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The Smile

Paris, Days Off Festival - 7 juin 2022

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Certains concerts constituent de véritables évènements et celui-ci en fait forcément partie. En ce début de semaine, The Smile se produisaient pour deux dates à la Philharmonie de Paris. Après un concert initialement prévu quelques jours plus tôt à l'Aéronef de Lille mais finalement remis pour des problèmes de voix, Thom Yorke, Johnny Greenwood et Tom Skinner étaient bien présents dans la Grande salle Pierre Boulez à la Villette.

Après trente minutes de musique conceptuelle jouée par le multi-instrumentiste américain Robert Stillman au titre de la première partie, le public de la Philharmonie doit encore patienter trente minutes supplémentaires avant de voir arriver sur scène les trois musiciens sur l'introduction The Smile de William Blake lue par l'acteur irlandais Cillian Murphy. Thom Yorke, après avoir salué le public, se positionne au piano, Johnny Greenwood est à la basse et Thom Skinner à la batterie, bien entendu. Ce second acte parisien débute avec Pana-Vision, joli moment de délicatesse. On comprend alors que la setlist sera forcément différente des précédentes prestations live du groupe, puisque celles-ci se résumaient à une interprétation chronologique des treize morceaux de l'album.


Si l'entame du concert se fait en douceur, le son change littéralement avec Thin Thing. Le Krautrock est de mise et Johnny Greenwood fait rugir sa guitare, tête baissée et mèche descendante comme d'accoutumée, dans un éclairage rouge sang. Le concert est bien lancé et The Opposite qui lui fait suite séduit pleinement l'audience avec ce son rock minimaliste merveilleusement retranscrit sur scène.

Thom Yorke glisse un remerciement juste avant de plonger l'audience parisienne dans un Speech Bubbles de toute beauté qui rappelle inévitablement Radiohead. Johnny Greenwood termine le morceau à la harpe, posée près du piano où il était assis. Ce son magique et cette émotion continuent avec Free In The Knowledge, où une fois encore le fantôme du groupe d'Oxford est inévitablement présent. La voix de Thom, pour laquelle nous avions craint à juste titre, est parfaitement en place et résonne joliment dans l'enceinte de la Philharmonie.
A Hairdryer se fait plus expérimental avec notamment les mouvements d'archer de Johnny Greenwood sur sa basse et ce sentiment que Thom Yorke se retrouve en transe avec les mouvements de balancier qu'il effectue avec sa tête de gauche à droite. Les nappes synthétiques de Waving A White Flag semblent sortir tout droit d'un film de John Carpenter. C'est également ça l'esprit de The Smile, une forme d'expérimentation sonore qui prend encore une autre dimension sur scène. Vient alors le premier cadeau de la soirée, l'arrivée sur scène de Robert Stillman, non pas pour interpréter You Will Never Work In Television Again, qui interviendra plus tard, mais pour un tout nouveau morceau expérimenté en live, Colours Fly, où Thom Yorke répète inlassablement "You can change your mind" et sur laquelle le saxophone du multi-instrumentiste New Yorkais vient s'accoler. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce premier essai est convaincant.


Le concert est emballant. We Don't Know What Tomorrow Brings et ses lignes de synthés sur un rythme rock nous emmènent vers d'autres horizons. Thom Yorke semble ravi de la performance de ce soir et remercie tout le monde en Français. Skrting On The Surface sonne downtempo, et cela, on ne le soulignera jamais assez, grâce au jeu de batterie superbement maitrisé de Tom Skinner. Open The Floodgates est quant à elle follement mélancolique avec son piano et la voix envoûtante du leader de Radiohead.
Puis survient une autre nouveauté, Bodies laughing, qui trouve sa place dans la setlist. La chanson contient de petites influences jazz et s'avère également un autre inédit de qualité. The Smoke, avec sa basse lourde, ses riffs de guitare et ses coups de batterie, nous renvoie de nouveau vers le krautock, mais cela n'est rien comparé à la version sans concessions de You Will Never Work In Television Again. Brute et terriblement puissante, elle vient conclure une heure et sept minutes de concert magique.

Le groupe revient rapidement sur scène pour un long rappel de quatre titres. L'hypnotisant The Same pour démarrer, suivi de deux autres chansons non présentes sur le premier album du groupe : le jazzy Friend Of A Friend et le krautrock Just Eyes And Mouth au final lourd et étouffant. Thom Yorke danse enfin sur Feeling Pulled Apart By Horses, une des compositions en solo de l'Anglais avec son rythme presque africain qui constitue l'ultime morceau d'une très belle soirée.

Ce sont au total dix-huit compositions dont The Smile ont gratifié le public parisien pour cette seconde soirée consécutive à la Philharmonie. Une heure et trente minutes de concert où les trois musiciens ont enchanté le public, les sourires perçus sur leurs visages lors de la sortie de scène en étant révélateurs. Prochaine date française dès ce soir à Lyon, gageons que celle-ci sera aussi réussie.
setlist
    PANA-VISION
    THIN THING
    THE OPPOSITE
    SPEECH BUBBLES
    FREE IN THE KNOWLEDGE
    A HAIRDRYER
    WAVING A WHITE FLAG
    COLOURS FLY
    WE DON'T KNOW WHAT TOMORROW BRINGS
    SKRTING ON THE SURFACE
    OPEN THE FLOODGATES
    BODIES LAUGHING
    THE SMOKE
    YOU WILL NEVER WORK IN TELEVISION AGAIN
    ---
    THE SAME
    FRIEND OF A FRIEND
    JUST EYES AND MOUTH
    FEELING PULLED APART BY HORSES (THOM YORKE COVER)
photos du concert
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