logo SOV

Ben Howard

Lyon, Nuits de Fourvière - 3 juillet 2018

Live-report par Simon Cordat

Bookmark and Share
Le 3 Juillet, le concert anglais le plus calme des nuits de Fourvière est programmé à notre agenda. Le théâtre est encore plein, et à 21 heures, les derniers spectateurs s'assoient sur les coussins verts. Première exception : la première partie n'est pas britannique. Mais une bonne place ne se refuse pas, surtout quand on est à l'heure. Pour la curiosité, aussi. On découvre une belle scène avec, en sa surface, neuf pilonnes destinés à éclairer les planches.

SOV
Ben Howard a choisi Tamino, un groupe belge influencé par les musiques d'Elliott Smith, Muse et Radiohead. C'est avec l'encouragement du public que le chanteur débarque seul avec sa guitare : des arpèges, une voix de fausset très bien maîtrisée font démarrer le concert. Ce n'est, certes, pas très joyeux, mais l'intention est véridique et touchante. Le trio clavier / guitare / batterie est plutôt bien reçu par ses auditeurs. Quelques mots en français nous font comprendre que le leader, très impressionné d'être ici, aime cet endroit : « vous êtes très gentils ». Tamino nous fait réellement entrer dans son monde au quatrième morceau, en proposant quelque chose de plus musclé. On est fortement rassurés de ne pas assister à une simple collection de chansons poignantes et dépressives : il y a autant de rock que de rythmes électroniques. Inévitablement, le chanteur charismatique est un mordu de Jeff Buckley, cela se voit et s'entend. Le morceau Habibi en est la preuve. Les belges repartent fiers, sur une autre planète : la foule a visiblement bien adhéré aux Tamino. Et c'est réciproque.

SOV
Un changement de plateau plus tard, Ben Howard et sa clique vont s'asseoir à leur place. Le leader s'adresse à nous, courbé sur sa chaise à regarder plus ou moins ses pieds ou sa guitare. Le morceau Untitled ouvre doucement les hostilités avec quelques arpèges brisés sur une Jazzmaster blanche. Une simple mise en bouche. Ensuite, The Defeat éclate, et illumine toute la formation cachée dans le noir. Chaque membre du groupe semble être un élément du décor parmi cette scène rangée comme un Tetris géant. Une mosaïque de draps dresse un arrière-plan pour des projections graphiques : c'est comme si l'on assistait à une bande originale jouée live, il n'y a pas beaucoup de temps morts. On reproche tout d'abord une musique brumeuse en live (la voix de Mr Howard étant souvent ornementée d'un vocodeur) : les deux femmes chargées de jouer les cordes et les claviers sont difficiles à entendre sur ce grand paquebot. D'ailleurs, ce ne sont parfois pas les seules à ne pas être entendues. A Boat To An Island On The Wall permet d'entrer dans le vif du sujet, les guitares se réveillent, et tout devient plus solide.

L'artiste est applaudi, encouragé. Les transitions entre les morceaux sont fabriquées par les effets stéréo, les delays qui saturent et un arpégiateur essoufflé. Un moment réservé à des remerciements timides. On l'explique par l'effet hypnotique de la superbe What The Moon Does, une vague « floydesque » longue de huit minutes qui n'a pas besoin de mots.

SOV
Un écho que l'on retrouve sur Agatha's Song, dans ce grand espace planant. Le titre Small Things a également un charme indéniable sur scène, un esprit lancinant. On s'intéresse de près ou de loin à la guitare acoustique électrifiée pour l'occasion, allant de pair avec cette nostalgie ambiante. On attribue une mention spéciale à Nica Libres At Dusk avant même le rappel. L'outro est ravissante.

Quelques minutes plus tard, End Of The Affair enchaînée à Conrad est un beau final. La performance vocale plus brute est à ce moment la plus évidente, la plus perceptible. Ben Howard arrive à faire pencher la balance en toute fin de show : il repart avec un grand sourire, comme si ce concert représentait un défi qu'il venait de relever. Bien que l'échange avec les spectateurs soit passé outre, le groupe a le jeu instrumental méticuleux, et la capacité d'emmener son public assez loin dans son exposition de tableaux.

Après l'au revoir, on se dit que les morceaux les plus électriques étaient les plus efficaces du concert.
setlist
    Untitled
    The Defeat
    Murmurations
    Someone In the Doorway
    A Boat To an Island On the Wall
    Towing the Line
    What The Moon Does
    All Down the Mines (Interlude)
    Agatha's Song
    Small Things
    I Forget Where We Were
    Nica Libres At Dusk
    ---
    End Of The Affair
    Conrad
photos du concert
    Du même artiste