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The Proper Ornaments

Paris, Boule Noire - 27 février 2023

Live-report par Adonis Didier

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La fin février signe le retour à la douceur, les jours se rallongent, le soleil se fait plus chaleureux, et annonce l'arrivée imminente du printemps. Ou pas. Prenons par exemple cette année, où contrairement à la chaude 2019 (21°C à Nancy, le genre de chose qui arrive deux fois par an), ça caille sévère fin février. L'occasion était donc trop belle de se retrouver à la Boule Noire à Paris pour un concert organisé par l'association La Bagarre et affichant complet, de quoi se frotter à des gens et se réchauffer tout en esquivant les surtaxes du prix de l'énergie. Hein, le groupe ? Ah oui, c'est vrai, le groupe. Eh bien le groupe c'est The Proper Ornaments, et si ça ne vous dit rien c'est normal, mais on est aussi là pour vous faire découvrir des choses.

Passage rapide sur la longue, très longue première partie : Dorian Pimpernel. Des quarantenaires et presque quarantenaires jouant un rock psyché 60's/70's lent et vaporeux avec des intentions honorables, mais pour un résultat trop brouillon, sans accroche, qui ne surprend plus passé les cinq premières minutes, si ce n'est pour nous faire très ponctuellement repenser à Montecarl, groupe français de la fin des 90s injustement tombé dans l'oubli et qui avait, lui, la bonne idée d'adjoindre des tempos rapides et dynamiques à ses rites psychés. Est-ce que tout ce paragraphe n'avait pour but que de vous parler en douce de Montecarl ? Décidément, vous commencez à me connaître.


Les quarante-cinq minutes de première partie enfin derrière nous, nous remettons les manteaux et quittons les mutiques, statiques, et peu charismatiques Dorian Pimpernel pour... les mutiques, statiques, et peu charismatiques The Proper Ornaments. La bonne idée du soir est à jeter aux oubliettes, il fait entre cinq et dix degrés dans le sous-sol de La Boule Noire, et ce ne sont ni l'ambiance ni les émotions qui vont nous réchauffer ce soir. Le groupe aura ainsi l'amabilité de jouer Crepuscular Child intégralement tourné vers sa batteuse d'emprunt, qui s'avère aussi être prof d'anglais sur Paris, comprend-on d'un ou deux mots saisis dans la foule. La foule, qui n'est visiblement pas le fort de James Hoare et Max Oscarnold, têtes de pont, guitaristes, et chanteurs de la formation anglaise, deux introvertis qui vont donc plus adresser la parole à l'ingé son au fond de la salle pour se plaindre des retours qu'au public venu se les geler pour profiter de leur sublimement douce pop psyché.
Une douce pop psyché dont on n'entendra honnêtement et malheureusement pas grand-chose, tant les voix sont passées à la moulinette pour terminer dans une soupe sonore remplie d'un écho mal maîtrisé et d'une distorsion dont on ne comprend pas très bien ce qu'elle fait là. Les harmonies vocales qui font toute la richesse musicale du duo peinent à décoller, embourbées qu'elles sont dans les vapeurs de mélasse que déversent les amplis. Heureusement, les chansons les plus dynamiques et bordéliques du groupe parviennent tout de même à surnager, et c'est ironiquement Step Into The Cold qui vient nous réchauffer en agitant la foule, de plus en plus éparse. Des aller-retours pour prendre une bière, des gens qui préfèrent rester au bar ou carrément s'en aller, et ce n'est pas l'air de Jean-Paul Rouve patibulaire et mal coiffé de Max Oscarnold qui nous motivera plus avant à rester. Et pourtant, on est encore là, lorsque Apologies et Bridge By A Tunnel s'enchaînent sans qu'on ne les reconnaisse, la deuxième étant même carrément sabotée à l'aide d'une ligne de piano électrique affreusement mal mixée et plus faite pour scier dans un crâne humain que pour toute velléité mélodique et musicale.


Oui, c'est dur, mais les chansons de The Proper Ornaments sont parmi les plus belles pièces de pop brillante que nous a offert la dernière décennie, et se retrouver avec un tel résultat sur scène est à la fois un crime et un crève-cœur, comme si on assassinait une deuxième fois John Lennon. Now I Understand et Recalling relanceront un peu l'intérêt du concert, et nous éviterons de partir sur une note trop négative, cette dernière s'étirant de longues minutes pendant que les membres du groupe font face à leur ampli, pour un résultat plus pêchu que communicatif. Au point où on en est, on prend.
Difficile, donc, de comprendre le spectacle auquel on vient d'assister, et on se dit que l'on aurait mille fois préféré à ça un set acoustique plus intime, aux guitares épurées, aux harmonies vocales survolant nos têtes comme une nuée d'hirondelles au printemps, dans une véritable communion entre le groupe et son public, d'autant plus dans une salle qui avait de quoi se prêter à l'exercice.

Le setup parfait pour The Proper Ornaments semblerait donc être un showcase acoustique à la scène trop petite pour que le groupe puisse se retourner et esquiver la foule, alors qui sait pour une prochaine release party au Supersonic Records. Et encore, ils seraient bien capables de fixer leurs pieds pendant quarante minutes.
setlist
    Crepuscular Child
    Purple Heart
    What Am I To Do
    Black Tar
    Step Into The Cold
    Just A Dream
    Apologies
    Bridge By A Tunnel
    Cremated (Blown Away)
    Now I Understand
    Six Lenins
    Recalling
photos du concert
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