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Dream Wife

Paris, Les Bains - 15 juin 2017

Live-report par Cassandre Gouillaud

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Depuis le début de l'année, Les Inrocks et Super! sont aux manettes une série de concerts mensuels dans le club des mythiques Bains à Paris. Chacun d'entre eux est une nouvelle occasion de découvrir trois jeunes artistes et groupes. À l'affiche de cette édition du mois de juin, la sixième, la folk sensible de Leif Vollebekk, les expérimentations électroniques de Noga Erez, et surtout le pop-punk du quatuor anglo-islandais de Dream Wife qui justifie le déplacement. Depuis leur passage au festival Les Femmes S'en Mêlent l'année dernière, l'intérêt pour le groupe n'aura fait que grandir, aidé par un efficace nouveau single, Somebody, et des concerts attirant des publics de plus en plus larges. Autant dire qu'il n'était pas question de passer à côté ce nouveau passage dans la capitale.

C'est tout d'abord Leif Vollebeek qui ouvre cette soirée sur la scène des Bains, devant quelques curieux arrivés tôt. Le canadien présente à nouveau au public parisien son troisième album, Twin Solitude, quelques semaines après avoir assuré avec succès la première partie de Gregory Alan Isakvo au Pop-Up du Label. La sensibilité de cet effort, entre folk et pop, lui a attiré tant de louanges que l'on se tardait de découvrir son rendu sur scène. L'artiste entre seul sur une scène plongée dans l'obscurité, pour débuter son set sur une série de piano-voix touchants. S'il semble parfois à la limite d'en faire un peu trop, de forcer le trait sur une émotivité trop surjouée, sa voix profonde force rapidement la salle entière à l'attention silencieuse. Il est vrai que le montréalais sait manier ses effets, et aux quelques commentaires qui se font entendre, son charme fait pleinement effet. Seule nous laisse dubitative sa reprise à la guitare de la grande A Case Of You de Joni Mitchell, dont la délicatesse est sacrifiée par une précipitation qui semble ne pas tout à fait lui rendre hommage. Une belle performance pour le musicien, qui n'aura pas été aidé par une scénographie des plus approximatives et surtout des lumières plus qu'inadaptées à la douceur de sa folk-pop.

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La relève, prise par Dream Wife, vient évidemment s'inscrire aux antipodes de ce que ce premier artiste pouvait nous proposer. Rakel Mjöll, Alice Go et Bella Podpadec, accompagnées sur scène d'un batteur, n'ont qu'un EP et quelques singles à leur actif, mais pourtant déjà une prestance scénique des plus remarquables. Le groupe déroule un punk-rock des plus efficaces, qui prend nettement en ampleur par rapport à sa version studio. La voix de Rakel est de celles qui attirent particulièrement l'attention, avec un phrasé presque autoritaire qui s'épanouit dans les graves pour mieux soudainement culminer dans les aigus. Cette performance vocale, accompagnée du déchaînement des instruments, a vite fait de nous convertir à ce nouveau phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur de l'autre côté de la Manche. Dream Wife ont la guitare rugissante et les répliques cinglantes que l'on attendait d'elles, plus un charisme effronté qui achève de nous convaincre qu'il s'agit bel et bien d'un groupe à suivre.

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Cette édition la Super Pool Party était donc un rendez-vous musicalement réussi, si l'on fait abstraction d'un cadre qui n'est sans doute pas le meilleur que l'on aurait pu offrir à ces concerts. Mention particulière, donc, pour Dream Wife, que l'on devrait pouvoir retrouver sans tarder - du moins, on l'espère.