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The Ramona Flowers
Circa Waves

Paris, Petit Bain - 25 février 2023

Live-report par Adonis Didier

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Circa Waves : « Envion les vagues ». Si on avait eu à décrire Liverpool avec seulement les mains, on n'aurait sans doute pas fait mieux. Et ce ne sera donc pas sans faire de vagues que les quatre liverpuldiens voguant feront ce soir escale sur la péniche de Petit Bain à Paris pour l'ultime date de la tournée européenne de l'album Never Going Under. Une date à petite échelle qui affiche complet plusieurs semaines à l'avance, alors on se prépare à se serrer dans la cale, et gare aux marins d'eau douce avec le mal de mer.


Mais avant ça, gare surtout à nos oreilles et à nos yeux, car The Ramona Flowers se présentent sur scène dès 19h30, un horaire somme toute précoce pour un samedi soir, qui verra votre chroniqueur préféré n'arriver qu'à la moitié du set, un retard qui ressemblera vite à un sacré coup de chance. Si vous avez connu The Ramona Flowers dans la précédente décennie, désolé de vous décevoir, mais les fleurs electronica-rock 80's ont cédées aux sirènes de la pop disco dance banale et formatée des années 2010, alors même qu'on commençait à s'en débarrasser. Voici donc sur un groupe qui tente des coups dix ans trop tôt ou dix ans trop tard, jamais dans le bon tempo, et qui n'assumera ce soir aucune de ses anciennes chansons, un peu comme vous et vos photos de collège des années 90. Dommage. La fosse, majoritairement composée de jeunes filles entre treize et vingt ans, semble y trouver son compte pour se chauffer un peu les mollets, alors que le reste de l'assemblée, composé des parents des dites jeunes filles ainsi que de suiveurs un peu plus matures de Circa Waves (sans doute tombés dans la marmite au moment du premier album, ou du rugueux Different Creatures), observe entre ennui et consternation la fadasserie de fast-food pop qui leur est servie par un groupe à peine plus convaincu qu'eux de sa tambouille sans âme. On fermera d'ailleurs les yeux sur les cheveux du chanteur, tout aussi gras que sa musique, pour se remettre dans l'ambiance, et quoi de mieux pour cela que de fendre la foule jusqu'à se retrouver collé à la scène, entouré d'un bataillon de jeunes filles à peine majeures (ou pas).


Une foule qui ne retient pas ses cris lorsque, une demi-heure plus tard, Kieran Shudall et ses trois amigos de Circa Waves foulent pour la première fois la scène de Petit Bain. Un Kieran avec un peu de double menton, des faux airs de Hugh Grant, mais toujours la même énergie, et ce n'est pas le nouvel album qui va réduire la voilure du fun et de la danse. Never Going Under sert d'introduction au set, et si certains ont pu critiquer la direction Two Door Cinema Club récemment prise par le groupe (comme si ces derniers sortaient encore des albums de ce niveau), le live sera là pour leur rappeler que l'on est toujours face à un groupe de rock. De pop-rock, certes, mais dans pop-rock il y a rock, et dans concert il y a... Bref, si l'on a gentiment pu rire de la jeunesse de la fosse, celle-ci n'a pas oublié son énergie au vestiaire, ni de potasser les paroles, et pas seulement du dernier album. Movies a ainsi droit à un refrain intégralement repris par le public suivi d'une séance de claps des mains, avant que Fossils ne déclenche les premiers sautillements. La houle est dans la foule, et inversement. Ambiance moins gentillette sur l'intro du premier enfant de Different Creatures, la doucement bourrine Wake Up, et il n'en fallait pas beaucoup plus pour voir un cercle se former derrière les premiers rangs de la fosse. Un mosh pit qui ne durera qu'une chanson et qu'on ne retrouvera plus ensuite, mais qui reste un témoin de la diversité de tons qu'ont su aborder les quatre membres de Circa Waves durant leur carrière.

Sans qu'il ait tellement à insister, Kieran pousse le public en lui rappelant que c'est la fin de tournée, et le motive à sauter toujours un peu plus. Chose faite sur Sad Happy, et c'est tout le sol que l'on sent suivre le mouvement, jusqu'à la péniche elle-même, dont on espère qu'elle est bien amarrée. Et alors que l'on se demande déjà comment on va faire pour sauter en marche et atterrir sur pont de Sèvres, Kieran nous jette un regard mutin, coquin, sexy, tout en nous pointant du doigt. On tombe à moitié dans les pommes, une flèche en plein cœur, tout comme les dix jeunes filles autour de nous, face à ce comique de regard à l'anglaise, oh décidément Hugh Grant... Conscient d'avoir saisi son public, notre sosie préféré pousse un « are you ready to f***ing jump !? » pour envoyer Do You Wanna Talk jusqu'au port du Havre. Voilà qui ne va pas être pratique pour rentrer ce soir.


La doublette Move To San Francisco / Lemonade fait ensuite office de moment de douceur et de récupération, les bras se balancent en l'air, et c'est l'occasion pour Joe Falconer de donner de la voix, remplaçant le temps d'une chanson le jeune guest Alfie Templeman, pour une prestation très honorable de la part du musculeux guitariste lead et choriste numéro 1 du groupe. La machine repart en avant dès la lourde intro de Fire That Burns, pour ne plus jamais s'arrêter, si ce n'est le temps de remercier les fans de Liverpool venus pour l'occasion, ainsi que le frère de Kieran aussi présent, dont les quarante ans seront loués et chantés par toute la péniche pour le plus grand bonheur de l'intéressé. Be Your Drug sera donc dédiée à Liverpool et à son frangin, mais rassurez-vous tout le reste sera pour nous, les fans parisiens. Et ce tout comporte évidemment la finale T-Shirt Weather, chanson fantastique dont les deux premiers accords suffisent pour retrouver le sourire au milieu des journées les plus dégueulasses que l'univers mettra sur votre route. Ceux qui ont commencé comme les joyeux petits frères des Kooks et des Strokes terminent en tant que tel, parce que quitte à ne jamais pouvoir fuir son passé, autant faire la fête avec.

On redemandera bien une deuxième tournée, mais rien à faire, le concert est bel et bien terminé, après à peine plus d'une heure passée en notre compagnie. Un concert à l'image de Circa Waves, concis, efficace, sympathique mais jamais complètement renversant, à la joie de vivre réelle et communicative. On ressort de Petit Bain un peu plus heureux qu'en y entrant, et franchement c‘est déjà très bien comme ça. Bon, OK, ils auraient quand même pu jouer T-Shirt Weather une deuxième fois !
setlist
    The Ramona Flowers
    Circles
    California
    I Dance Alone
    Sins Of The Father
    No Worries
    Hey You
    Mirrors In The Mansion
    Up All Night

    CIRCA WAVES
    Never Going Under
    Movies
    Fossils
    Wake Up
    Your Ghost
    Stuck In My Teeth
    Sad Happy
    Get Away
    Do You Wanna Talk?
    Hell On Earth
    Move To San Francisco
    Lemonade
    Fire That Burns
    Be Your Drug
    Carry You Home
    ---
    Jacqueline
    T-Shirt Weather
photos du concert
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