Charlie Cunningham

Il est quelques rares occasions où le télescopage de deux mondes bien différents fait des merveilles. Plus particulièrement quand il s'agit d'allier la solennité des lieux de cultes à l'énergie de la musique moderne. Ainsi, nous retrouvons en cette douce soirée printanière au sein de la grande et sobre Eglise Saint-Eustache au cœur de Paris la guitare folk et flamenco de l'anglais Charlie Cunningham.


Dans le cadre des concerts Spirutus Sancti qui ont pour objectif de transposer dans des lieux saints les répertoires musicaux qui d'ordinaires s'écoutent en salles de concert, la pop douce et fluide de Charlie Cunningham trouve ainsi un écrin des plus avantageux sous la nef de l'Eglise Saint-Eustache.
Prenant place sobrement sur une scène encadrée de quatre spots et recouverte de candélabres (qui resteront tous allumés malgré les multiples courants d'air balayant l'édifice, du cierge de compétition à n'en pas douter), perché sur son tabouret comme cela était le cas lors de son dernier très beau concert au Café de la Danse en octobre 2019, c'est seulement accompagné de sa guitare acoustique que le londonien va interpréter de façon très humble ses plus belles odes.

L'ambiance est solennelle, les spectateurs étant assis sur les chaises en rang d'oignons qui accueillent d'ordinaires les paroissiens et les consignes étant d'éviter de se promener durant le récital afin de respecter la quiétude des lieux, mais surtout afin de ne pas déconcentrer l'artiste. Ainsi, dans la lueur délicate et chaude des bougies, la pop folk de Charlie Cunningham semble se revêtir d'une couche de profondeur que l'on ne lui soupçonnait pas jusque-là.



On retrouve les titres qui ont fait la popularité de Charlie Cunningham (notamment sur les plateformes de streaming) tels Blindfold et Lights Off qui sortent grandis grâce à cette interprétation particulièrement veloutée. Permanent Way et Sink In qui, sur album, sont entourés d'une aura plus synthétique, gagnent en mysticisme interprétés à la simple guitare, l'écho puissant de l'église les propulsant ainsi tout en haut de la nef.
De même, le londonien démultiplie dans ces conditions acoustiques privilégiées ses capacités vocales, son chant touchant au plus près les premiers rangs comme les derniers, les spectateurs ne pouvant rester insensibles à l'aura que dégage un tel lieu.

Une bonne heure de récital suffira à mettre tout le monde d'accord, d'une part sur le talent de Charlie Cunningham, bien trop discret dans notre contrée, et d'autre part sur l'incroyable résultat obtenu par ce mariage entre deux mondes semblant trop opposés.