The KVB

Le 6 décembre dernier, la soirée au Badaboum à Paris était placée sous le signe d'une darkwave hypnotique et efficace avec le duo londonien The KVB, précédé par M!R!M en première partie.

La salle n'est pas encore pleine lorsque M!R!M monte sur scène. Jack Milwaukee, tête pensante du projet, capitalise musicalement sur la même recette que la tête d'affiche de la soirée : des nappes de synthétiseurs accompagnées de guitares électriques et de la voix rauque du chanteur. Une entrée réussie dans la matière et une belle découverte pour ceux qui ne connaissaient pas encore le groupe. Cependant, la coldwave de M!R!M manque quelque peu de chauffer le public qui est clairement venu pour The KVB.

Lorsque le groupe quitte la scène, la salle s'est déjà bien remplie et le public a hâte de retrouver Nicholas Wood alias Klaus von Barrel et Kat Day sur scène. A 21h40, la salle est pleine à craquer. Difficile de se frayer un chemin parmi le public qui commence à s'impatienter et à se demander quand Kat et Nicholas allaient enfin se montrer sur scène.


Quand le duo arrive sur scène, la magie opère instantanément. Dès les premières mesures, The KVB nous plonge dans son univers onirique et troublé à coups de synthé et de riffs de guitare. L'obscurité de la salle est interrompue par des stroboscopes aveuglants qui bougent au rythme de la musique.
Comme pour renforcer l'effet hypnotique des lumières, des images sont projetées sur un grand écran au fond de la scène. Car il ne faut pas se leurrer : The KVB sur scène, c'est autant un spectacle auditif que visuel ! Ainsi, le titre Afterglow tiré de leur dernier album Only Now Forever sorti en octobre dernier, est accompagné d'images de gratte-ciels qui défilent et se déforment au rythme de la musique.

L'interaction entre la musique, les lumières criardes et les projections d'images tantôt oniriques tantôt futuristes ont un effet hypnotique sur les spectateurs. Certains ferment les yeux pendant le concert, comme pour mieux ressentir la profondeur de la musique. Les musiciens semblent également être dans leur propre monde et n'interagissent que très peu avec le public. Seulement quand ils s'apprêtent à jouer Under My Skin, la chanson la plus mélodieuse de leur dernier album, ils invitent le public à chanter avec eux. La chanson laisse la part belle à la voix du chanteur, dont les paroles sont bien audibles, en plus d'être projetées derrière les musiciens. Pourtant, le public, ayant visiblement du mal à sortir de sa transe pour chanter avec Nicholas, ne se prête pas au jeu et ne transforme pas la salle en un karaoké géant.

Under My Skin est suivie par Violet Noon, autre chanson d'amour qui puise toute sa sensualité dans l'interaction de Kat et Nicholas qui chantent en duo, et dans la projection d'images de plages et mer qui invitent au voyage. Ensuite, retour à un son plus agressif et les guitares shoegaze qui caractérisent le style du groupe depuis le début, avec entre autres Never Enough de leur album The Black Sun sorti en 2010.


Ceux qui pensent spontanément à The Cure quand ils entendent parler d'une chanson intitulée Never Enough étaient en bonne compagnie ce soir-là. Beaucoup de personnes sont venues au concert de The KVB vêtues de leurs t-shirts The Cure ou Joy Division, et ceci n'est pas un hasard : The KVB n'a rien à envier à ces grands maîtres du genre. Même si les deux artistes sont nés bien après la période prolifique du darkwave, ils (ré)incarnent le genre comme nul autre.
Au bout d'à peine une heure de set, Nicholas Wood annonce la fin du concert de manière un peu maladroite et sans véritable transition. Il crée ainsi un petit moment d'hésitation parmi le public qui se demande si c'est vraiment terminé ou si cela fait partie de l'humour légèrement cynique du chanteur. Malheureusement, ce n'était pas de l'humour, et au bout d'un break de quelques courtes minutes, The KVB revient avec deux dernières chansons en guise de rappel. Le concert se termine par Dayzed, titre à la fois sombre et énergique que Kat Day désigne comme sa chanson préférée.

Après cette finale abrupte, le public sort de son hypnose avec l'impression d'être resté un peu sur sa faim et l'envie d'en voir et entendre rapidement plus de The KVB.