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Sleaford Mods

Paris, La Gaîté Lyrique - 23 mai 2017

Live-report par Pierre-Arnaud Jonard

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Sleaford Mods est un groupe devenu tellement hype ces temps derniers, qu'il n'est pas étonnant de voir leur concert à la Gaité Lyrique archi complet pour leur venue à Paris.

Massicot ouvre le bal et si leur style musical est très différent de celui des anglais, on est rapidement embarqué dans l'univers de ce trio féminin. Un mélange de krautrock et de no wave du meilleur effet. Les morceaux s'étirent sur de longues minutes avec des sons de guitares saccadés particulièrement réussis. Il est probable que la plupart des spectateurs ne les connaissent pas ce qui n'empêchent pas les filles d'emporter rapidement l'adhésion de l'assistance. Un set assez long (trois quarts d'heure) pour une première première partie, mais compte-tenu de la qualité musicale du groupe, on aurait même aimé les voir encore plus longtemps sur scène. En tout cas, un groupe que l'on aura plaisir à revoir.
Tout le contraire de Mark Wynn qui est pourtant un musicien talentueux sur disque avec son folk élégant mais sur scène, en tout cas ce soir, c'est plutôt le n'importe quoi qui prévaut. Des bouts de morceaux passés sur bande sur lesquels il joue quelques lignes de guitare. On ne comprend clairement pas le délire. Qui plus est, au bout de vingt minutes, c'est déjà terminé. Etrange pour ne pas dire incompréhensible. Si le but était de ne pas voler la vedette à Sleaford Mods, le pari est réussi.

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Avant même que le groupe de Nottingham ne monte sur scène, c'est quasi l'émeute dans la salle, phénomène assez rare à Paris. Le public scande « Sleaford Mods », « Sleaford Mods » avant même que la moindre note ne soit jouée. Il faut dire que le groupe vient auréolé de sa réputation scénique hors pair et avec un dernier album sous le bras, English Tapas, de haute volée.
Le concert est tout simplement phénoménal alors que le dispositif scènique est dépouillé au possible. Andrew Fearn balance les sons sur son ordinateur et se trémousse le reste du temps une bière à la main, rapellant la grande époque de Bez dans les Happy Mondays, pendant que Jason Williamson assure le show un micro à la main pour rapper, scander et éructer tout au long de l'heure que dure le set.
Il est rare de voir un groupe déployer une telle énergie en live. L'essentiel du set va être consacré à des titres du nouvel album mais le groupe n'oubliera évidemment pas ses classiques à l'image d'un superbe Jolly Fucker. Le concert démarre en trombe avec Army Nights qui ouvre English Tapas et la tension élevée dès ce moment ne retombera jamais. Jason est un show-man et un frontman hors pair. Il est impressionnant de voir comment un garçon sur scène, qui a comme simple appareil un microphone, peut faire vaciller une salle entière.

Les titres du nouvel album sont tous excellents à l'image de Snout, Drayton Manored, Carlton Touts et plus encore Moptop qui renverse littéralement la Gaité Lyrique. Les morceaux plus anciens comme I Can Tell ou Britain Thirst ont quant à eux gardé toute leur rage. Cette rage de l'Angleterre prolétaire et de sa dure réalité sociale, Sleaford Mods l'expriment sans doute mieux que quiconque. Chez Jason, on voit bien que ce n'est pas le look ou l'apparence qui comptent, mais ce que l'on a dans les tripes. Il n'y a qu'à le voir s'époumoner à en devenir rouge écarlate ou postillonner sur toute la salle pour s'en rendre compte.

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Le groupe termine son set par B.H.S., titre surpuissant du dernier album, punk au possible dans l'esprit. Le concert est absolument superbe mais le rappel va être encore plus grandiose. Lorsqu'ils reviennent sur scène sous les acclamations d'une foule extatique c'est pour délivrer trois morceaux qui représentent au mieux ce qu'est Sleaford Mods : Job Seeker qui, dix ans après sa sortie, n'a rien perdu de sa verve et de son mordant, Tied Up In Nottz qui pourrait être un hymne de la classe ouvrière et l'imparable Tweet Tweet Tweet.

Le public en redemande encore mais le groupe quitte la salle sur les rotules, épuisé d'une telle débauche d'énergie tout en promettant de revenir bientôt. Un grand moment et un groupe dont la réputation n'est pas pour une fois usurpée.
setlist
    Army Nights
    I Can Tell
    Britain Thirst
    Moptop
    Snout
    Carlton Touts
    Dull
    TCR
    Time Sands
    Routine Dean
    Jolly Fucker
    Drayton Manored
    Cuddly
    B.H.S.
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    Jobseeker
    Tied Up in Nottz
    Tweet Tweet Tweet
photos du concert
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