« Every night was a Friday night », voilà comment Mike Skinner expliquait son gros coup de fatigue, ayant entrainé sa retraite anticipée et la mise en sommeil de The Streets, quelques mois après la sortie de son cinquième album
Computer And Blues.
Après six années de silence radio, une poignée de morceaux auto-produits lâchée fin 2017 sur Soundcloud sous le pseudonyme The Darker The shadow The Brighter The Light annonçait un retour aux en forme du petit prince des shavs ; l'inimitable accent cockney posé sur son habituel mix de grime et de UK garage.
Après ce tour de chauffe, Mike Skinner a repris son blase d'origine et reformé The Streets en 2018 pour une tournée Best Of et un bouillant concert parisien. Rattrapé par la fièvre du vendredi soir, The Streets revient déjà en ce début d'année avec une tournée européenne. Initialement prévu à l'Olympia, le concert a été finalement transféré dans un Trianon, pas plein à craquer – loin de Spotify, loin du cœur.
Les lumières s'éteignent, Skinner, pas si fit – but you know it, investit la scène dans un total look noir, nike, jogging ; k-way. Chav un jour, Chav toujours. Les premières mesures de
Turn The Page résonnent sous les acclamations d'un public quadra conquis d'avance, mais un peu soucieux de son mardi matin.
Paris, un lundi soir, en février, il va falloir aller chercher cette salle. Dès le deuxième morceau, Skinner descend dans la fosse, fend la foule pour enchainer un
Let's Push Things Forward /
Same Old Thing, suivi de
Sharp Darts /
Don't Mug Yourself. Efficace, les pintes volent au-dessus du public, l'
Original Pirate Material fait toujours son effet.
Le public dans la poche, Skinner s'offre une pause et une première pinte – on a compté, il s'en enfilera plus que Ricky Gervais aux Golden Globes, dont une cul sec chronométrée à 6 secondes 57. Encore quelque chose que les anglais feront toujours mieux que les français. Tout le monde ayant oublié que nous sommes un lundi soir, c'est l'heure de danser. Accompagné d'un groupe qui envoie la sauce, comme on dit chez Taratata, Skinner enchaîne sans transition
Has It Come To This? et
Geezers Need Excitement, toutes basses dehors.
Mais Mike le sait, le public a son âge, alors il harangue la foule, « let's pretend we're all 21 and we're at Rock en Seine ». Demande exaucée, le sol rebondit fort avant de profiter de quelques morceaux plus calmes, où Skinner et sa bande font le job, parfaits pour aller faire une recharge au bar.
Sur
Heaven For The Weather, Skinner lance un concours de crowd surfing, réservée aux filles en jean pour éviter tout équivoque. Tellement 2019, mais efficace. Un beau
Dry Your Eyes et c'est déjà l'heure du rappel.
Jusqu'ici le concert n'a pas été décevant, il a juste été au niveau de nos attentes pour un come-back. Pro, bien balancé, un peu propre. Le rappel sera d'un tout autre niveau.
Accompagné par un MC chaud comme une barraque à frites, un soir de match à Bollaert, The Streets retourne la salle avec trois des morceaux les plus explosifs de The Darker The Shadow The Brigther The Light,
Your Wave God's Wave God,
Call Me In The Morning et
Open The Till. On attend l'hypothétique album avec impatience.
C'est désormais l'heure des hymnes, et surtout du clou du show, un long, funky et moite
Weak Become Heroes qui fera dodeliner toutes les têtes avant que le tubesque
Blinded By The Lights ne fasse chavirer tous les cœurs.
Un dernier pogo avec le très blurien et obligé
Fit But You Know It et c'est déjà l'heure de sécher ses gouttes de sueur mêlées de bières et d'attaquer, avec quelques courbatures, ce qu'il nous reste de semaine car définitivement avec The Streets, every night is a Friday night.