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The Murder Capital
SOAK

Villeurbanne, Transbordeur - 31 octobre 2023

Live-report par Lena Inti

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La lune est presque pleine en cette dernière soirée d'octobre fraîche, venteuse et lugubre. La nuit sera longue et déguisée, dans de nombreux bars et boîtes de la capitale des Gaules. Mais à quelques encablures de là, à deux pas du Parc de la Tête d'Or, quelque chose se trame dans la salle villeurbannaise du Transbordeur. La grande salle de 1800 places est en préparation pour une soirée techno spéciale Halloween. The Murder Capital, eux, sont relégués à la première salle, de 600 places maximum, le « Club Transbo », un espace bien plus intimiste et sans barrières.


A 20h pétantes, quelques notes de guitare, claires et aériennes, flottent dans la salle, et la voix cristalline d'un petit ange se fait entendre : SOAK ouvre le bal (costumé), vêtu de blanc, ailé et avec une auréole. Tout en douceur. Vraiment, très en douceur. Iel nous vient du nord de l'Irlande et débute quelques dates de cette tournée automnale de The Murder Capital. Déjà présente à Paris une dizaine de jours plus tôt, la musique de Bridie Monds-Watson me rend toute aussi perplexe que mon collègue Adonis, comme choix de première partie de la tornade dramatique du quintet irlandais.
Bien loin de chauffer la salle, aussi sympathique soit-iel, SOAK endort la salle, qui écoute poliment, une bière à la main. L'artiste tente de communiquer avec le public, qui n'est pas vraiment réceptif. Seul, une guitare à la main, les deux premiers morceaux ne sont pas désagréables, avec sa voix enfantine. Mais bien vite la curiosité retombe. Le niveau sonore du set est si faible que l'on entend distinctement une ambulance passer au-dehors et même les sèche-mains des toilettes. Dommage, lorsque l'on sait que SOAK a un certain talent pour les mélodies et compositions. Le choix du seul en scène avec une guitare n'est certainement pas le bon.


Vers 21h, nos cinq irlandais tant attendus débarquent dans une ambiance immédiatement plus sombre, sur une grosse ligne de basse et un puissant martèlement de batterie : pas de doute, The Murder Capital sont bien là, et font une entrée charismatique, plongeant la salle (pas complètement remplie) dans une lumière bleue. Habituellement sobrement vêtus, cette fois-ci les musiciens sont au summum de leur originalité : James McGovern chante, grimé en clown maléfique tel le Joker, Cathal Roper (guitare) a une tête de mort mexicaine et porte un poncho rouge, Gabriel Pashal Blake joue de la basse vêtu en mousquetaire. Mais le gagnant de cette soirée costumée d'Halloween est sans nul doute le batteur Diarmuid Brennan, avec ses huit pattes d'araignée... et autant de baguettes de batterie. Ce soir, il enflamme le club Transbo par son impressionnant martèlement et ses nombreux changements rapides de rythme. Sans nul doute que les huit bras ont aidé à sa performance...

Déguisés ainsi, l'entrée sur scène avec l'explosif For Everything électrise immédiatement le public, et le sublime changement de tonalité de guitare prend aux tripes (et votre journaliste frissonne et verse sa petite larmichette d'émotion). More Is Less entraîne la salle dans une tornade et James se jette dans la foule, heureusement assez compacte à l'avant. Déçus que le public n'ait pas fait l'effort de se déguiser alors qu'eux ont passé des heures à se faire peinturlurer le visage, le groupe enchaîne avec Crying, de leur deuxième disque Gigi's Recovery paru en début d'année. S'ensuivent plusieurs titres de cet album puissant et introspectif, avec Return My Head, The Stars Will Leave Their Stage, Ethel et Gigi's Recovery. Ce milieu de set plonge le public dans une transe, de nombreux fans se balançant de droite à gauche, le regard lointain. Plus rien ne semble exister et le temps est suspendu. En live, c'est notamment cette ambiance si particulière et les nappes de guitares, tantôt subtiles tantôt déchirantes, qui font leur richesse et, rappellent parfois les écossais de Mogwai.


Après une première moitié de set contemplative consacrée à Gigi's Recovery, la seconde alterne des titres de ce dernier et du premier disque, When I Have Fears. Green & Blue est accueillie avec joie par quelques fans du premier rang, avant le lancinant et profond Slowdance. James tente à plusieurs reprises de lancer des petits « murs de la mort », qui s'avèrent gentillets. Les très mélancoliques We Had To Disappear et A Thousand Lives calment alors la fosse et impressionnent, en particulier par le talent de batteur de Darmuid, en contraste avec la lenteur du reste des instruments. Leur dernier single paru tout récemment, résolument plus pop mais très réussi, Heart In The Hole, fait plaisir à entendre ce soir. Mais comme ce n'est pas le morceau idéal pour terminer cette soirée, nos irlandais lancent des pogos en finissant avec Don't Cling To Life et Feeling Fades. Redoutable.

N'en déplaise à Franck Narquin pour qui la performance ou la musique de The Murder Capital ne sont certainement pas assez originales ou underground, les personnes aux goûts subtils auront su apprécier cet excellent concert riche en émotions de « The Clown's Reflection Tour ».
setlist
    SOAK
    Non disponible

    THE MURDER CAPITAL
    For Everything
    More Is Less
    Crying
    Return My Head
    The Stars Will Leave Their Stage
    The Lie Becomes The Self
    Ethel
    Gigi's Recovery
    Green & Blue
    Slowdance
    We Had To Disappear
    A Thousand Lives
    Heart In The Hole
    Don't Cling To Life
    Feeling Fades
photos du concert
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