Django Django

Depuis le temps que nous attentions le retour de Django Django sur scène à Paris, nous en avons tous perdu le fil du décompte. Ici, plusieurs hypothèses : cela fait-il déjà sept ans, comme l'annonce Vincent Neff dès son entrée sur scène ? Cinq ans, comme le démontre le site www.setlist.fm et la trace d'un passage à La Cigale en 2018 (confirmé car nous y étions) ? Ou tout juste quelques mois, si tant est qu'un concert sous la tôle, en plein courant d'air et dans un brouhaha d'enfer au Ground Control de la gare de Lyon peut-être considéré comme un vrai concert ? Votre chroniqueuse plaide coupable s'agissant de sa mémoire défaillante et se concentre donc sur cette nouvelle soirée en compagnie des joyeux Django Django, de retour armés de leur bonne humeur toujours aussi contagieuse, cette fois-ci au Trabendo de la Villette en cette soirée glauque et humide.

Pour rappel, ces derniers nous ont offert en juin dernier Off Planet, un recueil de morceaux très inspirés nous menant aux quatre coins de leur galaxie musicale tant son contenu fourmille d'idées et d'influences. Beaucoup plus dissipé que son prédécesseur Glowing In The Dark, resté malheureusement dans l'ombre à cause de sa sortie en plein COVID-19, ce nouvel opus promettait alors de nous offrir un sacré boost de vitamines en live. Une raison incontestable pour se rendre dans la salle du 19ème arrondissement malgré un agenda concerts qui fait s'arracher les cheveux de la tête de vos chroniqueurs dévoués, la saison froide et le port du bonnet tombent alors à point nommé.


Et pourtant, nous pénétrons dès l'ouverture des portes dans un Trabendo qui restera étonnamment vide jusqu'à seulement quelques dizaines de minutes du concert, rendant un peu perplexes les afficionados du premier rang et peinant ainsi à faire démarrer le moteur malgré une première partie plutôt dansante. Le rhume, les transports publics, les sols jonchés de feuilles... Quelle qu'en soit la raison, les fans du groupe répondent tout de même présent au moment T, et dès 21h la salle affiche enfin complet tout en réservant un tonnerre d'applaudissements à David Mclean, Vincent Neff, Jimmy Dixon et Tommy Grace qui ne bouderont pas leur plaisir en inondant la salle de sourires tout du long du show. Parés de leurs belles chemises blanches à motifs noirs, comme lors de leur passage estival à Ground Control, nos quatre amis vont ce soir faire la part belle aux titres les plus dansants de leur répertoire et mettre fortement en exergue les guitares.

La setlist fait honneur comme il se doit au dernier disque, écartant de nombreux duos et peut-être les morceaux les plus expérimentaux en faveur de titres plus accessibles et facilement adaptables en live. Ainsi, Golden Cross, Black Cadillac et Slipstream nous sont enfin présentés, avec ce soir une préférence pour Dumdrum, juste avant lequel Tommy se voit obligé de changer littéralement de clavier, ce dernier ayant apparemment rendu l'âme en plein état de service. Nous n'avons heureusement rien soupçonné, les musiciens de Django Django passant de la guitare à la basse aux nombreux claviers, tout en faisant retentir tambours et autres percussions, à deux ou quatre mains, créant une atmosphère des plus festives. Le lightshow stroboscopique aide à nous plonger dans un état de semi-transe digne d'une soirée au Rex Club et les Django Django de guider nos pas en ne cessant de bondir sur place ou sur le devant de la scène, privilège réservé à Vince, meneur de troupe qui sait haranguer juste ce qu'il faut son public.


Les petites surprises du soir sont la présence d'Isabelle Woodhouse qui permettra l'interprétation de Lunar Vibrations, d'un inédit intitulé Somebody's Reality et de deux reprises venant se fondre dans la setlist : le psychédélique Tomorrow Never Knows des Fab Four et le toujours parfait Around The World de Daft Punk, titre qui figure sur toutes les playlists pour toutes les occasions de tout le monde sur cette planète, et pourtant sans jamais lasser.
Une autre petite récompense est le choix de puiser largement dans le tracklisting de Django Django, premier album éponyme nous ayant fait découvrir en 2012 quatre anglais qui ont alors fait rayonner nos platines CDs, terminant le set avec WOR, Default et Silver Rays avant le rappel sur Champagne, un des quelques titres phares du groupe, au grand étonnement de ses membres qui nous avaient expliqué lors de notre interview au mois de juin n'avoir aucun hit à leur connaissance !

Nous sommes bien loin de cette impression car l'heure et demie de concert a vu progressivement la salle se transformer en petit dancefloor sautillant avec les refrains repris en chœur, Vincent Neff menant sa chorale à bout de bras et de guitare, promettant déjà une nouvelle visite dans la capitale et nous confirmant que Django Django, petit ovni tout chatoyant, est indéniablement un immanquable tant sur disque qu'en live.