs morceaux à l'heure actuelle.

L'intérêt de ce nouveau concert résidait dans la présentation de nouvelles compositions et c'est dans la discrétion la plus complète que la formation anglaise entame Berlin. Soyons clair, cette chanson s'inscrit bel et bien dans la veine de Palace avec ses guitares enlevées et cette voix suave mais ici la basse est beaucoup plus marquée et donne une nouvelle puissance à leur musique. A peine eu le temps de savourer une nouveauté que le groupe retombe dans les classiques du premier album, où Live Well reçoit un chaleureux accueil. Les langues se délient et le public se met à murmurer timidement quelques paroles. Devant un enthousiasme un peu plus naissant, les anglais se sentent plus en confiance et souriants, de quoi introduire une nouvelle chanson intitulée No Other. Avec les problèmes de son persistants, notamment sur la voix, il est difficile de se faire une opinion franche et claire mais le tout reste plaisant et éveille la curiosité sur leur prochain opus.

Finalement la formation revient vers ses débuts en jouant Head Above The Water et Kiloran, avec un coup de coeur perpétuel sur cette dernière. Partant bien plus sur des sonorités blues, l'ensemble harmonieux sur ce morceau frôle la perfection, le tout enveloppé par la chaleureuse voix de Leo. La fin du set approche et la formation délivre un dernier morceau, Heaven Up There, plus que brouillon. La faute à de mauvais réglages sonores, de quoi apporter une certaine frustration par rapport à cette chanson qui, aux dires du chanteur, dure sept minutes en version studio. Le moment tant attendu par l'ensemble de l'audience arrive : le fameux Bitter qui a tant fait connaître Palace. Même si la chanson reste très bonne, on sent que le groupe prennent moins de plaisir à la jouer, surtout quand on sait que leur premier album et les EPs regorgent de petites pépites méritant un bien meilleur intérêt.

Palace quittent vite la scène sous des applaudissements nourris avant de la réinvestir rapidement le temps d'un petit rappel avec Veins. Après 70 minutes de set intenses, les quatre anglais abandonnent le Supersonic pour de bon, laissant le public plutôt ravi et désireux d'en entendre plus. La patience est de mise car le nouvel album sortira au printemps/été prochain.